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“L'expression "Musique Malgache" ou "Malagasy Music" en anglais est un terme générique désignant les divers styles musicaux (traditionnels, contemporains, urbains, actuels...) nés à Madagascar.”

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Pays aux origines multiples (indonésienne, africaine, arabe, européenne), la Grande île est un pays de voix et d’instruments à cordes comme la valiha, le marovany et le kabosy.

Hira gasy et opérette malgache

A la fin du XIXe siècle, elle va intégrer dans son paysage musical des instruments occidentaux provoquant la naissance dans les années 1920 des premiers orchestres de hira gasy.
Dans les années 1930, l’opérette malgache ou kalon’ny fahiny fait son apparition incarnée par la troupe Jeannette. Ce style sera vraiment incarné par Ludger Andrianjaka. En 2012, dix ans après sa disparition, Ludger Andrianjaka se voit honorer du nom d’une rue du quartier de Faravohitra, à Antananarivo.

De nombreux artistes comme les frères Railovy, Odeam Rakoto et Henri Ratsimbazafy, vont populariser ce style dominé dans les années 1950 par le compositeur Naly Rakotofirina.

Ba gasy et salegy

Dans les années 1940, grâce à Rasamy Gitara, Razilinah Randrianarivelo et Paul Ratianarivo, transposant à la guitare le jeu de la valiha perce le style ba gasy remis au goût du jour dans les années 1990 par Erick Manana. En 1959, l’Association folklorique de la Côte Est dirigée par Elizabeth Raliza et François Leboto lance le salegy moderne avec le titre « Viavy Raozy » devenu un classique de la Grande île et qui sera repris par Rakoto Frah, le grand maître de la sodina (flûte) qui a posé son phrasé aérien sur le musiques de Manu Dibango, Ladysmith Black Mambazo, David Lindley et Henry Keiser.

Ce genre fédérateur d’une île aux nombreuses rivalités culturelles sera perpétué et consacré par des artistes comme Freddy Ranarison, Ninie, Feon’ala, Tianjama, Mily Clément ou encore Eusebe Jaojoby surnommé « le roi du salegy ».

Folk malgache et exil

En 1975, le marxiste Didier Ratsiraka accède au pouvoir. La malgachisation de la culture prônée par le régime, la popularité du Protest Song et la rareté des instruments électriques provoquée par la fermeture économique du pays provoquent un retour à l’acoustique. C’est la naissance du tsentsigat (folk malgache) incarné par le député Dama Mahaleo. Dans les années 1980, la détérioration du climat politique et économique (régime dictatorial, piratage musical) ainsi que la percée des musiques africaines en Occident poussent les artistes à s’exiler.

Tsapiky

Originaire de la région de Tuléar, au sud-ouest de Madagascar, le tsapiky (prononcer tsapik) est un genre musical héritier des bals poussière et des cérémonies traditionnelles. Il se joue avec le kabosy, et le marovany, se danse et se chante. Fruit de la rencontre des rythmes de Tuléar et des musiques du Mozambique et du Congo (soukouss), il se pratique depuis le début des années 1980 au moment où les guitares amplifiées sont très populaires sur l’île.
Plusieurs artistes de la Grande Ile ont adopté et fait connaître ce style à l’international, tels que Damily, Roby Chicungunya, Solorazaf, Tao Ravao, Teta, et bien d’autres.

Reconnaissance internationale

Il faut attendre les années 1990 pour assister à la reconnaissance internationale des artistes malgaches. L’harmoniciste Jean Emilien reçoit le Prix Hohner à Détroit en 1991, et le bassiste Sylvin Marc adepte d’un jazz malgache joue avec les grandes pointures du jazz français ou de la pop anglaise.
Quant à Solorazaf, producteur et guitariste virtuose, il est classé parmi les dix meilleurs guitaristes de France. Il a été pendant plusieurs années le guitariste attitré de Miriam Makeba.

Rakoto Frah, le maître de la sodina (flûte malgache) et leader du groupe Feo Gasy, reçoit en 2001 un hommage solennel à la Cité de la Musique à Paris (France) à l’occasion de sa disparition. Son phrasé unique sera d’ailleurs salué par le jazzman Ornette Coleman comme « un des meilleurs du monde ». Rossy est lancé par le rocker Peter Gabriel. L’accordéoniste Régis Gizavo est sollicité par toutes les grandes pointures de l’accordéon jazz (Galliano, Azzola) Erick Manana reçoit en 1997 le Prix de l’Académie Charles Cros mais on peut citer également D’Gary, le virtuose de la guitare, Jaojoby le roi du salegy et Tao Ravao le bluesman. Au Canada, Madagascar Slim propose un blues malgache.

Autres courants musicaux

Née le 6 octobre 1972 à Manakara au sud-est de Madagascar, Rahantarisoa Mamy Brunette aka Ngita, est une auteure, compositrice et interprète malgache vivant en France (à Saint-Denis, en région parisienne). Sa musique est une fusion entre batrelaky, karagnila (chants et rythmes traditionnels de sa région), folk ou encore tsapiky de Tuléar au sud-ouest où elle a longtemps vécu. Ses chansons parlent de la vie quotidienne, de la déforestation de son île, de la sécheresse, de l’exil, etc.

Styles nouveaux

Tandis que le rap (le groupe Fab) et le rock (Apostol Rock et Karadraka, Dillie) se font une petite place sur la scène nationale, l’Occident découvre aujourd’hui les richesses vocales de l’île avec des groupes comme Salala, Fenoamby, Vaovy et Njava relayés au pays par Tsimihole au style beko, Bruno Malala adepte d’un gospel malgache et Tarika plongeant aux sources africaines et indonésiennes de la musique malgache.

Riche par sa puissance rythmique et sa richesse mélodique, la scène malgache a encore de beaux jours devant elle. N’oublions pas qu’en 1930 triomphait à Broadway, Andy Razaf, auteur des paroles de grands classiques du jazz comme « Honeysuckle Rose », un morceau interprété avec Thomas « Fats » Waller et qui sera joué par Louis Armstrong, Nat King Cole, Sarah Vaughan ou encore Django Reinhardt.

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Nago Seck

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