" "
“Doté d’une voix exceptionnelle, l’auteur-compositeur Abdoulaye Mboup aka Laye Mboup fut et demeure encore l’inspirateur et le formateur de nombreux interprètes de la musique sénégalaise dont Thione Seck . Ex-membre de l’Ensemble lyrique traditionnel du Théâtre Daniel Sorano dirigé à l’époque par Lama Bouna Mbass Guèye, cette voix d'or charismatique a introduit, à travers l’Orchestra Baobab ("Gouy Gui" en wolof), le chant griottique original dans la musique sénégalaise d'orchestration moderne. Figure emblématique de la scène sénégalaise s'adaptant à divers styles (afro-cubain, afro-pop, musique acoustique musique classique africaine, musique lyrique africaine, mbalax...), Laye Mboup disparaît le 23 juin 1975 dans un tragique accident de la route. ”

"
"

L’école coranique

Né le 27 février 1937 à Dakar de la grande et prestigieuse famille des « guewels » (griots wolofs sénégalais), des historiens, musiciens et conteurs gardiens des traditions intellectuelles et artistiques, Abdoulaye Mboup dit « Laye » fréquenta l’école coranique où il apprit à chanter de mémoires fraîches et s’initia alors qu’il était sans armes philosophiques aux chants de louanges et aux poèmes de circoncision à l’école de Ndiaye Lô et d’Alioune Badara Mbaye Kaba, deux grands maîtres de la parole. Il exerça ensuite le métier de mécanicien qu’il abandonna très tôt pour le Théâtre Daniel Sorano de Dakar où il servit en qualité de chanteur dans l’Ensemble lyrique traditionnel du Sénégal.

Orchestra Baobab

Laye Mboup est arrivé à la musique moderne via l’Orchestra Baobab de Balla Sidibé, Rudy Gomis, Barthélémy Attisso, Baro N’Diaye… au moment où bien des têtes pensaient que les thèmes traditionnels ne pourraient jamais s’accommoder d’arrangements de grands ensembles du type occidental. Mais, avec son intuition vocale nourrie de l’héritage essentiel des sages du Cayor (ex royaume et actuelle région du Sénégal), le génie du compositeur et saxophoniste Issa Sissokho (chef d’orchestre) et ses variations jazzistiques vinrent effacer pour de bon ce voile absurde. C’est au sein de cette formation que les mélomanes découvrent qu’il avait toujours, en chantant, une vision très élevée des choses de la Cité. Son célèbre titre « Lamine Guèye » rend hommage au grand homme politique sénégalais, Lamine Guèye. Celui qu’on appelait aussi Lamine Coura Gueye (1891/1968) fut le premier juriste noir de l’Afrique française coloniale, maire de sa ville natale, Saint-Louis, magistrat à l’île de la Réunion, fondateur du premier parti politique moderne de l’Afrique francophone, le PSS (le Parti Socialiste Sénégalais), maire de Dakar, sous-secrétaire d’État à la Présidence du Conseil du gouvernement Léon Blum, député à l’Assemblée constituante française après la Seconde guerre mondiale…

Dans son fameux hit « Nijaay » (« Nidiaye ») aux couleurs mbalax (LP « M’Beugene » de l’Orchestra Baobab (1972) repris par nombre d’interprètes sénégalais, un souvenir pathétique qui hanta l’artiste séparé de sa femme, Laye Mboup lance, d’une voix de soprano, un cri de douleur devant l’image de détresse que représentent leurs enfants. Une terrible leçon d’amour qui devient au fur et à mesure qu’on l’écoute mélancolique et nostalgique.

La voix d’or sénégalaise s’est éteinte

Le 23 juin 1975, Laye Mboup meurt dans un tragique accident de la route au service de l’art, cet art dont il aimait à dire qu’il lui devait tout. Après sa disparition, hommage lui est rendu par plusieurs artistes ainsi que l’Orchestra Baobab à travers la voix de son émule Thione Seck qui a repris nombre de ses chansons.

"
"
"
"

À propos de l'auteur

Nago Seck

Nago Seck

Laissez un commentaire