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“Fondé en 1961 à Beyla, au sud-est de la Guinée, Bembeya Jazz National exploite de manière novatrice les diverses facettes du folklore national (musiques mandingue, pulaar (peule), soussou...). Leur fameux 45T Mami Wata / Whisky Soda (1973), deux chansons reprises par nombre d'artistes africains parfois sous d'autres intitulés, contribuera à leur renommée continentale... Le groupe accède au rang d'orchestre national en 1966 et exploite de manière novatrice le folklore guinéen.”

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10 ans de succès

Composé à sa création de 24 artistes, Bembeya Jazz se resserre autour de Diaoune Hamidou (chef d’orchestre, basse), Sékou “Bembeya” Diabaté (lead guitare), Mohamed “Ashken” Kaba (trompette, trombone), Bangali Traoré “Gros Bois” (sax ténor), Mory Mangala Koné (batterie), Mamadou Cama (guitare), Sékou Camara “Gros” (trompette), Siaka Diabaté (congas, tumba). Après 3 premiers prix au cours des compétitions annuelles organisées par la jeunesse guinéenne (J.R.D.A.), Bembeya Jazz accède en 1966 au rang d’orchestre national et devient Bembeya Jazz National.

A l’instar des autres orchestres nationaux, comme Balla et ses Balladins, Kélétigui et ses Tambourinis et Super Boiro Band, Bembeya Jazz National va contribuer à moderniser la musique guinéenne. Bembeya Jazz décide alors de fusionner les divers rythmes et mélodies du pays (doudoumba, sounou, kakilambé, fura, pulaar (peule)…) au blues, jazz, pop, rumba congolaise, highlife ghanéen et musique afro-cubaine. Bembeya Jazz fait aussi revivre, dans des versions revues et corrigées, les folklores et vieux airs du Mandé (“Sabou” (ou “Sabu”), “Lan Naya”, “Moussokoro”, “Sukabé”, “Yékéké”, “Koumba Tenin”, “Yéléma Yélémaso”, « Douga », « Tara », « Mamaya », « Tutu Diara » ou encore « Kédo »). A l’occasion de son dixième anniversaire, Bembeya Jazz donne un concert mémorable le 30 avril 1971 devant 2.500 personnes au Palais du Peuple à Conakry, en Guinée, qui fera l’objet du 33T 10 ans de succès (Editions Syliphone), un album culte réédité par Bolibana sous l’intitulé Live : 10 ans de succès, et par Syllart Productions. Pendant plusieurs années, Bembeya Jazz, qui a largement contribué à l’explosion des musiques mandingues, sera le « symbole de la révolution guinéenne ». Le 13 janvier 1972 au Théâtre de la Cité Universitaire à Abidjan, en Côte d’Ivoire, dans une salle comble, Bembeya Jazz National est invité pour un gala télévisé, avec les étudiants Ivoiriens. Cette soirée mémorable fera l’objet du 33T Regard sur le passé, produit par les Editions Syliphone.

Disparitions tragiques

Le 5 avril 1973 marque une étape tragique avec la mort accidentelle de l’immense chanteur-animateur à la voix de ténor Aboubacar Demba Camara. Cette disparition subite entraîne un repos forcé de l’orchestre phare de Conakry qui ne se remettra jamais complètement de cette disparition. Les Editions Syliphone lui rendront hommage en 1974 en sortant Spécial Recueil-Souvenir : Mémoire d’Aboubacar Demba Camara, un album regroupant 11 de ses chansons les plus populaires, dont “Moussogbé”, “Béni Baralé”, “La Guinée”, “Fatoumata”, “Balaké”, “Alalaké” ou “N’Borin”… Deux ans plus tard, Bembeya Jazz National reprend la route, sort Le défi et La continuité (1976), deux albums enregistrés avec quatre nouveaux chanteurs. Le label Syllart Productions du producteur Ibrahima Sylla sortira en 2000 Hommage à Demba Camara, un album réunissant 14 des plus grands succès internationaux du chanteur disparu.

Après la parution de Discothèque 76 en 1977, un autre drame s’abat sur la formation, avec les disparitions de Mamady Camara Vieux (guitare rythmique) et de Mory Kouyaté II (basse).

Le come-back

En 1985, à la demande expresse du président guinéen Ahmed Sékou Touré, le chanteur Sékouba Bambino rejoint le Bembeya Jazz, participant à l’enregistrement de Télégramme (1985). La même année, Bembeya Jazz change de cap, quitte les circuits officiels, réduit de moitié son effectif, participe en avril au Printemps de Bourges puis donne un concert en juillet au Melkweg, à Amsterdam, en Hollande. Le groupe enregistre en France deux albums intitulés Bembeya Jazz National (parus en 1986), l’un comprenant “Yékéké” et le second “Moussokoro” et “Koumba Tenin”, arrangés par Sékou “Bembeya” Diabaté (lead guitare) et Mohamed “Ashken” Kaba (trompette, trombone). Le groupe présente alors son nouveau son, avec une musique mandingue aux couleurs latines, rock, jazzy, funky

Sékou “Bembeya” Diabaté en solo

La véritable révolution musicale du groupe est symbolisée par Digné (la patience), un magnifique album solo enregistré en 1987 par l’excellent guitariste Sékou “Bembeya” Diabaté aka “Diamond Fingers”. Avec le succès de cet opus, c’est la relance de la carrière internationale de ce groupe mythique qui réalisera Sabu (1987), Wà kélè (1988) ou Bembeya (2002)…

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Nago Seck

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Sylvie Clerfeuille

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