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“Artiste emblématique de la musique afro-cubaine, l’auteur-compositeur, arrangeur, chanteur, flûtiste et saxophoniste, Pape Seck, un des précurseurs du mbalax moderne et membre fondateur du fameux orchestre Africando, a marqué plusieurs générations de musiciens sénégalais. Celui qui était considéré comme l'un des plus grands compositeurs et faiseurs de hits sénégalais disparaît le 2 février 1995 à Dakar, des suites d’un cancer... ”

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Le Star Jazz de Saint-Louis

Né en 1946 à Dagana, dans le Waalo, au nord du Sénégal, Pape Serigne Seck dit « Serigne Dagana » débute en 1962 au Star Jazz de Saint Louis (de feu Papa Samba Diop aka Mba et d’Aminata Fall) qui anime Le Cocotier, un club de la ville. Il s’illustre alors avec son premier hit, « Lakh bi » qui reçoit un accueil enthousiaste des médias et du public sénégalais.

Le Star Band de Dakar

En 1964, Pape Seck rejoint la capitale et le Star Band de Dakar du Miami Club d’Ibra Kassé, une formation d’afro-cubain composée entre autres de Dexter Johnson (chef d’orchestre, saxophone), Laba Sosseh (voix), Amadou Tall aka Lynx (percussions), José Ramos (guitare), Maguette Ndiaye (voix), Amara Touré (voix, timbales)… C’est au sein de cet orchestre qu’il compose « Mathiaki » (1967), son premier gros tube à la couleur salsa/mbalax, chanté en wolof/espagnol. Il interprétera cette chanson avec ses futurs groupes.

En 1968, Pape Seck entreprend un long périple en Afrique afin d’explorer d’autres sonorités continentales : la musique mandingue (Mali), le ziglibithy (Côte d’Ivoire), le makossa (Cameroun) et la rumba congolaise (Congo Kinshasa et Congo Brazza). A son retour, il réintègre le Star Band de Dakar et réalise de nombreux morceaux dont son méga hit, « Thiély » (« Mon oiseau » en wolof – 1971), « Mathiaki » (chanté en wolof et en espagnol) ou encore « Caramelo », une reprise dans une version latino-wolof du fameux titre de Johnny Pacheco.

L’Orchestre Star Number One

En 1975, suite à un différend avec Ibra Kassé, le boss du Miami Club où joue tous les soirs le Star Band de Dakar (Sénégal), Pape Seck décide de quitter l’orchestre pour fonder le Star Number One de Dakar communément appelé Number One de Dakar, avec Yakhya Fall (guitare), Thierno Kouyaté (saxophone alto & ténor) et Doudou Sow (voix). Le groupe comprenait aussi Badara Diallo (batterie, percussions), Moustapha Ndiaye (basse), Mamané Fall (tama (talking drum)), Ali Penda Ndoye (trompette), Alioune Hanne (percussions, chœurs), Pape Demba Diop (sax ténor), Mar Seck, Magatte Ndiaye et Pape Djiby Ba (voix).

Number One de Dakar sera l’une des premières à introduire des instruments traditionnels sénégalais comme les sabars et le tama (talking drum) dans la musique afro-cubaine.
Amoureux de latin-jazz, Pape Seck lance un style inédit alliant salsa et rythmique mbalax donnée par les sabars. Ses titres comme « Liti liti », « Waalo » (en hommage à sa région) ou encore « Mame Bamba » connaissent un énorme succès dans tout le Sénégal. Au sein de Number One, un des groupes phares de la scène sénégalaise jusqu’au début des années 1980, Pape Seck s’illustrera par ses nombreuses compositions dont « Médoune Khoulé » et « Yaye Boy », un titre repris par l’Orchestra Aragon de Cuba.

Orchestre National du Sénégal

Plus tard, Pape Seck est nommé directeur de l’Orchestre National du Sénégal créé en 1982 par le ministère de la Culture du gouvernement du président Abdou Diouf (actuel président de la Francophonie). Avec cette formation où officient des artistes ayant appris le solfège à la section musique de l’Ecole des Arts de Dakar ou au Conservatoire de Dakar, comme Moustapha Fall (trombone), William Badji (violon) ou encore Vieux Sidy Koïta (balafon), il s’oriente vers la musique tradi-moderne (mbalax), le jazz-fusion et les variétés internationales (soul, funk, pop).

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Africando

En 1992, Ibrahima Sylla décide de réaliser trois albums avec trois ténors de la musique afro-cubaine made in Sénégal : Médoune Diallo (ex Orchestra Baobab), Nicolas Menheim (ex Youssou Ndour et le Super Etoile) et bien sûr Pape Seck, tous trois d’ethnies différentes. A la fin des enregistrements à New York (USA), il eut l’idée de réunir certains de leurs titres en un seul album plutôt que de les produire séparément. Reste à trouver le nom du groupe. Ce sera Africando après accords des différentes parties. C’est donc avec l’empreinte de ce trio vocal sénégalais et du chanteur cubain Ronnie Baro (ex Orchestra Broadway) qu’Africando signe ses deux premiers albums, « Trovador » (1992), « Tierra Tradicional » ou « Sabador » (1994). En plus de leurs propres compositions aux accents wolofs, peuls, sérères ou espagnols, ils y reprennent ou réadaptent des classiques des grands musiciens cubains, mexicains ou portoricains. Leur musique afro-cubaine singularisée par des sections cuivres à la salsa new-yorkaise, une parfaite maîtrise des merengue, pachanga, cha cha cha, mambo ou guaganco et des diversités linguistiques et tonales s’impose bien vite dans les médias africains et occidentaux ainsi que dans les discothèques. Africando tournera dans plusieurs fois dans les six continents.

Pape Serigne Seck « Dagana » s’en est allé

Le 2 février 1995, cet artiste élégant à la voix éraillée disparaît des suites d’un cancer à Dakar, laissant aux mélomanes des hits inoubliables comme « Mathiaki », « Lakh bi », « Yaye Boy », « Liti liti », « Waalo » ou encore « Sabador », une adaptation de la « Bamba », un air traditionnel chanté à l’époque dans le golfe du Mexique et évoquant les musiques afro-antillaises.

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Nago Seck

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