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“Fondé en 1973 à Dakar, au Sénégal, par les auteurs, compositeurs et arrangeurs Ousmane Sow Huchard aka Soleya Mama (ex Dakar Université Sextet) et André Fara Birame Lô aka André Lô (ex Merry Makers de Dakar), Waato Sita est l'un des premiers groupes sénégalais à construire une musique de fusion (afro-jazz progressif) tirée du patrimoine musical africain avec des instruments de la tradition, y greffant des guitares et de la basse.”

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Wato Sita : il est temps

En 1972, après plusieurs mois de recherches sur les musiques folkloriques nationales, Ousmane Sow Huchard aka Soleya Mama (guitare rythmique, voix) et André Fara Birame Lô aka André Lô (guitare électrique) décident de créer un nouveau style tiré du patrimoine musical sénégalais et joué avec des instruments traditionnels. Ils s’entourent alors du korafolaa (joueur de kora) Lamine Bounda Konté (ne pas confondre avec son cousin, feu Lamine Konté, fils de Dialy Kéba Konté), du duo de balafonfolas (spécialistes de balafon balante casamançais), Nfally Diatta et Youssou Sadio, du joueur de bougarabous, Samba Goudiaby, et du tambourinaire El Hadji Fall aka Ass qui utilise les cymbales et les tambours sabars comme batterie. La formation ainsi constituée, reste à lui trouver un nom : ce sera Waato Sita qui veut dire « il est temps » en mandinkan (bambara, malinké, soso…). Nous sommes en 1973. Leur passage à la radio nationale sénégalaise est l’occasion pour le grand public de découvrir, à travers leur fameux morceau « Balingor », leur afro-jazz progressif, fusion de musiques mandingues (très présentes en Casamance), de jazz et de soul, avec des parfums de rythmes afro-cubains par endroits. Le succès est immédiat.
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L’OUA choisit l’hymne de Soleya Mama

En février 1973, l’OUA, alors dirigé par son Secrétaire général, Diallo Telly, adopte comme hymne un poème que Soleya Mama avait fait parvenir à son oncle aujourd’hui disparu, le ministre Emile Badiane, à feu le président Léopold Sédar Senghor et au défunt roi du Maroc Hassan II. Dans ce texte, Soleya Mama se révèle non seulement comme musicien mais aussi comme un poète panafricaniste :

« Salut Afrique mère
Nous sommes tous ici réunis
Pour partager ensemble
Tous nos espoirs et toutes nos joies
Car c’est ainsi que nous pourrons faire de toi une belle patrie
Africains, Africains
Gardons toujours dans nos esprits
Que l’Afrique est notre mère
Et que nous sommes ses enfants
Si nous nous tenons par la main
Nous serons toujours unis ».

La même année, Waato Sita se produit dans plusieurs villes du Sénégal et de la Gambie puis représente le Sénégal au festival International de la jeunesse à Mexico.
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En 1974, année de la participation du groupe participe au festival Super Franco Fête de Québec, Soleya Mama est invité comme vocaliste sur « Le blé et le mil », un enregistrement « live » du groupe Toubabou (Blanc), du surnom de son fondateur, le percussionniste Michel Séguin. Ont participé à ce projet plusieurs autres artistes, dont son compatriote Doudou Ndiaye Rose et le Malien Zani Diabaté. Un an après avoir gravé pour la postérité deux albums produits par Sonafric, « Soleya Mama & Le Waatoo Sita Vol. 1 et 2 » parus en 1976, Waato Sita se sépare. Il aura vécu quatre ans.

Décès d’André Lô à Mexico

En décembre 1994, André Lô disparaît brutalement à Mexico où il vivait avec sa femme, laissant derrière lui le souvenir d’un talentueux créateur de musique et d’un guitariste exceptionnel.
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Mort de Soleya Mama

Musicien, ethnomusicologue, chercheur, poète et critique d’art né le 5 décembre 1942 à Ziguinchor, Soleya Mama est décédé le mercredi 1er juillet 2020. Il avait 78 ans.
Celui qui fut dirigeant du parti des Verts du Sénégal et conseiller de Youssou Ndour, fut décoré à plusieurs reprises : Chevalier de l’Ordre National du Lion, Chevalier de l’Ordre des Arts et Lettres du Sénégal, Chevalier de l’Ordre des Arts et Lettres de France, Officier de la Pléiade « Ordre de la Francophonie et du Dialogue des Cultures »…

*Crédit photo (affiche) : Adama Lô (petit frère d’André)

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Nago Seck

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