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Né à Fatick, dans le Sine ( Sénégal), d’un père, métis Libanais, et d’une mère, sérère, descendante du Bour (roi) Sine Coumba Ndoffène, l’auteur, compositeur et multi-instrumentiste (guitare acoustique, congas, tumba), Nicolas Menheim, est une des plus belles voix de l’ l’afro-cubain ou la salsa africaine. Ex chanteur du Super Etoile de Dakar de Youssou Ndour puis membre fondateur d’Africando, un des plus grands groupes de salsa africaine, Nicolas Menheim perd sa voix en 2003, une aphonie due à une maladie que les médecins n’arrivent pas à guérir, bien qu’il parvienne à émettre quelques sons… ”

Commandante Che Guevara

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Benny Moré, le maestro

statue_bennie_more.jpgTrès jeune, ses parents partent s’installer à Dakar où ils l’inscrivent à l’école primaire de la Sicap Baobab. Plus tard, Nicolas Menheim rejoint l’école de Dieuppeul, avant de retourner à Fatick, à partir du cours moyen 1ère année. A l’adolescence, il commence à s’adonner à la musique, marqué par la soul music noire américaine des Marvin Gaye, James Brown, Aretha Franklin, Otis Reading, Etta James, Wilson Pickett, Solomon Burke, Jackson Five… Il a alors 13 ans. Son baccalauréat en poche, il décide d’étudier l’anglais et de se consacrer à la musique. C’est à cette époque que Mr Diatta, un de ses professeurs devenu plus tard député, lui fait découvrir et aimer la salsa cubaine des Septeto Habanero, Orchestra Aragon, Johnny Pacheco, Senior Rodriguez… Dès lors, le jeune Nicolas commence à prendre goût à la salsa et tente de chanter cette musique, lui qui a des sources arabo-hispaniques de par son père et dont la grand-mère paternelle a des origines espagnoles un peu lointaines. Captivé par les excellentes voix des compositeurs Abelardo Barrosso (1905-1972) et surtout du maestro Maximiliano Bartolomé Moré Gutierrez dit Benny Moré (1919-1963), immortalisé par une statue de bronze à son effigie dans une rue de Cienfuegos, ville portuaire de Cuba, Nicolas Menheim se met à reprendre les morceaux de ce dernier, soutenu par son père qui l’aidait à mieux comprendre les partitions aux formes contractées du chanteur : «~Il faut comprendre que la musique cubaine, c’est la musique métisse, c’est la musique orientale, c’est la musique africaine. Et il y a aussi de la mélodie occidentale. Donc tous ces genres musicaux qui se rencontrent et qui se confondent dans la musique cubaine, je le ressens en moi. Ce qui fait que ça perdure, ce n’est pas un truc de mélodie, c’est une philosophie, un classique. Ça perdure jusqu’à la mort~», confie Nicolas Menheim.

Pape Seck, le mentor

pape_seck-4.jpgSur les conseils d’un de ses cousins, Nicolas Menheim intègre Le Diouniougne, un groupe de soul music et de salsa de sa ville natale, interprétant à ses débuts «~Esperanza~», la fameuse chanson de de l’Orchestra Broadway qu’il connaissait parfaitement. Lors d’une venue de l’Orchestra Baobab à Fatick, il s’inscrit, sous la demande persistante de ses amis à un radio-crochet et chante avec la célèbre formation de Dakar. C’est ainsi qu’il fait la connaissance des membres de l’orchestre, dont Médoune Diallo, devenu son «~grand frère~» spirituel. Dans les années 1980, son ami musicien Bassirou Lô lui présente Pape Seck de Number One de Dakar avec lequel il fait une jam session. Suite à sa performance remarquable, Pape Seck, qui deviendra son mentor, lui demande de rejoindre l’orchestre. A la création, en 1982, de l’Orchestre National du Sénégal dirigé par Abdourahmane Diop, Pape Seck parle à ce tout nouveau directeur du jeune talent. Après une audition positive, Nicolas Menheim l’orchestre national. Son mentor fera de même avec Ibrahima Sylla à la fondation d’Africando, devenu un des plus grands groupes de salsa africaine.

Africando

africando.jpgEn 1992, Ibrahima Sylla décide de réaliser trois albums avec trois ténors de l’afro-cubain sénégalais, Médoune Diallo, Pape Seck et Nicolas Menheim, tous d’ethnies différentes (peule, wolof, sérère). A la fin des enregistrements à New York (Etats Unis), il eut l’idée de réunir certains de leurs titres en un seul album plutôt que de les produire séparément. Reste à trouver, après accord des différentes parties, le nom du groupe. Ce sera Africando. C’est donc avec l’empreinte de ce trio vocal sénégalais et du chanteur cubain Ronnie Baro (ex Orchestra Broadway), les pionniers de l’orchestre, qu’Africando signe ses deux premiers albums, Trovador en 1992, Sabador (ou Tierra Tradicionalen 1994. En plus de leurs propres compositions aux accents wolofs, peuls ou sérères, ils y reprennent ou réadaptent en espagnol des classiques des grands musiciens cubains, mexicains ou portoricains comme Orchestra Aragon, Benny Moré, Noro Morales ou Miguel Matamoros. Leur musique afro-cubaine singularisée par des sections cuivres à la salsa (sauce) new-yorkaise, une parfaite maîtrise des merengue, pachanga, cha cha cha, mambo, guaganco ou son cubano et des diversités linguistiques et tonales s’impose bien vite dans les médias africains et occidentaux ainsi que dans les discothèques. Nicolas Menheim participera alors à cinq albums d’Africando (Trovador (1992), Sabador (1994), Gombo Salsa (1996), El Mejor (1998) et Baloba ! (1998)) et tournera dans les six continents.

Nicolas Menheim & le Super Sabador

Après la parution de Baloba ! en 1998, Nicolas Menheim, artiste éclectique désirant plus d’espace d’expression pour mettre en valeur ses propres compositions musicales et ses immenses possibilités vocales, quitte Africando et crée en 1999, à Dakar (Sénégal), le Super Sabador. Seul groupe afro-cubain (salsa) du pays intégrant une chanteuse, Maguette Dione, surnommée la Celia Cruz sénégalaise, Super Sabador est composé de talentueux et expérimentés musiciens, comme Camou Yandé (voix, congas), Cheikh Mbacké (timbales), Mamadou Diack (guitare, basse), Mansour Lam (voix, chœurs), Wilfred Zissou (trombone), Malick Barry et Théophile Preira (trompette) et bien sûr son ami Bassirou Bâ (maracas), décédé le 31 mars 2011. Avec cette nouvelle formation devenue incontournable sur la scène nationale, Nicolas Menheim enregistre en 2001 une première cassette, Néné chérie (Origine SA), suivie un an plus tard de Commandante Che Guevara (Out of Africa).

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Au lendemain d’une prestation dans un nightclub de Dakar en 2003, Nicolas Menheim n’arrive plus à chanter et perd sa voix, une aphonie due à une maladie que les médecins n’arrivent pas à guérir. Suite à une hospitalisation d’un mois à Cuba, des spécialistes détectent, d’une part, une hypertrophie des muscles un peu gorgés en dessous des cordes vocales, et d’autre part, un kyste au-dessus des cordes vocales. Ce qui empêche les cordes vocales de vibrer. Mais son état de santé s’améliore. Il parvient à émettre quelques sons et à sentir difficilement les tonalités et les notes. Aujourd’hui, celui qui manage et programme des groupes au Mirador, un club du quartier Sacré-Cœur à Dakar, offre son propre répertoire aux chanteurs de son groupe, continue à travailler sur de nouvelles compositions et désire créer un espace pluridisciplinaire pour les jeunes, comprenant un centre de documentation sur l’histoire des musiques et musiciens précurseurs…

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Nago Seck

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