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“Fondé en 1991 par la charismatique Hanitrarivo Rasoanaivo dite “Hanitra”, le groupe malgache Tarika navigue entre salegy et folk-pop, puisant sa force dans ses harmonies puissantes, ses grooves énergiques et ses fusions avec des musiques d'Indonésie et d'Afrique de l'Ouest. En 2005, il est rebaptisé Tarika Bé, une formation s’inspirant de l’expérience de leurs aînés. ”

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La passionaria de Madagascar

Force, vigueur et humour, telles sont les trois qualités de l’album du groupe malgache Tarika, « Soul Makassar » produit par la maison anglaise Rogue Music. Récompensé en 1997 pour son précédent album « Son Egal » dont « Sonegaly » (sur les tirailleurs sénégalais envoyés à l’époque par la France dans son pays), ce groupe unique mené par la trépidante Hanitra Rasoanaivo s’illustre depuis de nombreuses années par une musique sans compromis et des textes ancrés dans la réalité et le passé malgaches.

Raitra

En 1999, Tarika lance « Raitra », un single de trois titres en live comprenant « Raitra (Big Island Radio Mix) », un remix de Rob Keyloch, ingénieur du son, producteur et remixeur ayant posé sa griffe pendant 25 ans sur les albums d’Elvis Costello (auteur-compositeur-interprète anglais d’origine irlandaise), « Retany (Original Album Mix) » et « Ady (Live) ». Classé N°1 du hit-parade de World Music aux Etats-Unis, la version « Raitra (Big Island Radio Mix) » sera incluse en 2007 dans la bande originale de la comédie dramatique américaine « The Nanny Diarries » (Le journal d’une baby-sitter) réalisé par Shari Springer Berman et Robert Pulcini.

Hanitra Rasoanaivo et l’Indonésie

Cet « Alex Haley féminin » s’est ainsi rendu en 1999 en Indonésie et plus précisément au Timor à l’époque en proie à de violents affrontements à la recherche de ses racines indonésiennes. Elle y a découvert le « sasandu », ancêtre de la « valiha » malgache, forme de harpe taillée elle-aussi dans du bambou mais aussi les musiques, les rituels semblables à ceux de son île et des similitudes physiques avec les Mérinas, peuple des Hauts Plateaux de Madagascar. De cette expérience marquante, Hanitra a tiré l’album « Soul Makassar » essentiellement inspiré (contrairement aux autres) des rythmes des Hauts Plateaux. On y retrouve cet étonnant dosage de langueur et de rythmes légers sans oublier le kabosy (petite guitare malgache) et la magnifique flûte indonésienne appelée « sodina » à Madagascar et qui fut immortalisée par le vieux Rakoto Frah disparu le 02 octobre 2001.

De son séjour chez les peuples Bugis, Makassar et Torajan, Hanitra a tiré un titre mélancolique « Sulawesi », nom de l’île d’où, prétend la légende, les hommes seraient partis en bateau pour rejoindre Madagascar. Dans cet album imprégné d’histoire, se mêlent instruments malgaches et indonésiens.

« Aretina » offre un étrange contraste entre le rythme enlevé du salegy et les sanglots du violon indonésien. « Tovavavi » nous offre un petit voyage dans la country music, ballade nonchalante évoquant les femmes indonésiennes enfermées dans leurs maisons à l’abri du soleil qui rend la peau trop foncée. « Set me free » laisse entendre une belle démonstration de marovany, cette sorte de cithare chantante, variante de la valiha (ou vali) et célébrée par D’Gary. Fusion surprenante de hip hop malgache et de tonalités indonésiennes dans laquelle la flûte « sodina » télescope des voix inquiétantes, « Madindo », marqué par les tambours, parle de fureur, de police, de violence et de démocratie. Au Timor et à Jakarta, les retrouvailles n’eurent pas seulement un goût de douce nostalgie.

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Nago Seck

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