Une formation familiale
Les Diabaté sont l’une des grandes familles de griots (djélis), celle-là même dont l’ancêtre Mory Kaba Diabaté combattit aux côtés de l’empereur Soundjata Keïta au XIIIème siècle. Quant à Kéla, sa ville natale, c’est la ville des griots, le saint des saints de la tradition musicale. Parmi ses innombrables frères, soeurs et cousins griots, tous nantis d’un héritage musical somptueux et initiés à chanter sans micro devant les foules, Kassé Mady tranche par la douceur de sa voix. C’est à cette voix magique puissante et suave, que Kassé Mady doit sa place dans la musique malienne. A vingt ans, son nom a fait le tour de la vieille capitale du pays mandingue, Kangaba.
Kassé Mady et le National Badéma
Quand Demba Diallo, commandant du cercle de Kangaba, dans la région de Koulikoro, et mécène, monte un orchestre, il le réclame comme chanteur. C’est la première rencontre de Kassé Mady et de la musique électrisée. En quelques années, il se taille la renommée de « premier chanteur malinké » (l’ethnie dominante en pays mandingue). Cette renommée se propage jusqu’à Bamako, et en 1972, le Ministère de la Jeunesse le nomme chanteur du Badéma, l’orchestre national de la capitale. Jusqu’en 1988, Kassé Mady va donc mener une double carrière : griot auprès des grands, dans les fêtes traditionnelles, et chanteur polyvalent avec un orchestre électrisé de la capitale. Hormis les nombreuses cassettes du Badéma diffusées en pays mandingue, Kassé Mady n’avait jamais eu l’occasion de faire un disque solo. Pour enregistrer Fodé (1988), le producteur Ibrahima Sylla (Syllart Productions) fait appel à l’arrangeur de renom, Boncana Maïga. Ce Songhaï de Gao (Nord Mali), virtuose de la flûte, cofondateur en 1965 à la Havane, à Cuba, de Las Maravillas de Mali , fit huit ans d’études musicales à Cuba, avec ses comptriotes Dramane Traoré (flûte), Moustapha Sako (violon), Aliou Traoré (violon), Abdoulaye Diarra (violon), Mamadou Tolo (violon) et Salif Traoré (contrebasse). Boncana Maïga a joué avec Fania All Stars à New York, composé et arrangé nombre de tubes afro-pop et de la musique dodécaphonique. La rencontre de ces deux hommes si différents est une aventure, dont chacun sort, émerveillé, par le talent de l’autre.
Songhai 2
Après Fodé, Kassé Mady Diabaté enregistre en 1990 Kéla Tradition, un opus dévoilant un versant plus sobre du chanteur malien, avec une orientation acoustique et des qualités vocales mises en valeur par une instrumentation maîtrisée au service d’un répertoire mandingue. Trois ans plus tard, il est du projet Songhai 2, aux côtés du groupe de flamenco espagnol Ketama et de son compatriote Toumani Diabaté, le virtuose de la kora qui l’invite ensuite sur Kulanjan, réalisé avec Taj Mahal.
Sept ans après la parution de Kassi Kassé en 2002, Kassé Madi Diabaté s’entoure d’artistes de renom, comme le virtuose du ngoni Moriba Koïta, et les guitaristes experts Ousmane Kouyaté et Djélimady Tounkara, pour la réalisation de Manden Djeli Kan, une oeuvre acoustique enracinée dans le terroir mandingue et dominée par la puissance de sa voix impressionnante. En 2014, il enregistre Kiriké, un opus acoustique produit par Vincent Segal (violoncelliste et bassiste français), et réalisé avec trois prodigieux solistes, amis d’enfance, anciens de l’Ensemble Instrumental du Mali, et surtout trois héritiers de grandes lignées : Ballaké Sissoko (kora), Lansiné Kouyaté (balafon), Badjé Tounkara (ngoni)… Avec ces derniers, Kassé Mady réalise une session live du fameux titre “Simbo”.
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