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“Né en 1964 à Dakar, dans une famille de musiciens, Habib Faye est le petit frère de Adama Faye, Vieux Mac Faye et Lamine Faye aka Lemzo. Auteur-compositeur, arrangeur, bassiste et claviériste originaire du Sénégal, nominé aux Grammy's, Habib Faye est surtout connu comme "sideman" de Youssou Ndour et le Super Etoile de Dakar dont il est le directeur musical. En 2012, il sort "H20" après son premier album solo paru en 2005, "Habib Faye Quartet - Special tribute to Jaco Pastorius..." (Live at Central Park - Dakar)... Habib Faye décède le mercredi 25 avril 2018 à Paris, suite à une maladie qui avait nécessité son hospitalisation dans la capitale française. Il avait 54 ans.”

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Histoire d’un musicien à la précocité étonnante

Il n’est pas question de faire un retour en arrière sur les grandes lignes d’une trajectoire peu commune et surtout très connu du grand public. Il s’agit plutôt de passer par les différentes étapes qui ont permis d’aboutir à l’état actuel et au tournant que le jeune frère de Lamine Faye (Lemzo Diamono ) a su emprunter sans grand dommage. A l’âge de 9 ans, Habib Faye, qui a grandi dans une famille où la musique est omniprésente, apprenait les rudiments du métier au coté de Boubacar Faye aka Vieux Mac Faye, l’un de ses grands frères musiciens. Car aussi bien le regretté Adama Faye, que Lamine, Moustapha ou Ma Anta sont des instrumentistes reconnus. Adama est sans conteste l’un des pères fondateurs de la musique sénégalaise moderne.

Super Etoile de Dakar

En 1975 quand il officiait au sein du Super Etoile, il a posé les bases de ce qui allait devenir par la suite le passage obligé de tous les groupes sénégalais. Guitariste et organiste, il a su mettre en exergue la richesse rythmique du Sénégal. Ce bref passage est pour permettre de comprendre l’éclosion précoce de notre vedette qui a véritablement implosé au sein du Super Etoile de Dakar de Youssou Ndour. Ce dernier qui l’a très tôt repéré l’a appelé à ses côtés et depuis plus de deux décennies que dure la collaboration, le bassiste et claviériste continue de demeurer un élément clé de l’orchestre de l’enfant de la Médina. Pourtant boulimique et insatiable à souhait, Habib Faye n’a pas dormi sur ses lauriers. Il a pu développer parallèlement une autre activité musicale qui lui vaut une reconnaissance de plus en plus grandissante des férus de nouvelles sonorités.

Une vision avant-gardiste au service de la musique africaine

Habib Faye est un perfectionniste intransigeant et un touche à tout peu enclin à l’auto glorification. C’est dans cette optique qu’il a senti le besoin de créer un festival dénommé Sen Events Jazz à Paris. Cette première qui est en fait le fruit d’une collaboration accrue avec ses amis musiciens éparpillés aux quatre coins du monde, va finir par prendre des proportions insoupçonnées. Il a fallu migrer à Dakar pour mettre sur pied l’ensemble Habib Faye et son quartet. A l’origine, il s’est adjoint les services de l’anglais Kevin El Hadji Malick, Ibou Cissé et Laye Lô. L’accueil enthousiaste du public le pousse à continuer l’aventure en élargissant le socle initial. Un album en live, « Habib Faye Quartet – Special tribute to Jaco Pastorius… », est enregistré au Central Park à Dakar et il ne finit pas encore de faire le bonheur des mélomanes. Actuellement Habib a su étoffer son ensemble qui est à son image sobre et efficace. Le pianiste Lionel Frontin, le batteur Gbaguidi, le guitariste Lionel et le percussionniste Thio Mbaye continuent l’aventure avec un réel bonheur. Il a pu donner un autre visage à sa pratique.

Son toucher transparaît au grand jour et il marche allégrement sur les traces du maître à jouer et inspirateur l’immortel Jaco Pastorius. Comme ce dernier, il a osé expérimenter une fusion musicale consommable partout dans le monde. Ce citoyen du monde exhibe son africanité à travers ses propres compositions. Cette vision nouvelle enseigne sur l’ambition du bonhomme de ne pas se laisser enfermer dans une routine de mauvais aloi. Habib Faye veut plus et il s’attelle depuis près d’une dizaine d‘années à sortir des sentiers battus. Cette démarche hardie est en train de lui donner raison. Ses spectacles qui se font rares, il est vrai, sont courus de tout un public comblé à l’extrême.

Un idéal qui consiste à produire une nouvelle musique africaine

Le combat de Habib Faye ne fait que commencer. Le bassiste, claviériste et arrangeur prolixe est conscient de la hardiesse de la tache qui l’attend. Il se fraye un chemin difficile qui mène vers l’excellence. Ce qui suppose un réel esprit de dépassement pour ne pas dire de sacrifice. Le plus dur semble être fait : fidéliser un public. Il reste à franchir un nouveau palier en explosant à la face du monde. Au cours de ses nombreuses randonnées autour du globe, il a pu glaner une expérience non négligeable. Désormais, Habib Faye veut voir plus loin. Il a senti la nécessité de sortir de sa naturelle réserve et d’aller à la conquête du grand public. Ce combat titanesque constitue à la limite un sacerdoce. Habib se sent investi d’une mission : proposer une autre manière de procéder sur le champ musical. L’héritage en bandoulière, il compte révéler à la face du monde entier un pan entier de la culture africaine par un canal fort prisé : la musique. Cet idéal nécessite aussi une plus grande implication de nouveaux acteurs et partenaires mais aussi une meilleure visibilité des activités de Habib Faye. Par la force des choses il est devenu un label et un porte étendard d’un combat difficile et exaltant à la fois. C’est un challenge motivant qui vous permettra de découvrir le nouveau Habib Faye. Ensemble défrichons un meilleur devenir à notre musique.

Son absence à l’édition 2013 du Grand Bal de Youssou Ndour à Bercy à Paris (France) et celle du talentueux guitariste Jimi Mbaye seront remarquées par les fans du Super Etoile de Dakar.

* Source: https://www.habibfaye.net
* Photo: Jaco Pastorius (source https://www.jacopastorius.com)

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Nago Seck

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