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Originaire de Niarry Tally, un quartier de Dakar, au Sénégal, Ndèye Mbaye s’illustre d’abord comme danseuse du Ballet National Daniel Sorano en 1968 puis comme cantatrice de l’Ensemble lyrique traditionnel. C’est au sein de cette dernière institution qu’elle se fait un nom, dès les années 1970, avec des chansons comme "Liiti Liiti", "Fonk ligguey", "Nangoulène seey", "Damel" et surtout "Djinma Djinma" qui lui vaut son surnom. Ses textes sur l’amour du travail, la culture, l’histoire du Sénégal, l’éducation ou l’amitié, chantés d’une voix haut perchée, font d’elle l’une des divas les plus populaires du pays…”

Incha Allah

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Des débuts comme danseuse

A l’âge de 15 ans, Ndèye Mbaye se fait remarquer en tant que danseuse dans les fêtes dans de son quartier, comme les mariages, les baptêmes ou les “tanebers” (fête traditionnelle sénégalaise marquée par la danse et rythmée par les tambours sabar). “Je savais danser lorsque nous étions à Niarry Tally. J’étais déjà connue dans ce quartier. C’est un de mes oncles, Cheikh Mbaye, qui m’a repérée et qui m’a amenée à une audition organisée par le Théâtre national Daniel Sorano. Après l’audition, je suis entrée au Ballet national en 1968. Ma mère s’y était opposée avant de finir par accepter”, se souvient Ndèye Mbaye. Elle aurait pu être secrétaire de direction comme le souhaitait sa mère. “J’ai une formation en dactylographie. J’ai obtenu mon diplôme en 1967 au Cours Pigier de Dakar et j’ai exercé le métier de secrétaire durant un an, raison pour laquelle, ma mère ne voulait pas que je devienne chanteuse”, ajoute-t-elle.

Ensemble lyrique traditionnel

Au début des années 1970, Ndèye Mbaye intègre comme chanteuse l’Ensemble lyrique traditionnel alors dirigé par le tambour major Lama Bouna Mbass Guèye. Aux côtés de vocalistes et d’instrumentistes confirmés tels que Khar Mbaye Madiaga, Ndiaga Mbaye, Aminata Fall , Laye Mboup, Fa Mbaye Issa Diop et Maa Hawa Kouyaté (voix), Amadou Ndiaye Samb et Samba Diabaré Samb (xalam) ou encore Soundioulou Cissokho (kora), Ndèye Mbaye reste à l’écoute et perfectionne ses techniques vocales. “Nous ne pouvions pas chanter n’importe comment comme cela se fait aujourd’hui. Les anciens vous proposaient des thèmes. Une fois que la chanson est composée, ces anciens vous disaient soit d’ajouter quelques choses ou d’enlever un passage. En plus de cela, il y avait une grande réflexion pour concevoir les messages qui vont rester. Nous prenions en compte beaucoup de choses. Je chante pour conscientiser, pour éduquer”, fait-t-elle savoir.

Ndèye Mbaye enchaîne compositions sur compositions, accrochant les férus de la musique sénégalaise. Les chansons traditionnelles ou de mbalax moderne, comme « Liiti Liiti », « Fonk ligguey », « Nangoulène seey », « Damel », « Nelson Mandela » et « Djinma Djinma » remportent des succès éclatants. « Djinma Djinma », c’est un titre qui lui colle à la peau, un morceau fait aujourd’hui partie de son nom. Selon l’artiste, c’est avec la chanson « Djinma Djinma » que l’on réveillait les rois. Quant à « Damel » (feat. Youssou Ndour), c’est un au morceau qui évoque des récits épiques des grandes figures de l’histoire du Sénégal. Certains de ces morceaux se retrouvent dans ses cassettes comme Ndaamal daaru (1991), dont « Nelson Mandela », ou Kóllëré (1992).

Quelques années plus tard, Ndèye Mbaye « Djinma Djinma » est nommée directrice de l’Ensemble lyrique traditionnel avec lequel elle a sillonné à plusieurs reprises le monde (Afrique, Europe, USA, Amérique du Sud). “Je fus directrice de l’Ensemble lyrique traditionnel durant quatre ans. J’ai démissionné parce que mon calendrier et mes voyages ne me permettaient pas de rester au Sénégal pendant plusieurs mois. Pour ne pas porter préjudice à l’Ensemble lyrique traditionnel, je suis partie. C’est Ouza qui m’a remplacée”, dit-elle.

La militante des droits des enfants

Très concernée par les droits des enfants, Ndèye Mbaye abrite, depuis 2008 dans sa propre maison, le siège de La Case des tout-petits, l’association des femmes artistes pour la protection des droits de l’enfant dont elle est présidente et qu’elle finance elle-même par ses propres moyens.

Femme avertie, Ndèye Mbaye voyage à travers le monde pour importer une gamme de produits qu’elle vend pour subvenir à ses besoins. “Je refuse de rester les bras croisés. Je fais du commerce, j’ai une cantine (un magasin). Je remercie la directrice du Fonds de Promotion de l’Emploi (FPE), Ndèye Khady Guèye, qui aide les femmes à obtenir des prêts”. Cette femme généreuse n’en oublie pas sa famille, en ouvrant une cantine à chacun de ses frères et sœurs.

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Nago Seck

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