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“Groupe emblématique de la scène capverdienne fondé par Katchas et les frères Zeze et Zeca di Nha Reinalda, Bulimundo a relancé au milieu des années 1970 le funana, ce rythme très dansant de la presqu'île du Cap-Vert. Katchas meurt le 29 mars 1988 dans un accident de la circulation à Praia. Le groupe survivra difficilement à cette disparition.”

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Retour aux sources

L’histoire de Bulimundo est liée à celle de trois artistes : Carlos Martins aka Katchas et les frères Zeze et Zeca di Nha Reinalda. Celui que l’on nomme le dragueur (Katchas) rentre au pays en 1975, à l’indépendance, fonde alors le groupe Bulimundo avec les frères Reinalda et relance le funana. Le jeune artiste va chercher les chansons de musiciens traditionnels comme Antonio Sanchez, Tchota Suari et Code di Dona, proposant aux habitants de Praia une musique jusque-là considérée comme primitive. Après « Opus Sete », Katchas contribue donc largement à le sortir du ghetto. Trois musiciens du groupe Bulimundo qu’il fonde en 1975 à son retour au pays vont contribuer à renouveler le genre : Katchas bien sûr mais aussi José Augusto et Silvestre Alfama aka Silva. « Nous enregistrons les chansons des musiciens traditionnels pour ensuite les enrichir tout en respectant les racines de cette musique ».

Le groupe est alors composé de Katchas (direction musicale, guitare), Carlos Alberto (guitare acoustique), Silva (basse), Nhelas (percussions), Zeze (voix), Nono (saxophone), Patrick (orgue, synthé), Zé Mário (percussions), Zeca (voix), Zéquinha 1 (voix), Zéquinha 2 (guitare acoustique), Silvestre (basse), José Augusto (drums), Duka (claviers)…

Révolution instrumentale

Cette révolution se caractérise par l’utilisation d’instruments électriques. Katchas impose sa façon de jouer la guitare en recourant systématiquement aux solos comme les guitaristes d’Afrique centrale. La gaïta (petit accordéon diatonique) et le ferrinho (barre de métal frottée par un autre objet en métal) sont remplacés par l’orgue, le sax, la guitare électrique et la batterie. Toutes les facettes du funana traditionnel sont utilisées : le funana lent proche de la samba (« Fomi 47 »), le funana rapide (« Djozinho Cabral ») sans oublier des styles s’apparentant à la valse et la contredanse.

Révolution des textes

L’autre apport original de Bulimundo se trouve dans le contenu des textes. Des compositions très critiques à l’égard de la société et surtout du pouvoir, sans recourir aux métaphores très prisées par les chanteurs traditionnels. Désormais, on ne se contente plus de « racler le ferrinho pour exprimer quelque chose qui brûle dans nos corps » pour reprendre les mots du compositeur Tchota Suari. (Voir « Musiques du Cap-Vert »). La voix de Zeca di Nha Reinalda fait le reste. Les disques prolifèrent : « Djam branku dja », « Batuku », « Democracia », « Mundu Ka ku kaba », etc. La radio nationale organise un débat sur le funana. Praia est étonnée par cette musique et finit par l’adopter.

Disparition de Katchas

Cependant, alors que le funana est en plein succès, le fondateur du groupe, Katchas, quitte ses collègues au milieu des années 1980. Il perdra la vie le 29 mars 1988 dans un accident de la circulation à Praia. Le groupe survivra difficilement à cette disparition.

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

Sylvie Clerfeuille

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