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“Auteur-compositeur, interprète, percussionniste et “chef spirituel” du groupe Raam Daam ("Ramper jusqu’à la victoire" en wolof), né le 12 mars 1955 à Gueule Tapée, un quartier de Dakar (Sénégal), dans une famille de guewels (griots), Thione Seck se singularise par sa magnifique voix aux multiples ressources et une musique de fusion aux confluents du mbalax et des mélodies et rythmes indiens, arabes, grecques et flamenco. Frère aîné de Mapenda Seck et Assane Ndiaye et père de Wally Ballogo Seck, Thione Ballago SECK décède le dimanche 14 mars 2021 à 66 ans, des suites d’une maladie, et après trois jours d'hospitalisation.”

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Une famille de chanteurs mourides

Thione Seck est le petit-fils de Ndiobo Seck, chanteur des khassaïdes (écrits, poèmes) de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de la confrérie mouride musulmane du Sénégal qui l’a surnommé Ablaye Ndiarème, et le fils de Cheikh Seck, qui a repris le flambeau, venu de Kébémer pour s’installer à Gueule Tapée. C’est dans ce quartier de Dakar qu’est né Thione Seck et où il grandit tout naturellement dans le goût du chant et des percussions mais aussi et surtout dans la foi. Comme ses grands-parents et parents, il affirme un penchant pour les rythmes nationaux – son arrière-grand-père était chanteur à la cour de Lat Dior Ngoné Latir Diop (1942-1886), le “damel” (roi) du Cayor (Sénégal) et résistant à la colonisation française.

Son enfance

Dès l’école primaire, Thione Seck commence à animer les fêtes de son quartier : les “simbs” (danse du lion), les “mbapatts” (soirées traditionnelles animées par des luttes sans frappe rythmées par le mbalax) et les “kassaks” (fêtes nocturnes de circoncision).

Bira Guèye, Laye Mboup, Orchestra Baobab, Star Band

Dès l’âge de 13 ans, il est repéré par les groupes de la capitale et à l’âge de 16 ans, il fait ses classes dans l’orchestre du saxophoniste Bira Guèye (1935-2009). Sa rencontre en 1972 avec Laye Mboup (1937-1975), l’une des plus grandes voix du Sénégal et lead vocal de la célèbre formation Orchestra Baobab (mbalax-fusion, afro-pop, afro-cubain, afro-salsa), sera déterminante. Ce dernier lui suggère, afin de se perfectionner, d’intégrer le Star Band, orchestre attitré du Miami, un célèbre night-club de Dakar fondé par Ibrahim Kassé aka Ibra Kassé, à l’avènement de l’indépendance du Sénégal. Un an plus tard, il rejoint l’Orchestra Baobab où il restera 5 ans durant. Parallèlement, il fonde un ensemble folk avec Khady Seck, les Dara Guissé et Ndèye Marie Ndiaye Gawlo et enregistre Chauffeur Bi et Yow (1980), puis Diongoma (1983). Mais ayant du mal à assurer ses deux fonctions, il recommande aux responsables de l’Orchestra Baobab d’être remplacé par son petit frère Mapenda Seck, lançant ainsi la carrière de ce dernier.

Thione Seck et Raam Daam

De retour en 1983, d’un séjour à Paris, en France, Thione Seck rejoint le groupe Ngeweul, et en 1984, il fonde Raam Daam, un groupe à la fois musicale et “spirituelle”, et dont feront partie ses petits frères Mapenda Seck (percussions, voix) et Assane Ndiaye (percussion, batterie, voix, chœurs). Toujours présent dans son discours, le religieux confère à sa musique des accents indiens et orientaux, l’influence des lignes mélodiques arabes lui venant de l’islam et l’imprégnation hindoue de son engouement pour les films qui ont bercé son enfance. Au Ngalam, un night-club de Dakar, son mbalax latino-oriental original et ses textes chantés en wolof (sa langue), en français ou en anglais, sur la vie quotidienne, l’amour et les vertus de la femme font l’unanimité. Thione Seck est alors choisi pour représenter le Sénégal au pré-Fespac au Canada (Festival Panafricain de la Culture) avant d’être nommé chevalier de l’Ordre du mérite par le ministre sénégalais de la Culture. 1987, année de la sortie de Le pouvoir d’un cœur pur, signe le début de sa carrière internationale avec une tournée qui le mène en Hollande, en France, en Allemagne et en Amérique en 1989. A son retour, l’artiste signe un contrat pour plusieurs soirées au RK, une boîte de nuit de la capitale sénégalaise, tout en assurant ses concerts et tournées internationales.

Orientissime

Dans son magnifique opus Orientissime (2005), sa voix se marie harmonieusement avec celles de l’Indienne Bombay Jay (“Assalo”) et l’Egyptienne Rehab (“Yaye”, “Woyatina”), sur fond de sonorités sénégalaises (mbalax), orientales et indiennes ; un véritable pont culturel entre l’Afrique et l’Orient (via l’Egypte).

“Très jeune, j’ai opté pour les gammes orientales, arabes, grecques, hindoues, flamenco. Elles m’ont de tous temps fasciné et je suis capable de composer tout un morceau en gamme orientale sans l’aide de qui que ce soit. Mais pour ne pas être déraciné, je maintiens toujours le rythme de base de mon pays, le mbalax, et, pour être compris du grand public, je privilégie les belles harmonies et les percussions, notamment les tambours sabars et les tablas ”, confie l’artiste qui a grandi, comme nombre de jeunes Sénégalais, avec les films Bollywood.

Autres projets

Depuis Papa (1991), sa cassette dédiée aux pères en général et au sien en particulier et évoquant les dures réalités du métier de musicien, Thione Seck poursuit sa carrière en enregistrant de nombreux albums et cassettes, dont Daaly (1996), Chauffeur Bi et Yow (1980), Le pouvoir d’un cœur pur (1988), Papa (1992), Demb (1995), Favori et XV Anniversary Live ! (2000), Allo petit et Boul doff (2001), Orientissime (2005) ou encore Diaga (2010).

Wally Ballago Seck

Son fils Wally Ballago Seck, destiné à devenir footballeur professionnel, a finalement embrassé avec succès la carrière de musicien – il a même fait un test au Milan AC, en Italie. Il enregistrera certaines chansons avec son père Thione.

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À propos de l'auteur

Nago Seck

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