Les débuts avec Sen Kumpë
C’est donc tout naturellement que la musique s’est introduite dans sa vie. En 1992, à l’âge de 15 ans, Gaston quitte le Sénégal pour s’installer avec sa mère en France où il fait ses premières rencontres avec le rap à travers le groupe IAM de Marseille. Il s’y intéresse alors mais sans plus. Il aura fallu son retour au Sénégal, deux ans plus tard, et la sortie des premiers albums de rap de Positive Black Soul (PBS), Daara-J ou Pee Froiss pour qu’il s’y mette en créant avec Bourba Djoloff le groupe Sen Kumpë. Implanté à la Médina, premier quartier populaire de Dakar à l’époque coloniale, Sen Kumpë tout comme Rapadio, autre groupe du quartier, s’est très tôt singularisé dans le rap hardcore avec des textes bien construits et une forte imprégnation des réalités sociales et des difficultés de la jeunesse sénégalaise face à un régime socialiste dont elle était loin d’être satisfaite.
C’est ainsi qu’en 1999 déjà, ils participaient à la compilation « D-Kill Rap » initiée par Fitna Produktions avec le titre « Nirékeula » (« Ça se passe comme ça » en wolof) qui vient les installer définitivement dans le paysage rap sénégalais. En 2000, Sen kumpë à la 2ème compilation du même label, « Politichien » (une dénonciation des politiciens véreux et de leurs combines), avec le morceau « Lu deuk bi lath » (« Que demande le peuple » en wolof). Purement axée sur la politique au Sénégal et sortie juste après les élections présidentielles ayant conduit à la victoire d’Abdoulaye Wade sur le président sortant Abdou Diouf, cette compilation a fait couler beaucoup d’encre et a suscité de grands débats. Elle est encore aujourd’hui une référence de l’engagement politique des rappeurs sénégalais. En 2001, le groupe Sen Kumpë est lauréat des Hip Hop Awards dans la catégorie « Révélation de l’année ». Malgré leur succès national, le groupe se sépare en 2003.
Gaston en solo
Le 10 octobre 2003, Gaston sort chez Optimiste Produktions son premier album solo Xel komla (“L’intelligence est une richesse” en wolof). Composé de dix titres, Xel komla surprend par son ancrage et sa perspicacité à décortiquer la réalité sénégalaise avec des thèmes aussi divers que les errements du système judiciaire, la condition de la femme, le désœuvrement de la jeunesse ou encore les relations hommes – femmes dénaturées par la quête effrénée de l’argent et du sexe. Xel komla fut considéré comme l’un des premiers opus à “parler aux sénégalais non seulement dans les thèmes mais aussi le langage et les expressions utilisées pour décrire un vécu quotidien commun”, dit en substance Gaston. Il sera nominé aux Hip-Hop Awards 2004 dans la catégorie “Meilleur album solo de l’année”. La même année, Gaston retrouve les rappeurs Keyti et Nix avec lesquels il était en compétition pour le “Meilleur album solo”, ainsi que le lauréat de cette édition, le chanteur de RnB As Malick, pour travailler sur un album international intitulé Dakar All Stars. La sortie de cette œuvre fut un succès et finit de rassurer sur le talent de Gaston et sa capacité à peindre des tranches de vie et à rendre des émotions qui donnent à sa musique tout son réalisme et sa dimension humaine.
Son second album solo paru en 2007 chez Def Dara Studio, « Yeuk sogua nékk », est « une invitation à une introspection générale afin de faire du monde un lieu de paix, de justice, de solidarité et d’amour ». Une invitation justifiée par un constat : « Les hommes ne font pas assez de quête de connaissance d’eux-mêmes et du divin. C’est pourquoi le monde est dans un état de crise morale, spirituelle, sociale », croit savoir l’artiste. En juin 2011, Gaston enregistre un opus du même acabit, « Touti wakh job lu beuri », suivi d’une tournée nationale en décembre : Dakar, Keur Massar, Vélingara, Bignona, Sédhiou, Ziguinchor…
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