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“Fils de Sidiki Diabaté né en Gambie (1922-1996), joueur de kora d’une notoriété légendaire dans toute l’Afrique de l’Ouest, et de la diva Nama Koïta (membre du Ballet National du Mali), l’auteur-compositeur et koraïste virtuose, Toumani Diabaté est né le 10 août 1965 à Bamako (Mali) dans une famille de griots. Il est issu de la 71ème génération de joueurs de kora de sa famille, adepte de musique mandingue. En 2006, il est couronné avec son compatriote Ali Farka Touré d'un Grammy Award aux Etats Unis dans la catégorie "musique du monde" pour les albums In the heart of the moon. Nommé ambassadeur UNAIDS / ONU Lutte contre le Sida en 2008, Toumani Diabaté recevra deux autres Grammy Awards : The Mandé Variations (2009) et Ali & Toumani (2010), en duo avec feu Ali Farka Touré. Toumani qui joue de la kora dans une gamme heptatonique, a ouvert, par ses créations et ses rencontres très originales, des voies nouvelles à la musique malienne dès le début des années 1980… ”

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Enfant prodige atteint de la poliomyélite depuis son jeune âge, Toumani Diabaté commence à jouer de la kora à 5 ans, période à laquelle il écoute les compositions de son grand-père Amadou Bansan et la musique européenne. On lui demandait souvent d’en jouer à l’école primaire. A cette époque, le Mali est engagé dans un programme actif destiné à encourager les ensembles régionaux à représenter le folklore local. Toumani Diabaté est alors recruté par l’Ensemble de Koulikoro (à environ 60 kilomètres à l’est de Bamako), formation avec laquelle il fait sa première apparition publique à l’âge de treize ans sous l’acclamation du public.

La diva Kandia Kouyaté

A dix-neuf ans, Toumani Diabaté rejoint les brillants jeunes musiciens qui accompagnent la grande diva griotte à la voix puissante et la plus célèbre du Mali, Kandia Kouyaté, avec laquelle il tourne dans toute l’Afrique en 1984. Membre de l’ensemble de son père Sidiki Diabaté, aux côtés de Bouraima Kouyaté (balafon), Djélimady Sissoko, Kandia Kouyaté et Mariama Kouyaté (voix), Toumani Diabaté (kora) participe, en 1987, à l’enregistrement par la BBC du concert donné au South Bank Centre de Londres (Angleterre) dans le cadre d’une série consacrée aux Musiques des cours royales (Music of the Royal Court). Depuis, Toumani a fait le tour du monde plusieurs fois, donnant plus de 2500 concerts et participant à plus de 200 festivals.

Le 22 septembre 1997 au Palais des Congrès de Bamako, Toumani Diabaté et Ballaké Sissoko enregistrent New Ancient Strings – Nouvelles Cordes Anciennes, rendant ainsi hommage à leurs pères Sidiki Diabaté et Djélimady Sissoko qui avaient enregistré en 1970 Cordes Anciennes, un album consacré à l’histoire de leur instrument de prédilection. Toumani Diabaté se mobilise pour la préservation de l’héritage du répertoire de la musique mandingue de kora traditionnelle au Mali et pour éduquer les générations futures à conserver leur riche patrimoine musical, tout en les encourageant à explorer les possibilités créatives dans la musique. Il est Président-Directeur de Mandinka Kora Productions, une structure de promotion de la kora à travers des ateliers, des festivals et divers évènements culturels. Toumani Diabaté est aussi professeur de kora, de musique moderne et traditionnelle au conservatoire Balla Fasséké des Arts, de la Culture et du Multimédia ouvert à la fin de l’année 2004 à Bamako au Mali.

Rencontres musicales

Après sa première tournée africaine avec Kandia Kouyaté en 1984, Toumani Diabaté est invité, deux ans plus tard, au Festival de Glastonbury, partageant la scène avec Youssou Ndour et Peter Gabriel. Trois ans plus tard, il signe son premier opus, Kaïra, considéré comme l’un des plus beaux albums de musique de kora mandingue. Mais c’est sa rencontre la même à Londres (Angleterre) avec le groupe espagnol Ketama des frères Ray Heredia et Juan El Camborio Carmona Amaya et de leur cousin José Sorderita Soto (grands maîtres du flamenco) et le contrebassiste anglais Danny Thompson, qui lui ouvre les scènes d’Europe comme le Printemps de Bourges. Ensemble, ils enregistreront les albums Songhaï (1988) et Songhaï 2 (1994). Cette magnifique alchimie entre les cordes de la kora mandingue, les guitares flamenco et la contrebasse jazzy de Danny Thompson (musicien de Rod Stewart) signera le début des rencontres musicales de l’artiste malien. Il réalisera plusieurs collaborations dont une rencontre classique avec la harpiste hollandaise Ernestine Stoup, un dialogue instrumental avec un joueur de sarod (cithare indienne de 26 cordes), un magnifique duo avec le bluesman américain Henry Saint Clair Fredericks alias «~Taj Mahal~» (Kulanjan) puis croisera ses cordes avec celles d’un autre koraïste expert, son compatriote Ballaké Sissoko (CD New Ancient Strings).

Le rôle culturel de Toumani Diabaté

Plus que n’importe quel autre joueur de kora, Toumani Diabaté est l’un de ceux qui ont fait connaître cet instrument riche et complexe dans le monde entier. Il est non seulement un musicien d’une grande virtuosité et d’une créativité exceptionnelle prouvant que la kora peut rivaliser avec les « plus grands » instruments du monde, mais il joue aussi un rôle capital comme leader de groupe, défenseur de la musique, compositeur et maître de kora.

Sa musique a une force d’expression et une beauté qui élèvent les puissantes traditions des griots mandingues vers de nouveaux sommets et les emmènent sur d’autres territoires. Il est à la tête d’une nouvelle génération de griots maliens qui sont à la recherche constante de différentes façons de moderniser cette tradition, tout en continuant de l’honorer. Il n’y a pas de doute sur le fait que sa musique reflète une image profondément positive de l’Afrique et crée un impact sur le marché mondial. La musique est, en effet, l’une des plus grandes ressources du Mali et de l’Afrique et Toumani Diabaté le démontre amplement.

Ainsi, Cheick Modibo Diarra, le chercheur malien de la NASA, a emmené et écouté lors du programme spatial Pathfinder le CD Kaïra de Toumani Diabaté tandis que Kulandjan figure parmi les cinq CD préférés du président américain Barack Obama. Cheick Modibo Diarra, actuel président de Microsoft Afrique, est nommé premier ministre du Mali le 17 avril 2012 pour diriger le gouvernement d’union nationale de transition…
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Les récompenses et titres

Bénéficiant d’une réelle reconnaissance internationale pour sa contribution au développement de la kora, Toumani Diabaté apparaît comme une figure emblématique de la musique africaine ; ce qui lui vaut plusieurs récompenses, nominations ou titres comme le Tamani d’Or 2003 pour le meilleur joueur de kora (Trophées de la musique au Mali) ou le Zyriab des Virtuoses 2004 (prix de l’Unesco décerné au festival Mawazine organisé par le roi du Maroc Mohamed VI – il est le premier africain noir à recevoir ce prix). En 2006, Toumani Diabaté est couronné avec son compatriote Ali Farka Touré aux Grammy Awards aux Etats Unis dans la catégorie «~musique du monde~» pour l’album In the heart of the moon qu’ils ont réalisé en duo sans répétitions. Ils y reprennent magnifiquement le fameux morceau «~Kaïra~»…
La même année, il est fait Chevalier de l’Ordre National du Mérite par Amadou Toumani Touré dit «~ATT~», le président de la république du Mali. En 2007, Toumani Diabaté reçoit un second Tamani d’Or pour la meilleure musique d’inspiration traditionnelle, suivi, un an plus tard, du Grand prix du disque et du DVD 2008 de l’Académie Charles Cros à Paris, dans la catégorie «~musique du Monde~» pour son album The Mandé Variations. Après sa nomination en 2008 comme Ambassadeur UNAIDS / ONU Lutte contre le Sida (7 personnes sont ainsi nommées de part le monde), Toumani Diabaté est successivement couronné aux Grammy Awards 2009 et 2010 aux Etats Unis dans la catégorie «~musique du monde~» pour son CD The Mandé Variations et pour l’album en duo avec Ali Farka Touré, Ali & Toumani

Boulevard de l’Indépendance

Artiste à la fois éclectique et inventif, entouré d’excellents artistes et de son groupe Symmetric Orchestra, Toumani Diabaté réalise en 2006, Boulevard de l’Indépendance, un album d’une extraordinaire richesse mélodique et rythmique. Toumani Diabaté navigue dans divers courants musicaux aussi bien dansants qu’entraînants : des rythmes endiablés malinkés version funk dans « Toumani » ou « Ya Fama » avec respectivement aux voix Soumaïla Kanouté et Kassé Mady Diabaté, des musiques du répertoire authentique de kora revisité dans « Mali Sadio » chanté magnifiquement par Mangala Camara, le beat manding avec des traits de tambi (flûte peule) dans « Wasso », une version du fameux air traditionnel « Ceddo » chanté ici par le jeune Morissanda Kamissoko ou encore une parfaite symbiose de ses deux sonorités mères, répertoire mandingue de la kora et mbalax des sabars sénégambiens (Toumani est d’origine gambienne de par son père) dans le très touchant et terrible « Tapha Niang », un must à l’orchestration symphonique interprété excellemment par Moussa Niang, un chanteur sénégalais installé à Bamako où il se fait appelé «~Moussa Diabaté~». On retrouve le même auteur poser ses intonations wolofs sur « Africa Challenge » au beat afro-cubain et sur «~Single~», un morceau d’une grande intensité rythmique alliant musique mandingue, afro-beat et funk. En bonus, un DVD sur Toumani Diabaté à Bamako, initiant de jeunes «~korafolas~» (joueurs de kora) dans son immense salon ou réalisant à l’hôtel Mandé l’enregistrement de cet album qui a duré une semaine.

Toumani & Sidiki Diabaté

En 2014, Toumani enregistre avec son fils Sidiki Diabaté un album familial, Toumani & Sidiki, proposant une relecture instrumentale et acoustique à quatre mains de morceaux délaissés, oubliés, joués sur des modes peu utilisés (“saouta” (équivalent de la gamme majeure occidentale) ou “sillaba” (sons complexes émis par une seule voix)), qui nous promènent à travers l’imaginaire mandingue en lui transfusant un sang neuf.

Toumani Diabaté : Docteur Honoris Causa

Le jeudi 23 juillet 2015 à Londres (Angleterre), Toumani Diabaté a été élevé au grade de Docteur Honoris Causa par École des études orientales et africaines (SOAS University of London). Ce prix vient récompenser tout son travail pour la valorisation de la kora comme instrument de classe mondiale. « Je n’ai pas de licence mais seulement de la chance. Pour devenir professeur, il faut d’abord être élève. Il faut que les jeunes acceptent d’apprendre auprès des aînés afin d’avoir leurs secrets. Chez moi par exemple, les enfants sont initiés à bas âges, c’est le cas de mon fils Sidiki Diabaté.« , dira avec malice le talentueux artiste au journaliste Ibrahima Dia de www.malinet.net.

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* Source : http://www.toumani-diabate.com

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Nago Seck

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