Le solfège et la flûte
Originaire d’une famille baignée dans la tradition musicale «~nomba~», Fundi Konde étudie très jeune le solfège et la flûte à l’école et découvre aussi le foxtrop, la valse et autres musiques occidentales imposées par les professeurs catholiques. En 1940, il arrête ses études et commence à travailler pour l’administration coloniale. Cet emploi lui permet d’acheter sa première guitare avec laquelle il va animer tous les soirs les nuits kényanes en compagnie de ses amis avec lesquels il monte son premier groupe. S’inspirant de la rumba congolaise chantée en lingala, il injecte dans les musiques en vogue dans le pays, calypso, blues et son cubano, des textes en swahili et le «~sengenya~» (musique des peuples Duruma, Digo et Rabai et rythme accompagnant les chants spirituels des Kamanda). Dès lors, il organise, avec ses musiciens, ses propres concerts tous les samedis soir.
Fundi Konde et la Seconde Guerre
En 1944, en pleine Seconde Guerre mondiale, son expérience musicale va le servir pour intégrer l’unité de divertissement de l’armée où il retrouve plusieurs autres musiciens de Tanzanie, d’Ouganda et du Kenya. Après plus de 5 mois de répétition, cette nouvelle formation embarque pour Ceylan (Sri Lanka depuis 1972) pour soutenir moralement les troupes est-africaines (l’équivalent des soldats français d’Afrique subsaharienne appelés «~tirailleurs sénégalais~»!!) qui combattent en Birmanie. Elle est ensuite envoyée à Calcutta (Inde) où ils se produisent devant des publics composés d’Européens, d’Indiens et d’Africains venus de divers pays du continent. A la fin de la guerre, juste avant leur retour au bercail en 1946, dix de leurs titres sont enregistrés au studio Dum-Dum à Calcutta.
Fundi Konde et l’African Band
Dès leur arrivée au Kenya, les ex membres de l’unité montent un groupe et Fundi acquiert une nouvelle guitare, la première guitare électrique du pays. Mais il faut attendre 1947 et sa rencontre avec le cinéaste et producteur de disques est-africains, Peter Colmore, pour que sa carrière décolle réellement. Ce dernier lui propose de participer à la réalisation de «~Nyimbo za Kisasa~» («~Chansons d’aujourd’hui~»), un film musical où il se retrouve à la guitare électrique de marque Gibson avec l’amplificateur du producteur. A ses côtés on retrouve Ally Sykes et Peter Bernard aux guitares acoustiques, un pianiste, un clarinettiste, un bassiste et un batteur. Pour Fundi Konde, c’est un rêve qui se réalise avec le premier enregistrement en Afrique de l’Est et le début d’une collaboration qui va se poursuivre avec son intégration comme chef d’orchestre dans l’African Band de Peter Colmore, formation dont il devient le principal compositeur, réalisant de nombreux morceaux dont le célèbre «~Jambo Sigara~». Après leur tournée en 1951 en Tanganyika (partie intégrante de la Tanzanie actuelle), l’African Band devient l’un des orchestres les plus populaires de la région. Mais les guerres d’indépendance de 1952 entraînant les difficultés sociales constitueront un frein à leur envol. Fundi Konde rejoint alors Kampala (Ouganda ) et l’orchestre Hollywood Jazz Band. En 1953, il s’installe à Goma (République Démocratique du Congo (RDC), région des Grands lacs) et y reste un an durant, jouant régulièrement dans un bar. A son retour à Nairobi, il trouve un emploi à la Radiodiffusion, département Afrique.
Fundi Konde et Fadhili William
En 1956, Fundi Konde signe avec le label HMV (His Master Voice = La Voix de son Maître) comme artiste et ingénieur du son, participant à l’enregistrement de centaines de 78 tours d’artistes kényans et réalisant lui-même une trentaine d’albums. Avec le développement de l’activité musicale, il rejoint Hi-Fidelity Studio et signe avec la maison de disques Jambo Records. En 1960, il enregistre avec Jambo Boys (groupe du label) «~Malaïka~» (mon ange en swahili), un chant d’amour tiré du folklorique est-africain et chanté par Fadhili William pour la première fois en 1958. Enregistré au Equator Sound Studios sous la direction de Charles Worrod, cette ballade est composée pour consoler une belle jeune fille dont Fadhili William était amoureux alors qu’il était étudiant à Pumwani (Nairobi). Mais les parents de cet «~ange~» comme il l’appelle la destinaient à un homme plus vieux et plus riche en vue d’une dot conséquente. «~Malaïka~» sera repris par nombre d’artistes dont Miriam Makeba (folk/ballade), les Flippers (pop), Angélique Kidjo (folk/ballade), Hep Stars de Benny Andersson (folk suédois), Aïcha Koné (mandingue), Boney M. (disco) ou encore A Four Women Vocal Group (a capella).
Ce méga tube fera de lui une locomotive de la musique régionale jusqu’à son retrait en 1963 dans sa ferme situé près de Malindi, une ville du Kenya peuplée en majorité de Swahilis. Mais la scène kényane a besoin de lui et de son expérience et Hi-Fidelity Studio le rappelle comme ingénieur du son et producteur, rôles qu’il assurera jusqu’en 1984 et ses 60 ans. Dorénavant, il ne travaillera qu’en indépendant et comme auteur, compositeur, producteur et ingénieur du son.
Fundi Konde et le Shikamoo Jazz
Onze ans plus tard, Fundi Konde est invité par le groupe phare de la pop kényane du moment, Them Mushrooms, pour le réenregistrement de quelques uns de ses vieux hits. Le succès de la cassette est tel que le nom de Fundi Konde, méconnu de la jeune génération, redevient aussi populaire qu’auparavant. L’année 1993 le voit retourner en Tanzanie rejoindre ses vieux amis du Shikamoo Jazz avec qui il avait joué du chela chela dans les années 1960 et enregistré «~Nakuomba Radhi~» (CD Chela Chela Vol. 1 ), leur prouvant qu’après 50 ans de musique, il était plus affûté que jamais. De 1995 à 1997, Fundi Konde fait l’objet de plusieurs compilations dont Retrospective vol 1 (1947 – 1956) parue chez RetroAfric (1995) et son fameux «~Malaïka~» fait partie de Grands courants des musiques urbaines africaines, une compilation réalisée par Nago Seck et Sylvie Clerfeuille pour Afrique en Créations (1997).
Fundi Konde n’est plus
Figure emblématique de la musique kényane, Fundi Konde disparaît le 29 juin 2000 à l’âge de 76 ans dans sa maison de Kibera à Nairobi (Kenya ), laissant derrière lui un nombre impressionnant d’enregistrements.
Source & crédits photos: http://www.retroafric.com
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