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Wagëblë ("ceux qui viennent du ghetto" en wolof) est un groupe afro-rap fondé en 1997 à Thiaroye, dans les faubourgs de Dakar, au Sénégal, par Papa Moussa Lo aka Waterflow et Lamine Kandji aka Eyewitness, deux artistes qui se sont connus lors de battles à Dakar. Ils sont ensuite rejoints par DJ Icare et DJ Geblik. Fin 2002, Eyewitness et Waterflow rencontrent Fred Russel, un manager norvégien à la recherche de talents. Sort alors en 2003, leur premier album Wagëb’ Rap New Generation, les révélant comme la voix des sans voix sur la scène de hip hop sénégalaise. Wagëblë a fondé son propre label, Nubian Spirit, et a créé une structure spécialisée dans la décoration et les graffitis, Dippi Dëpp. ”

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Originaires des quartiers pauvres de Thiaroye dans la banlieue de Dakar, Waterflow et son compère Eyewitness se sont hissés aujourd’hui au firmament d’artistes qu’ils adulaient et regardaient sur la petite lucarne. Leur rapide ascension commencée en 2003 sur les bords de leur quartier natal, Pikine, ne leur a pas du tout fait perdre cette originalité qui fait leur succès, encore moins cette agressivité verbale dont ils sont si fiers. Etendards d’une jeunesse qui subit douloureusement les soubresauts de la mondialisation, ils représentent aujourd’hui ce que le hip hop galsen (« hip hop sénégalais » en verlan) a de mieux : une voix, une présence mais surtout un discours arrogant et engagé, prônant le respect de soi-même et la quête de la connaissance ultime.

Rap New Generation

Après avoir collaboré à un album de Waflash en 2000, Wagëblë participe à des compilations hip hop, Yow ëlëk Sénégal du Studio Yes (2001), Dakar Raps de Greenpeace (2002) et Sénégal Dufi Yem du Studio Yes (2002). Par la suite, Wagëblë s’associe aux Norvégiens Fred Russel et Tom Roger, respectivement manager et producteur, et sort en 2003 son premier album Wagëb’ Rap New Generation, réalisé au Sénégal. Dès lors, Wagëblë se lance dans une série de concerts en vue de sensibiliser les jeunes au Sida, à la drogue et au racisme. La sortie de cet opus coïncide avec le Hip Hop Rally Oslo Dakar, un festival majeur organisé avec des artistes et des industries de la musique de Norvège, du Sénégal, du Kenya et des États-Unis. Avec Wagëb’ Rap New Generation, Wagëblë se révèle comme la voix des sans voix sur la scène de hip hop sénégalaise.

Sénégal

En 2005, Wagëblë sort Sénégal, un album comportant plusieurs featurings : « Babylon » avec la chanteuse et rappeuse kényano-norvégienne Stella Mwangi STL et le MC Kényan Ras Steven, « Door Waar » avec le rappeur norvégien Kleen Cut, « Do It » avec Stella Mwangi STL et « Larmes d’Afrique » avec la chanteuse et actrice ougando-norvégienne Asta Busingye Lydersen aka Asta Busingye.

S’inspirant de la tradition des griots, ces détenteurs de la mémoire collective, conteurs, historiens, précepteurs et chroniqueurs sociaux, Wagëblë se révèle comme le porte-parole de la communauté sénégalaise, livrant en wolof, en français ou en anglais des messages socio-politiques et culturels empreints de poésie : le quotidien des Sénégalais, leur histoire, leur passé et leur avenir, la démocratie, les droits civils, l’éducation de la jeunesse, l’injustice ou l’unité africaine.

L’opus Sénégal, produit par le label Norvégien Two Thou Entertainment, leur vaut les prix de « Meilleur groupe » et « Meilleur album » aux Hip Hop Awards 2005 au Sénégal, et une tournée en Europe (Norvège, Danemark, Suède, Suisse, France), aux Etats-Unis (Washington DC, Brooklyn, Houston) et en Afrique (Gambie, Guinée, et bien sûr dans toutes les villes du Sénégal).

En décembre 2007, Wagëblë lance The Incorruptible Geb, une mixtape de 18 titres remixés par DJ Icare aux scratchs incroyables, avec des sons riches en rimes, un flow particulier et des titres inédits.

Distant Relatives

Cette consécration renforce leur collaboration avec le label norvégien Two Thou Entertainment, et signe leur départ pour l’Europe ou ils s’établissent pour enrichir et développer leur art. Vivant entre Oslo (Norvège), Lausanne (Suisse), Washington DC et New York (USA), ils parcourent le monde délivrant leur message d’espoir, partageant le plateau, ou collaborant avec des sommités tels que Nas et Damien Marley pour l’album Distant Relatives pour National Geographic (Universal Republic / Def Jam Recording – 2010).

Message Of Hope

Enregistré en 2011 entre Washington DC, New York, Oslo, Dakar et Genève, et produit par leur propre label Nubian Spirit, Message of Hope (Message d’espoir), le troisième album de Wagëblë, montre un groupe au sommet de son art, et dont la maturité est sans équivoque. L’album renferme 15 titres traitant de différents thèmes, cependant d’une chanson à une autre, le message reste concis : inspirer la jeunesse africaine à se prendre en charge et d’être le maître de sa propre destinée. La chanson « Message of Hope », en introduction de l’album, annonce déjà la couleur de ce qui sera un instructif voyage au cœur de Wagëblë, dépeint par Waterflow et Eyewitness. Sur un fond du présentateur vedette de la chaine américaine ABC News, la voix imposante de Waterflow et le beat lourd vous forcent immédiatement à tendre l’oreille. Produite par Eyewitness – himself – qui signe là un pur chef d’œuvre, la chanson dévoile deux poètes dont le message d’espoir est rempli de sens.

Hipolitic

Originaires d’un des quartiers les plus défavorisés de la capitale, ils rappellent á travers leurs rimes, que la position géographique ou la pauvreté ne peuvent être des obstacles. Le « dangereux » « Hipolitic » est un sombre tableau du mélodrame socio-politique sénégalais. Derrière un son lourd et agressif faisant étrangement penser à Dr Dre, Eyewitness et Waterflow interpellent directement le président Sénégalais Abdoulaye Wade qui fait face a une élection controversée en février 2012, pour lui rappeler les promesses non tenues faites a la jeunesse sénégalaise qui l’avait propulsé au palais en 2000. Le refrain cru qui martèle « Hip Hop Moola Fale, Hip Hop Molay Fooli » (« C’est le hip hop qui t’as élu mais c’est le hip hop qui va te déchoir ») est lourd de sens et constitue une menace à peine voilée de ce groupe qui se veut le porte-parole de toute une jeunesse.

African Dream

Dans « African Dream », un des titres phares de l’album, la belle voix du célèbre folk singer sénégalais Cheikh « Ndigël » Lô nous entraine pour un voyage imaginaire vers une nouvelle Afrique où tous les rêves sont enfin permis. « Sufferers » (Victimes), est un appel à l’action dédiée à tous les jeunes qui galèrent et qui ont baissé les bras. En duo avec l’artiste dancehall Jabaman, ils exhortent les jeunes Sénégalais à croire en eux et en leurs propres capacités pour sortir de la galère dans laquelle il patauge.

One Day

L’un des meilleurs tubes de l’album demeure sans aucun doute « One day », en featuring avec El Axel et Alphawon. Produit par Nasty Kutt, l’un des « producers » fétiches de Method Man, la forte dose des synthétiseurs vous fait bouger la tète dès les premières notes. Sans vous laisser le temps de souffler, l’entraînante mélodie du refrain chanté par Alphawon rappelle que malgré le « Hard Life », le bien triomphera toujours du mal.

La légitimité de Wagëblë, comme toujours, un groupe conscient et non commercial, est également posée dans cette chanson a travers les lyrics de Waterflow quand il dit : “How Many Years Ñongi Try Handle Suñu Biz / Every Biis Ñu Realize Lisi Diis /Lisi Siis Lisi Tiss Mane Mooma Freeze/ Ñaata Bomb Lañu Mëssë Release/ No Money, No Fame, No Honey Low Game, Hustle / Struggle deme tour rolling / recording, dropping, bañ naangu sopi”… Cet album selon Waterflow, est une transition de l’adolescence à l’âge de la maturité artistique, mais aussi intellectuelle.

L’album Message of Hope offre d’autres bijous, comme « Act Now », en featuring avec la chanteuse et rappeuse kényano-norvégienne Stella Mwangi « STL », un mélange afro-dance/afro-hip hop, suit également la même direction pour une réelle prise de conscience des masses opprimées. Tandis que la chanson, « Ils disent », délivre un sévère réquisitoire a l’encontre des politiciens véreux qui prétendent sauver le monde, mais s’occupent plutôt de se remplir les poches avec l’argent public. « Come Back » annonce le retour de Wagëblë et « Doom » (« Enfant » en wolof) un hymne dédié à Sundjata et Amani, les deux enfants de Waterflow et d’Eyewitness

Suite à la sortie de l’opus Message of Hope, Wagëblë entame une tournée de promotion qui les mène en Europe (Norvège, Danemark, Suède, Suisse, France), aux Etats Unis (Washington DC, Brooklyn, Houston) et en Afrique (Gambie, Guinée, Afrique du Sud, Sénégal).

* Sources : http://www.wageble.com

http://www.seneweb.com/

http://www.hiphopinjesmoel.com/

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Nago Seck

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