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Figure emblématique de la scène musicale africaine, auteur-compositeur, arrangeur, guitariste et chanteur à textes né le 25 avril 1943 à Awuta (Aouta) au Gabon, Pierre Akendengue (ou Pierre Claver Akendengue) est fasciné par la poésie et les combinaisons rythmiques et mélodiques et les musiques myéné, dont la lithurgie bwiti (prononcer béti)... ”

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Le Petit Conservatoire de Mireille

Installé en France en 1964, cet poète engagé d’origine myéné débute au sein de la chorale de son lycée puis de l’Université d’Orléans, En 1967, il s’inscrit au petit Conservatoire de Mireille et termine 3ème avec le titre « Poé » au concours de la « Fine fleur de la Chanson » (ou Le Petit Conservatoire de la chanson à Paris), en France.

« Ghalo-Ghalo / Le chant du coupeur d’oukoumé »

En 1972, Pierre Akendengue sort sur le label français Sonafric « Ghalo-Ghalo », son premier 45 tours de deux titres comprenant « Le chant du coupeur d’oukoumé » – l’oukoumé est un arbre de taille moyenne de la famille des Burséracées. Cette famille est composée d’arbustes ou d’arbres qui se trouvent dans les régions tropicales à subtropicales d’Asie, d’Afrique et des Amériques.

Pierre Akendengue et Pierre Barouh

Sa rencontre avec le producteur français Pierre Barouh marque la sortie en 1974 chez Saravah de son premier album « Nandipo » incluant « Poé » (son premier tube). Son folk métissé, un afro-folk intégrant soul, rhythm’n blues, jazz, blues ou rumba, et puisant aux sources de divers rythmes gabonais (« ndjembe », « elombo »…), se construit autour de sa voix nasillée (il chante en myéné et en français) et d’une riche orchestration acoustique (guitare, percussions, claviers, cuivres, batterie).

De « Africa Obota » à « Owende »

Ses albums suivants, « Africa Obota » (1976), « Eseringila » et « Owende » (1978) ou « Réveil de l’Afrique » (1980), laissent entendre les atmosphères de la forêt équatoriale gabonaise rendue par la flûte, les chœurs et diverses percussions (bongos, goumbis, tama (talking drum), congas) mais aussi la kora, le Balafon ou la sanza. Outre les thèmes qui lui sont chers (l’histoire de l’Afrique, l’évocation des maux et des espoirs du continent), Pierre Akendengue introduit des contes de la littérature orale africaine comme « Intyaye s’arende ».

« Awana W’Afrika » et « Mando »

Après une infructueuse tentative de production en 1982 (le fugitif label Niche), le poète gabonais signe un contrat chez CBS, une grande première à l’époque pour un artiste africain francophone. Sortira en 1982 « Awana W’Afrika », suivi en 1983 de « Mando » dénonçant le néo-colonialisme, les travers de la bourgeoisie africaine, les dangers de la haine et du mépris, suivi d’un duo au Printemps de Bourges avec Claude Nougaro qui lui consacrera en 1989 la magnifique chanson intitulée « La voix d’Akendengué ».

Passé composé

L’album « Passé Composé », paru en 1985 et comprenant « Afrika Obota », « Awana W’Afrika » ou « Salut aux combattants de la liberté », évoque une Afrique en pleine mutation. C’est dans ce contexte de bouleversements où Pierre Claver Zeng, un ancien chanteur, est nommé ministre de la Culture et que le pays tente une ouverture vers la démocratie, que le poète rentre définitivement au Gabon, décidé à participer à la vie culturelle de son pays. Il ouvrira à Libreville un éphémère centre de formation des jeunes artistes, Le Carrefour des Arts.

De « Soweto » à « Lambaréné »

Ses albums suivants, « Piroguier » (1986) évoquant le long voyage du peuple africain vers la liberté, « Soweto » (1988) rêvant à la fin de l’apartheid, et « Silence » (1990) aux dialogues instrumentaux originaux (kora, piccolo, percussion, accordéon) symbolisant la fin du mutisme vécu par le peuple africain, traduisent les multiples sentiments qui agitent le continent. Devenu conseiller du président Omar Bongo, Akendengue continue à tourner dans le monde, réalisant avec Hugues de Courson le mémorable album « Lambaréné – Bach to Africa » (1993) où il marie la musique classique de Jean Sébastien Bach et celle des polyphonies et des rythmiques complexes des Pygmées de la forêt équatoriale gabonaise…, puis se produit en duo avec Ismaël Lo.

« Maladalité » et « Carrefour Rio »

Celui qui se définit ainsi : « J’ai toujours revendiqué mon identité africaine et clamé haut et fort mon indignation face aux massacres perpétrés dans ce continent, à la misère qui y sévit et à l’immense solitude de cette partie du monde abandonnée à son triste sort. La teneur, le lyrisme et la force des textes m’ont valu l’appellation médiatique de chanteur engagé », va de nouveau se livrer, en 1995, à une analyse sociale de son continent avec l’album « Maladalité » (qui contracte les mots « maladie » et « alité »).

Un an après la sortie de son album « Carrefour Rio » (1996), Pierre Akendengue est récompensé du « Prix d’Excellence » des Africa Music Awards à Libreville, au Gabon

Confrontation culturelle

Très attaché à son identité culturelle, le poète musicien construit sa musique dans un esprit d’ouverture, évoquant l’idée de confrontation plutôt que d’opposition culturelle, illustré par le titre « Ogula » de l’album « Silence ». Dans une atmosphère où les effets sonores sont rendus par les effets spéciaux des synthés, il évoque l’histoire d’un jeune homme pauvre parti chercher fortune. La tentation (le synthétiseur) le guette : il s’y soustraira en jouant de la harpe.

De « Vérité d’Afrique » à « Destinée »

En Novembre 2008, Akendengue sort chez Lusafrica l’album « Vérité d’Afrique ». Unité de l’Afrique, Vérité et Quête de liberté. Tels sont les trois thèmes majeurs de cet opus de Pierre Akendengue qui répond ici au discours du Président Nicolas Sarkozy à Dakar, au Sénégal, en brossant une vision globale de l’histoire de l’Afrique et en invitant dans cet opus des artistes capverdiens comme Paulino Vieira (cavaquinho) et Nando Andrade (arrangements). Il faut attendre 2013 pour entendre « Destinée », son nouvel opus réalisé avec François Bréant et enregistré entre Libreville (Gabon) et Paris (France).

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Nago Seck

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