" "
MC Solaar, de son vrai nom Claude Honoré M'Barali, est l'un des premiers à avoir réussi à populariser le rap en France grâce à ses textes élaborés. Il est reconnu comme un des piliers du rap français des années 1990, avec des artistes et groupes comme, Lionel D, Assassin, IAM, NTM... Son succès et la qualité littéraire de ses textes sont le fruit d'inspirations diverses allant de Serge Gainsbourg aux musiques africaines (tchadiennes, sénégalaises, ivoiriennes, maliennes) en passant par les classiques noirs américains. Ses textes sont régulièrement étudiés à l'étranger (USA, Australie, Grande-Bretagne, Europe de l'Est) alors qu'il est le meilleur vendeur de disques dans la catégorie rap français. ”

"
"

Sa jeunesse

Claude Honoré M’Barali aka MC Solaar est né le 5 mars 1969 à Dakar (Sénégal), de parents tchadiens (son père est traducteur et sa mère infirmière). Il a deux frères et une sœur. La situation politique troublée du Tchad pousse sa famille à quitter ce pays alors qu’il a six mois. Elle s’installe en région parisienne, à Saint Denis puis à Maisons-Alfort et Villeneuve-Saint-Georges. A l’âge de douze ans, il s’installe chez un de ses oncles établi en Égypte, suis des études à l’école française du Caire puis passe son bac en France en 1988.

Bouge de là : Premier gros hit international

MC Solaar teste ses premiers textes dans l’émission de Dee Nasty et Lionel D sur Radio Nova où il rappe « Claude MC tel est mon nom, Solaar est mon tag il aura du renom« , tout en suivant des études de langue (anglais, espagnol et russe) et de philosophie à l’Université de Jussieu. Après plusieurs clips réalisés par RapLine et diffusés dans les émissions « Bouge de là » et « Quartier Nord », il sort en 1990 son premier single « Bouge de là », basé sur un sample de « The Message » du groupe Cymande (1973). Considéré comme le premier gros hit international du rap français, « Bouge de là » sera vendu à plus 51.000 exemplaires pendant ses 14 semaines de présence au Top 50 français. Ce single lui permettant alors de faire sa première télévision live dans l’émission de Christophe Dechavanne, Ciel, mon mardi!, sera disque de platine et lui vaudra le trophée de « Meilleur groupe » aux Victoires de la musique en France en 1992.

1991/1994 : De « Qui sème le vent récolte le tempo » à « Prose combat »

En septembre 1991, MC Solaar se produit sur la scène de l’Olympia à Paris avec le groupe américain De La Soul. À la fin de cette même année, il sort son premier album « Qui sème le vent récolte le tempo », s’inspirant d’un poème de l’auteur perse du XII° siècle, Nizami Gandjavi. Mais son origine remonte au Livre d’Osée 8,7 : « Ils sèment le vent, ils récolteront la tempête » (Traduction Œcumènique de la Bible, VIII° siècle avant J.-C.).

Vendu à plus de 400.000 exemplaires, cet opus comprend un autre succès, « Caroline ». Histoire d’une déception amoureuse avec une fille du même nom, cette chanson sera classée au Top 50 pendant 22 semaines, pour finir 4ème en France.

S’ensuit une longue tournée en Pologne et en Russie, puis, l’année suivante, un périple qui le mène dans 12 pays de l’Afrique de l’Ouest où son flow en français est très apprécié. A la même période, MC Solaar s’engage, avec le groupe de reggaeragga français Saï Saï (Delfour, Mr Ricky, Ramses Ooki), aux côtés du réalisateur Costa Gavras pour faire libérer le prisonnier politique sud-coréen Kim Song-Man, en participant au court-métrage « Pour Kim Song-Man » qui fait partie des 30 films contre l’Oubli pour les trente ans d’Amnesty International… En 1992, il reçoit le trophée de « Meilleur groupe » aux Victoires de la musique en France.

En 1993, MC Solaar collabore avec le rappeur américain Guru du groupe Gang Starr sur le titre « Le bien, le mal » de l’album « Jazzmatazz Vol. 1 », une première pour un rappeur français. Ensuite, il participe à la compilation rap « Les Cools Sessions », réalisée par son ami Jimmy Jay en intervenant sur la chanson Et Dieu créa l’homme et en réalisant les intros de l’ensemble des titres.

« Prose combat », Serge Gainsbourg

En février 1994, MC Solaar enregistre « Prose combat », son 2ème album, aux textes plus engagés, avec des changements de thèmes, de style et de rime. Dès sa sortie en France, l’album, réalisé avec Jimmy Jay, Ménélik, Melopheelo, Dany Dan, Soon E MC & Zoxea, Pigale Boom Bass ou encore Bambi Cruz, se vend à plus de 100.000 exemplaires en 10 jours. Il se vendra à plus de 900.000 exemplaires, devenant une des meilleures ventes dans vingt autres pays. L’opus comprend plusieurs titres phares, dont « Nouveau Western » qui reprend un sample de « Bonnie and Clyde » du musicien français Serge Gainsbourg. Le clip de cette chanson, réalisé au Texas, à New York et à Paris par le réalisateur français Stéphane Sednaoui, connaît un immense succès.

En raison de la qualité littéraire de ses textes, MC Solaar est adopté par l’intelligentsia et les milieux cultivés français, et est accusé de compromission avec le « système » par certains. Il ne figurera pas dans les compilations de rap français, « Rapattitude I et II ». Des désaccords entre le rappeur et son DJ Jimmy Jay provoquent une rupture entre les deux complices. Jimmy Jay ne termine pas la tournée « Prose Combat », et MC Solaar est contraint de le remplacer. En septembre de la même année, sort le 33 tours « Obsolète ».

En 1995, MC Solaar participe au disque « La Haine », musiques inspirées du film du réalisateur français Mathieu Kassovitz. Son titre « Comme dans un film » ne sera plus présent dans les rééditions du disque en raison d’une mésentente entres labels. Cette même année 1995, il est récompensé à deux reprises aux Victoires de la musique en France : « Artiste interprète masculin de l’année » et « Meilleur clip vidéo ».

Fin des années 1990 : De « Paradisiaque » à « Le tour de la question »

En juin 1997 sort « Paradisiaque », le troisième album du rappeur vendu à plus de 400.000 exemplaires. Les musiques sont signées Hubert Blanc-Francard aka Boom Bass et Philippe Zdar. Suit en 1998 l’opus éponyme « Mc Solaar » qui marque la fin de sa collaboration avec Polydor. L’année débute par une grande tournée qui commence par le Zénith de Paris où il présente un show conçu par son ami d’enfance, le rappeur et chorégraphe Bambi Cruz qui assure la première partie. Ce dernier est d’ailleurs le premier artiste que MC Solaar produit sur son tout jeune label, Sentinel. Son concert du 11 mai 1998 à l’Olympia à Paris (France) fait l’objet de son premier album live, « Le tour de la question ». Quelques jours plus tard, il participe au 51e Festival de Cannes comme membre du Jury présidé par le réalisateur américain Martin Scorcese.

Les années 2000: le triptyque: « Cinquième As », « Mach 6 », « Chapitre 7 »

L’album « Cinquième As » au rap plus hard sort en février 2001. Mc Solaar en est lui-même le directeur artistique, une première, et les compositeurs, de jeunes talents dont DJ Mac, DJ Curser et DJ Sample, Eric K-Roz, Alain J… Les textes oscillent entre légèreté (Baby love, Hasta la vista) et gravité (Colonies, Arkansas). Les titres Hasta la Vista, RMI en font un des plus grands succès du rap français…, un succès confirmé avec le single Inch’Allah.

« Mach 6 » sorti en décembre 2003 est réalisé par Black Rose Corporation des producteurs Eric K-Roz & Alain J. Avec ces derniers, MC Solaar part à Moscou enregistrer les parties orchestrales qui soutiennent des textes nostalgiques (Souvenir) , ou voyageurs Au pays de Gandhi). Quant à Hijo de Africa, c’est une déclaration d’amour pour son continent natal, l’Afrique, mais aussi une dénonciation du sous-développement, du colonialisme ou encore les guerres civiles entraînant l’exil massif des populations. A cause de la situation politique troublée du Tchad, sa famille s’était installé Dakar, au Sénégal, alors qu’il n’avait que 6 mois. Musicalement marqué par les sonorités de la kora, du balafon, « Hijo de Africa » est un hommage aux peuples et musiques d’Afrique : Dioula, Peul, Mandingue, Massaï…, rumba et soukouss congolais, makossa camerounais, mbalax sénégalais.

Sorti en juin 2007, l’opus « Chapitre 7 » intégrant diverses couleurs musicales (rock, soul, reggae, jazz, hip hop classique) lui vaut le prix de « Album de musiques urbaines de l’année » aux Victoires de la Musique en 2008. Cette même année, il revisite le mythe Rabbi Jacob avec sa chanson Le rabbi muffin dans la comédie musicale « Les Aventures de Rabbi Jacob » dirigée par Patrick Timsit. Depuis, les apparitions musicales de Mc Solaar se font plus rares. A la rentrée 2011, il écrit et interprète le titre Marche ou rêve de l’album « The Revenge » du musicien et producteur français, Tom Fire.

Géopoétique

Après dix années de break discographique, MC Solaar nous revient avec « Géopoétique », un album mêlant rap, rock, soul, pop, reggae, jazz, classique, électro et même trap music. On y entend des titres comme Les mirabelles qui parle d’un village de la Marne pendant la Première Guerre mondiale (1914–1918), Super Gainsbarre (feat. Maureen Angot) sur le musicien français Serge Gainsbourg (un de ses inspirateurs), ou encore Sonotone, une chanson sur la vieillesse et un premier single annonçant cet opus jubilatoire de 19 titres, sorti sur le label Play Two.

Le 9 février 2018, « Géopoétique » est sacré « Meilleur album de chansons » aux Victoires de la Musique, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée à la Seine musicale de Boulogne-Billancourt, une commune française située dans les Hauts-de-Seine en région Île-de-France. La cérémonie était retransmise en direct sur France 2 (télévision) et sur France Inter (radio).

"
"
"
"

À propos de l'auteur

Nago Seck

Nago Seck

Ajouter un commentaire

Laissez un commentaire