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“Née en 1942 à Saint-Louis, Aminata Fall, surnommée "la Mahalia Jackson sénégalaise" ou "la perle noire", est auteure, compositrice, comédienne et grande diva du jazz et du blues "made in Sénégal". Cependant, elle ne s'interdit pas des incursions mbalax-jazz dans certaines de ses chansons.”

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Influences

En vendant, enfant, des cacahuètes devant le « Cinéma Vox » du quartier Sindoné à Saint-Louis, Aminata Fall est saisie par les voix des divas américaines, Mahalia Jackson et Billie Holiday, qui s’échappent de la salle. Dès lors, elle veut devenir une chanteuse comme ces dernières.

Le Star Jazz de Saint-Louis

En 1958, Aminata Fall débute au Star Jazz de Saint-Louis de feu Papa Samba Diop alias « Mba » qui anime Le Cocotier, un club très en vogue à l’époque. Soutenue par une rythmique jazzmbalax (jazz-fusion), afro-jazz , afro-blues ou afro cubain, Aminata Fall s’illustre par sa voix de contralto ou de mezzo-soprano et ses improvisations détonantes. Elle connaît aussitôt le succès avec « Yaye boye », un lamento dédié à sa maman et qui sera repris par bon nombre d’artistes sénégambiens. Le grand public découvre alors l’une des premières cantatrices de la musique moderne sénégalaise. La sortie de « Mbeuguel » (chanson d’amour) révèle une parfaite maîtrise des negro spirituals, du blues et du jazz. Ces interprétations lui valent bientôt le surnom de « Mahalia Jackson Sénégalaise ». Aux journalistes qui lui demandaient si elle venais d’Amérique, elle répondait qu’elle ne savais pas où se trouvait l’Amérique, mais répondait par l’affirmatif : « Je suis de Saint-Louis d’Amérique ».

Ensemble lyrique traditionnel Daniel Sorano

En 1966, appelée par le président Léopold Sédar Senghor Aminata pour participer au 1er Festival Mondial des Arts Nègres à Dakar, Aminata Fall quitte sa ville natale pour la capitale. A la suite de cet événement, elle est recrutée par l’Ensemble lyrique traditionnel Daniel Sorano, la vitrine de la musique traditionnelle sénégalaise alors dirigée par Maurice Sonar Senghor. Dans les années 1970, Lama Bouna Mbass Guèye prend la direction de cet ensemble avec lequel Aminata sillonnera le monde entier. Elle sera pensionnaire de cette troupe jusque sa retraite.

La diva comédienne

En 1969, Aminata Fall participe au Festival Panafricain d’Alger, lieu de rencontres des plus grands noms de la musique africaine d’alors : Franklin Boukaka, Bembeya Jazz National et Boubacar Demba Camara, Kouyaté Sory Kandia, Manu Dibango, Miriam Makeba, Archie Shepp, Barry White, Nina Simone, Archie Shepp, Choukri Mesli, Barry White, Nina Simone, Ousmane Sembène, etc.

Aminata Famm restera 20 ans durant au sein de l’Ensemble lyrique traditionnel Daniel Sorano,, enchantant le public avec des titres comme « Taw ba ngui new » (une prière à la pluie), « Gan » (sur l’esclavage) ou « Sa ndèye » (sur les mauvais traitements des disciples par les marabouts) gravés en 1995 par Africa Fête de Mamadou Konté.

Parallèlement à la chanson, le cinéma et le théâtre lui font les yeux doux pour sa voix ample et magique mais aussi comme comédienne. En 1974, elle incarne Magoné N’Diaye dans « Touki Bouki » du défunt Djibril Diop Mambety. En 1995, elle joue dans « La vie a de longues jambes », une pièce de la styliste sénégalaise Oumou Sy, mise en scène par le Français Jean-Michel Bruyère. En 1998, le réalisateur Moussa Sène Absa lui consacre un documentaire, « Blues pour une diva ». Elle participe ensuite au Festival de Jazz de Saint-Louis après une opération chirurgicale en France, rendue possible grâce au concours financier des artistes sénégalais.

Festivals

1966 : 1er Festival Mondial des Arts Nègres à Dakar – Sénégal
1969 : Festival panafricain d’Alger, en Algérie
1977 : 2e Festival Mondial des Arts Nègres – Festac 77 – Lagos – Nigeria
1994 : Festival international de Jazz de Saint-Louis avec Keur Gui – Sénégal
1996 : 24e édition du Grenoble Jazz Festival avec la Compagnie Madior – France
1997 : Festival Montpellier Danse (France) avec la chorégraphie du danseur Bernardo Montet et l’écrivain et dramaturge Pierre Guyotat récitant son texte « Issê Tomossé ».
1998 : 6e édition du Festival international de Jazz de Saint-Louis (Sénégal), après son opération

La diva du blues n’est plus

Le 24 novembre 2002, cette cantatrice analphabète qui transcrivait ses chansons en dessins meurt dans sa maison à Saint-Louis, suite à une longue paralysie la condamnant à une amputation d’une jambe l’obligeant à se déplacer en la chaise roulante offerte par l’Association des métiers de la musique (AMS) et Secours sans frontières.. Elle avait 60 ans.

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Nago Seck

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