Mapou

L’artiste globe trotter de la Réunion, René Lacaille, nous entraîne une nouvelle fois dans sa course effrénée avec la sortie de son album Mapou. Ce titre qui désigne une canne à sucre très sucrée mais symbolise aussi l’érotisme donne le ton d’un album aux couleurs de l’âme réunionnaise.

Revoici donc un René Lacaille nous entraînant à la découverte de quelques figures légendaires de l’île. Henri Madoré, d’abord, le guitariste et chanteur de rue abondamment pillé. “Dans les années 1950, le titre “Madina” était le seul morceau réunionnais joué à la Radio après la Marseillaise. Il donnait la pêche aux gens. Henri Madoré qui l’a immortalisé était un des rares musiciens à jouer de la guitare. C’était un ami de mon père et quand il me voyait, il me traitait de petit couillon”, se souvient avec tendresse René Lacaille. Il y en aura bien d’autres : Maxime Laope chanteur et compositeur de séga, une personnalité respectée de l’île, “Nous étions de St Leu, la campagne, lui était de la ville, St Denis, il était un des rares artistes à passer à la Radio”, Léon Céleste, un des grands saxophonistes de la Réunion (auteur de “Séga 58”) et Armand Tropina , “un zoreille de Grenoble qui avait fait le Conservatoire de Lyon et a apporté des harmonies nouvelles dans le séga”. Sans oublier Alain Peters, compagnon de route dans Caméléon, le groupe pop des années 1970, auteur du titre “La rosée des feuilles songes”, “ce titre parle d’une plante dont les feuilles restent sèches même si l’eau coule dessus, une façon de dire qu’on doit laisser glisser”. Entre séga, maloya, mazurka et jazz (une belle démonstration dans l’instrumental “Atmosfer”), sans oublier les sons du monde qu’il intègre avec un naturel déconcertant, cet artiste multi-instrumentiste (accordéon, guitare, percussions, batterie, saxophone, ukulélé) joue comme il respire, au gré de ses caprices.

René Lacaille

Né en 1946 à La Réunion, René Lacaille est un auteur-compositeur, arrangeur, multi-instrumentiste éclectique et excellent joueur d’accordéon. Il a su marier le maloya et le séga au jazz, au rock ou aux musiques brésiliennes.
Baigné dans le maloya, le séga, la mazurka mais aussi le jazz et le bal-musette, René Lacaille est un enfant de la « musique lontan » que jouait l’orchestre de bal de son père. Ses frères sont aussi musiciens.
Sa rencontre avec le guitariste et bluesman américain Bob Brozman a abouti à la réalisation de l’opus « Digdig » en 2002.