Le maître de la sodina
Né en 1923 à Isotry, un village situé à 60 kilomètres de la capitale Tananarive (Antananarivo), Rakoto Frah a été initié par son oncle et son père à la sodina, la flûte traditionnelle malgache apparue dans la Grande Ile au début du XIXe siècle. Ce fils d’un chanteur de la Cour royale merina était respecté dans le monde entier pour son immense talent de flûtiste et ses qualités humaines. Ornette Coleman disait de lui qu’il possédait un des plus beaux phrasés du monde. Ian Anderson, flûtiste et leader de Jethro Tull, le citait comme sa référence majeure. En 1997, la réalisatrice Camille Marchand lui avait même consacré un documentaire. Ce maître incontesté de la sodina depuis plus de soixante ans, a fait souffler sur le monde un sacré vent de malice. Son plus grand mérite a été sans nul doute de maintenir en vie pendant la période coloniale puis de réhabiliter à l’indépendance cet instrument majeur de l’île rouge. Son phrasé aérien, élégant, très dépouillé et d’une extrême pureté s’imposera dans tous les styles de la Grande Ile et lui vaudra de nombreuses sollicitations internationales. Il jouera notamment avec Manu Dibango, le groupe sud-africain Ladysmith Black Mambazo, les jazzmen David Lindley et Henry Keiser.
Devenu un artiste de légende – son portrait s’affichait sur les billets de mille francs malgaches dans les années 80 – Rakoto Frah avait enregistré quatre albums personnels dont Flute Master of Madagascar (1988, Globestyle), The art of Rakoto Frah & Randafison Sylvestre produit au Japon (JVC, 1989), Souffles de Vie, produit par le label Musikela de Solo Razaf (1998) et Chants et Danses en Imerina (Arion, 2000).
Rakoto Frah n’est plus
Ce flûtiste hors pair dont Ornette Coleman disait qu’« il possédait un des plus beaux phrasés du monde » s’est éteint à Tananarive le 29 septembre 2001.
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