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Auteur, compositeur, guitariste, arrangeur et ingénieur du son né le 11 novembre 1938 à Mombasa ( Kenya), Fadhili William s’est fait connaître en 1960 en interprétant avec le guitariste Fundi Konde et le groupe Jambo Boys «~Malaïka~», le fameux hit dont il n’a cessé durant plus de 40 ans de réclamer la paternité. Il décède le 11 février 2001 des suites d'une pneumonie...”

Ewe Malaika

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La guitare Gallotone

fadhili_william_guitare.jpgNé le 11 novembre 1938 à Mombasa, d’un père musicien traditionnel (décédé en 1945), Fadhili William Mdawida grandit à Taita-Taveta, une province côtière au sud du Kenya. Il débute très jeune dans le chant en intégrant la chorale de son école primaire. Plus tard, il part poursuive ses études au collège Tewa La Shimo de Pumwani à Nairobi. En 1953, il reçoit des mains de sa mère sa première guitare de marque Gallotone, commence à s’initier en autodidacte à son instrument en écoutant la radio et en reprenant les riffs de ses idoles. Il abandonne bien vite ses études pour une carrière musicale en rejoignant le groupe Form Three. C’est au sein de cette formation qu’il est repéré par Alexander Ayub, chef d’orchestre et saxophoniste de la formation Chem Chem Kids : ce dernier l’engage, lui fait découvrir les studios d’enregistrement et l’emmène en tournée en Ouganda. Un an plus tard, il enregistre avec Ester John et Fundi Konde, chez East African Records, son premier 45 tours comprenant deux compositions personnelles, «~Mwanamali wa maridadi~» et «~When you visit Taita~» (sur sa ville natale). Le succès est tel qu’il est engagé en 1956 comme guitariste et découvreur de jeunes talents par le label.

L’ange Malaïka

cd_malaika_hep_stars.jpgEn 1959, Fadhili William quitte East African Records pour Jambo Records et intègre le groupe attitré du label, Jambo Boys, comme directeur musical, guitariste et chanteur, le quartet attitré du label enrichi d’un trompettiste, d’un batteur et d’un contrebassiste. Avec ces derniers, il enregistre entre 1959 et 1962 de nombreux titres dont le tube «~Taxi Driver~», fusion mélodieuse de sonorités kényanes, de rumba congolaise, de kwela sud-africaine et de jazz marquée par la walking bass (manière de marquer chaque temps de la mesure avec la basse).

L’année 1960 sera celle de la renommée continentale avec l’enregistrement, en compagnie du guitariste Fundi Konde et des Jambo Boys, de «~Malaïka~» (mon ange en swahili), un chant d’amour tiré du folklore est-africain et qu’il avait chanté pour la première fois à la radio Kenya Broadcasting Service en 1958. Enregistrée à l’Equator Sounds Studio sous la direction de Charles Worrod, cette ballade est un chant destiné à consoler une belle jeune fille dont Fadhili William était amoureux alors qu’il était étudiant à Pumwani (Nairobi). Mais les parents de cet «~ange~» comme il l’appelle la destinaient à un homme plus vieux et plus riche en vue d’une dot conséquente. «~Malaïka~» sera repris par nombre d’artistes dont Miriam Makeba (folk/ballade), les Flippers (pop), Angélique Kidjo (folk/ballade), Hep Stars de Benny Andersson (folk suédois), Aïcha Koné (mandingue), Boney M. (disco) ou encore A Four Women Vocal Group (a capella).

Equator Sounds Band

nashil_tsotsi_fadhili.jpgEn 1962, Fadhili William intègre l’Equator Sounds Band, l’orchestre de l’Equator Sounds Studio (ex East African Records) réunissant de grands talents d’Afrique de l’Est amateurs de «~twist kényan~», une version accélérée du «~wimoweh~» sud-africain ou kwela (tiré du «~mbube~» ou «~isicathamiya~») et mêlée à la rumba congolaise : Gabriel Omolo, George Agade, Sylvester Odhiambo, David Amunga et Daudi Kabaka (Kenya), Nashil Pichen et Peter Tsotsi (Zambie) et Charles et Frida Ssongo (Ouganda). Ensemble, ils enregistrent le gros hit «~Harambee Harambee~» composé par Daudi Kabaka et diffusé à longueur de journée sur la radio The Voice of Kenya.

Fadhili William et Louis Armstrong

Avec l’éclosion du benga dans les années 1960, Fadhili William se fait plus rare sur la scène kényane mais réapparaît pour réaliser avec le Hodi Boys Band une version soul de «~Malaïka~» marquée par le son du label américain Stax caractérisé par des lignes de cuivres incisives. A la fermeture de l’Equator Sound Studio, il est employé cinq années durant par Phonogram en qualité d’arrangeur et d’ingénieur du son des adeptes du benga. Il collaborera également avec des artistes d’horizons divers tels que Verckys Kiamuangana Mateta (R. D. Congo), Nuta Jazz Band, Morogoro Jazz Band et Simba Wanyika Band des frères Wilson et George Kinyonga (Tanzanie), Louis Armstrong (USA) ou encore Les Beatles (Angleterre).

armstrong.jpgA la fin des années 1970, Fadhili William profite du voyage aux Etats Unis d’une délégation officielle kényane dont il est membre pour y rester. Au bout d’une année, il rentre au pays et anime les clubs des hôtels de luxe du Kenya et de la Tanzanie. En 1987, il retourne aux Etats Unis, s’installe dans le New Jersey et se marie. De cette union naît une fille baptisée Malaïka. Dans les années 1990, il tourne dans son pays d’adoption avec ses compatriotes John Ngereza & Wanyika Band et avec Samba Mapangala qui a introduit la rumba congolaise dans la musique kényane dans les années 1960. Mais son séjour américain sera marqué par un grand malheur : ses ultimes enregistrements sont emportés dans un incendie.

La voix de Malaïka s’est tue

A la fin des années 1990, Fadhili William rentre au pays et joue avec le Pressman Band de Them Mushrooms. En décembre 2000, il est hospitalisé à la suite d’une infection pulmonaire. Le 11 février 2001, cet immense auteur, compositeur, guitariste et interprète de plus de 200 titres meurt des suites de sa maladie. La famille musicale d’Afrique de l’Est et ses milliers de fans l’accompagnent à sa dernière demeure au cimetière musulman Kariokor de Nairobi au Kenya.

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Nago Seck

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