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“Si la musique africaine parle à votre tête et à vos jambes, vous ne pouvez pas ne pas connaître Jerry Malekani aka Bokilo, ce guitariste virtuose congolais qui offre ses chapelets de notes joliment piquées à Manu Dibango depuis 1972, après Ry-Co Jazz et Joseph Kabasélé aka Grand Kallé Jeff. ”

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Jerry Malekani et Ry-Co Jazz

Né le 18 avril 1938 à Léopoldville (actuel Kinshasa), en République Démocratique du Congo (RDC), l’auteur-compositeur, arrangeur et guitariste Jerry Malekani aka Bokilo commence sa première tournée à 15 ans.
Début 1959, Jerry « Bokilo » Malekani, influencé par Henri Bowane, le premier à lancer le picking à la guitare dans le pays, rejoint comme guitariste, à Bangui (République centrafricaine), Ryco Jazz, alors célèbre orchestre de rumba et de soukouss congolais, avec des incursions afro-jazz, twist, pop, afro-cubain, merengue, biguine

Ryco Jazz ou Ry-Co Jazz, contraction de Rythmes Congolais, était alors composé de Freddy N’kounkou (lead vocal), Jean-Serge Essous (sax, clarinette, voix, chœurs), Mbilia Casimir (batterie, congas, chœur), Pierre Ndinga (guitariste accompagnement), Panda Gracia (basse), Fidel Bateke (clarinette, chœurs) et Chico Gelman (basse, chœurs). Ils seront rejoints plus tard par Chico Gelman (clavier) et Marie-Jo Prajet (congas). Avec cette formation, il tourne à travers toute l’Afrique : République Démocratique du Congo (RDC), Nigeria, Côte d’Ivoire, Ghana, Liberia, Guinée, Sierra Leone, Gambie. A Dakar, au Sénégal, l’orchestre enregistrera un album pour le label français Vogue. En 1964, Ry-Co Jazz investira plusieurs salles parisiennes… De 1966 à 1967, Jerry « Bokilo » Malekani est, en compagnie de Manu Dibango (piano), dans l’African Team de Joseph Kabasélé aka Grand Kallé Jeff.
En 1967, il est sollicité par ses amis du Ryco Jazz pour une tournée en Martinique et en Guadeloupe où ils sont produits par l’auteur-compositeur, interprète et producteur, Henri Debs. Un an durant, le groupe animera les nuits chaudes de l’hôtel Gallery Bakoua de la Martinique et fera aussi une tournée dans divers autres pays (Grenade, Guyane, Porto Rico, Vénézuéla, Barbade).

Jerry Bokilo Malekani, l’ami fidèle de Manu Dibango

Les rythmes émoustillants de la rumba et du soukouss congolais ainsi des musiques populaires urbaines africaines que Jerry Malekani injecte savamment dans son répertoire font un malheur dans les îles. C’est lui qui découvre le batteur guadeloupéen Claude Vamur (Kassav’) et le présente à Manu Dibango. Ses multiples pérégrinations sur l’ensemble des continents lui ont permis de s’imprégner de courants extrêmement divers. Il adore en outre le jazz : ses maîtres se nomment Wes Montgomery, Charlie Christian, Kenny Burrell…

Son riche itinéraire rend son album éponyme (Bleu Caraïbes – 1990) précieux à nos oreilles et à notre cœur. Des écoutes répétées aident à capter les subtilités d’une musique généreuse qui appelle à la danse. Il s’inspire des musiques populaires – urbaines ou villageoises – du continent noir. Mais il s’en distancie habilement par des arrangements très soignés et une production (de Slim Pezin, ancien compagnon de Manu Dibango) : soukouss qui s’encanaille avec l’afro zouk (« Losako ») ou avec le jazz-fusion (« Soukouss »), traitement de voix à la manière pygmée (« Zamba », « Pygmées »)… Le grand frère Manu Dibango qu’il a accompagné dans la plupart de ses albums mais aussi sur scène a offert son souffle à cet album qui nous empêche de danser idiot.

Jerry Malekani s’en est allé avec ses riffs de guitare ondoyants

Le lundi 18 juillet 2011 à Paris, en France, Jerry « Bokilo » Malekani, guitariste expert et éclectique qui a fait les beaux jours de divers groupes, disparaît suite à une longue maladie.

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Nago Seck

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