" "
zulu.jpg
Surnommé le “Zulu blanc”, Jonathan Clegg aka Johnny Clegg a opéré dans les années 1980 une fusion rock, folk et musiques sud-africaines (isacathamiya, mbaqanga). Son duo avec Sipho Mchunu fut, après le Blue Notes de Chris McGregor dans les années 1960, un des rares groupes multiraciaux d'Afrique du Sud. Johnny Clegg a publié de nombreuses études sur les musiques zulu. Johnny Clegg meurt d'un cancer du pancréas, le mardi 16 juillet 2019, chez lui à Johannesburg. Il avait 66 ans. Nicknamed "The white zulu", Johnny Clegg met Sipho Mchunu in 1969 when he challenged him to a guitar duel. In 1976, they founded Juluka, a group merging rock, celtic folk and zulu music and made famous all over the world in the eighties. ”

"
"

Culture africaine

Né le 7 juin 1953 à Bacup, aux environs de Rochdale près de Manchester, en Angleterre, Johnny Clegg est le fils de Denis Clegg et de Murial Brando, une chanteuse d’origine juive lituanienne et polonaise. Il grandit au Zimbabwe où il apprend le ndebele puis après un séjour dans une pension britannique, s’installe en Afrique du Sud à l’âge de 7 ans lorsque sa mère épouse Dan Pienaar, un journaliste sud-africain. Son séjour en Zambie, un pays sans apartheid, les deux années suivantes, provoque son premier choc culturel: il se plonge alors dans l’étude des musiques et des instruments africains.

zulu.jpgA Johannesburg, encouragé par son beau-père, amoureux des musiques africaines, il s’initie aux techniques de guitare zulu auprès de Mntonganazo Mzila, danseur guitariste employé dans la maison voisine. Ce dernier lui ouvre les portes du monde des travailleurs migrants, lui apprend le Ihhlangwini (danse de bâtons zulu), et les techniques de guitare. A 14 ans, en compagnie de Mzila, il joue dans les shebeens (bars clandestins) et les « hostels » des ghettos noirs. A seize, il danse plusieurs fois par semaine avec les Zulus.

Sipho et Jon

Marginalisé par la société de l’apartheid, harcelé par les autorités, Johnny Clegg se fait bientôt une solide réputation de guitariste dans la tradition des musiciens de rue qui lui font rencontrer Sipho Mchunu. Ensemble, ils jouent dans les rues, les campus (Johnny fait des études d’anthropologie sur les musiques Zulu à l’Université de Witwatersrand et du Natal) et défient l’apartheid. En 1976, sous le nom de « Sipho & Jon », ils enregistrent « Woza Friday » puis forment le groupe Juluka qui sort en 1979 chez CBS « Universal Man », synthèse entre les chants Zulu très rythmiques et les sonorités mi-folk mi-rock, puis « African Litany » en 1981 comportant le hit « Impi » qui signe leur reconnaissance nationale. Le texte évoque une bataille entre Britanniques et Zulus qui s’est terminée par une victoire zulu et la musique séduit aussi bien la jeunesse blanche que noire.

Juluka

Juluka (« Sueur » en zulu), groupe très populaire, est bientôt interdit de presse et de radios par les autorités est découvert par la presse étrangère à partir de 1982 avec la sortie de « Scatterlings of Africa » (Les dispersés de l’Afrique). Le groupe tourne dans le monde entier et collectionne les disques d’or et de platine. Mais cette reconnaissance internationale comporte aussi son lot de déceptions : Sipho s’aperçoit que l’Occident n’est pas la terre d’égalité dont il rêvait, la presse britannique accuse Johnny Clegg de piller le patrimoine culturel zulu, les maisons de disques américaines veulent bien les produire mais en imposant une couleur plus rock dans leur musique et trouvent que les paroles en zulu nuisent à la dimension commerciale de la musique du groupe. Les concessions consenties pour l’album « Work for all » déplaisent à Sipho qui décide d’abandonner la musique et se retire dans son village du Kwazulu. Il donnera le 28 avril 1985 son dernier concert en soutien à l’UDF (United Democratic Front), signant ainsi le départ de Sipho Mchunu et la fin de Juluka.

Savuka

Formé fin 1985 par Johnny Clegg (guitare, voix, danse), après le départ de Sipho Mchunu, Savuka (Nous sommes nés) est la nouvelle formation du Zulu blanc”, beaucoup plus rock.

Savuka a accueilli à des périodes diverses : Dudu Zulu (percussions, voix, chœurs, danse), Derek De Beer (batterie, percussions), Solly Letwaba (basse), Steve Mavuso (keyboards, chœurs), Keith Hutchinson (keyboards, saxophone, flûte, chœurs), Andy Innes (guitare), Jabu Mabuso (basse, chœurs) et la fille du groupe Mandisa Dlanga (voix, chœurs).

Savuka s’illustre en 1985 avec la sortie de « Third world child » comportant ses deux grands tubes internationaux « Asimbonanga » (« Nous ne l’avons pas vu » en zulu), une chanson dédiée à Nelson Mandela, alors prisonnier sur l’île de Robben Island, au large du Cap, en Afrique du Sud.
« Asimbonanga » sera repris, dans des versions diverses, par plusieurs artistes, dont Magic System et William Baldé.

Quant à « Scatterlings of Africa », c’est une chanson qui parle des dispersés d’Afrique. C’est le triomphe en France où Johnny Clegg rencontre personnalités politiques (Rocard, Danielle Mitterrand), stars françaises (Renaud) et africaines dont Mory Kanté avec qui il signe l’album « Take my heart Away » aux couleurs mandingues et Zulus. Au moment où Johnny Clegg et Savuka sortent l’album « Cruel, Crazy, Beautiful world », et le fameux titre « One Man One Vote » (Un homme, une voix), le syndicat des musiciens anglais refuse sa participation à la célébration du 70° anniversaire de Mandela à Wembley, à Londres, en Angleterre.

Malgré ses déboires, Johnny Clegg voit son quatrième album « Heat, Dust and Dreams » sélectionné pour les Grammy Awards dans la catégorie « Best World Music » et obtient le Bilboard Music Award du meilleur album du monde en 1993.

Le retour de Sipho

En 1994, quand Mandela sort enfin de prison, Johnny Clegg retrouve son ami Sipho Mcunu décidé à reprendre sa vie de musicien. Il sort son « Best Of In My African Dream » et en 1997, Juluka se reforme avec la sortie de « Ya Vuka Inkunz » (The Bull has Risen).

Durant toutes ces années post-apartheid, Johnny Clegg s’attache à revaloriser le patrimoine sud-africain menacé selon lui par la globalisation et le désintérêt de la bourgeoisie noire sud-africaine pour les cultures nationales. Il a également investi dans la compagnie African Sky qui récupére les composantes des cellulaires et ordinateurs pour en recycler les métaux. Il se bat également pour une véritable lutte contre le Sida (“Aids” en anglais), un fléau en Afrique du Sud. Le 29 Novembre 2003 au « Green Point Stadium », à Captown (Afrique du Sud), Johnny Clegg participe, en compagnie de nombreux autres artistes et groupes, au concert 46664, organisé par Nelson Mandela afin de récolter des fonds pour sa fondation qui œuvre pour la prévention et lutte contre le VIH (Sida) en Afrique-du-Sud.

46664 est le numéro de prisonnier de Nelson Mandela depuis le début de sa détention en 1964 jusqu’à sa libération en 1990.

Cet événement fera l’objet de trois CD Live et d’un DVD intitulés 46664 : The Event, dont le bénéfice des ventes sera intégralement versé à la Fondation Nelson Mandela.

Johnny Clegg, Docteur Honoris Causa

En 2006, il signe l’album « One Life » dont un titre sur les enfants soldats, « Boy Soldier », et une chanson en français, « Faut pas baisser les bras » (Don’t Give Up). L’année suivante, il reçoit le Honorary Doctorate of Music de l’Université de Witwatersrand. En décembre 2009, il participe à la bande originale du film « Invictus » réalisé par Clint Eastwood sur le parcours de l’équipe d’Afrique du Sud de rugby à XV, championne du monde en 1995 avec le morceau « The Crossing (Osiyeza) ». En 2010, « Ibhola Lethu », sa chanson sur le racisme dans les stades sous l’apartheid, période où les équipes de Soweto dominent le football sud-africain mais les Noirs interdits de stade avec les Blancs, est choisie comme hymne de la Coupe du Monde de Football en Afrique du Sud. Quelques mois plus tard, sort l’album Human dont un titre sur le conflit au Congo Kinshasa (RDC) (« Congo »).

An african childhood

Born in Rochedale, UK, Johnny Clegg grew up in Zimbabwe, South Africa and Zambia in a jewish family. His mother, Murial Braudo, was a jazz singer. Johnny Clegg was first influenced by his father in law, Dan Pienaar, a South African journalist fond of African culture.

Charlie Mzila and Sipho Mchunu

In 1966, Charlie Mzila, a zulu gardener, taught him Maskande guitar, Bhaca dancing (zulu style) and zulu language. Three years later, Johnny Clegg met Sipho Mchunu, a zulu dancer and guitarist and together, they performed in a duo named « Sipho and Jon ». Their first gig in public was at the University Great Hall in 1969 in a show called Tribal Blues. Their first recording, Woza Friday, was a fusion of celtic folk, rock and zulu music.

Juluka

In 1976, they formed Juluka, a band merging rock, celtic folk and zulu music, recorded first Universal man in 1979 ang got their first national recognition two years later with « Impi » , a song refering to a battle between the Zulu and the British which ended with the Zulu victory, a hidden event of South African history.
They made famous all over the work in 1982 with two hits: « Asimbonanga » and Scatterlings of Africa ». Juluka got since then several gold and platinium records, toured all over the world and finally parted in 1985 when Sipho Mchunu decided to give up music for agriculture and went back home.

Savuka

In 1987, Johnny Clegg formed Savuka and opted for a new style, more influenced by rock music. His new group made famous with Third world child followed by Take my heart, Cruel, Crazy, Beautiful world and Heat, Dust and Dreams. This latter album was nominated for the Grammy Awards and got a BillBoard Music Award in 1993.

Post-apartheid South Africa

In 1994, Mandela was liberated and Johnny Clegg found his friend Sipho Mcunu who decided to resume his musician’s life. In 1997, they re-formed Juluka and recorded Ya Vuka Inkunzi (The Bull has Risen).
Since the end of apartheid, Johnny Clegg struggles to protect south African music threatened with disappearance under the growing influence of american culture. He is as well involved in AIDS organizations.

"
"
"
"

À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

Sylvie Clerfeuille