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“ Née en 1964 à Yaoundé (Cameroun), Sylvie Marie Claude Doumbé Moulongo aka Kaïssa Doumbé est auteure, compositrice et chanteuse basée à New York, aux Etats-Unis, depuis 1996, après avoir vécu à Paris pendant 20 ans. Ses textes sur les réalités socio-économiques du monde, la pauvreté, les conflits, l’injustice, mais aussi les héros de la lutte pour la liberté, la joie de vivre, la paix, l’unité, chantés d’une voix riche, puissante et aux inflexions multiples en une dizaine de langues, dont le douala, le baka, le xhosa, le malinké, le français ou l’anglais. Celle qui se définit comme une “panafricaine” intègre à son afro-pop du RnB/Soul et ses diverses influences camerounaises (makossa, mangambeu, bolobo, assiko…), sud-africaines (mbaqanga), nigérianes (afro-beat), musique mandingue, congolaises (rumba), américaines (jazz, blues, funk, pop, folk) ou jamaïcaines (reggae, ragga)…”

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Deux frères bassistes

Kaïssa Doumbé grandit aux sons de diverses musiques camerounaises, africaines et occidentales dans une famille nombreuse, dont deux frères bassistes, Raymond Doumbé basé à Paris et Frédéric Doumbé aka Fred Doumbé à Los Angeles (Etats-Unis). A l’âge de 5 ans, elle commence à chanter pour divertir sa famille.

L’oncle Eboa Lotin

Son oncle, Eboa Lotin, est un auteur-compositeur, percussionniste, guitariste et chanteur très célèbre au Cameroun est l’un des premiers à intégrer la musique bafia et le folk dans le makossa.

Influences

Elle sera aussi influencée par ses compatriotes Anne-Marie Nzié, Ekambi Brillant, Manu Dibango, Toto Guillaume, Charles Ewanje Epee, la Sud-africaine Miriam Makeba, le Malien Salif Keïta, les Américains Michael Jackson et Randy Crawford, ou encore le Jamaïcain Bob Marley…

A l’âge de 13 ans, elle est envoyée à Paris (France) pour un traitement médical, qui devait être d’une courte durée, mais a finalement nécessité qu’elle s’installe dans la capitale française vu la régularité à laquelle elle devait se rendre à l’hôpital. C’est ainsi qu’elle a suivi ses études secondaires et universitaires à Paris, tout en s’initiant à la musique auprès de son frère Raymond Doumbé, excellent bassiste ayant joué avec Miriam Makeba, Paul Simon, Salif Keïta, Mory Kanté, David Lewis Band, Papa Wemba, Big African Band, Ricky Ford Quartet…

Premiers studios et concerts

Après son baccalauréat littéraire, Kaïssa Doumbé poursuit des études de Droit à l’université de Nanterre Paris X, sous l’insistance de mon père qui la destinait à une carrière d’avocate au barreau de Douala. Tout en suivant les cours, elle faisait en cachette des séances de studio et des concerts avec divers artistes, dont certains de ses idoles. Ces expériences et son premier concert initié par son frère Raymond Doumbé l’ont permise de chanter dans au moins une dizaine de langues, avec des artistes de tous horizons. Elle se rend alors compte qu’elle était beaucoup plus attirée par la musique que le droit, et que chanter était sa passion. “Un jour, j’ai dit à papa “le droit, ce sera dans une autre vie”.

Bientôt, Kaïssa Doumbé commence à se faire un nom dans le milieu musical. Elle accompagnera, outre son frère Raymond Doumbé, une pléiade d’artistes de renom, comme choriste en studio ou sur scène : Charlélie Couture, Manu Dibango, Pierre Akendengue, Salif Keïta, Cesaria Evora, Brice Wassy, Koffi Olomidé, Awa Maïga, Jack Djeyim, Roméo Dika, Teta Lando, Papa Wemba, Toto Guillaume, Grace Decca, Philip Nikwé (Alafia), André Manga, Jean-Michel Jarre, Medy Dayas, Alain Agbo, Géo Masso, Miriam Makeba, Diana Ross, etc. Ces diverses expériences vont lui servir pour composer ou écrire ses chansons.

Fascinée par la diversité musicale de New York lors d’une tournée américaine en 1994, Kaïssa Doumbé décide de s’y installer en 1996. Quelques mois plus tard, elle monte son groupe, entourée d’excellents musiciens, afin de développer sa propre vision de la musique. En 2002, alors qu’elle n’a pas encore signé avec une maison de disques, son titre “Nika Pata Lambo” aux parfums RnB/Soul est sélectionné pour la compilation Global Soul, réalisée par Putumayo, l’occasion d’avoir une réelle visibilité pour son futur album grâce à la distribution mondiale de ce label américain.

Looking There

En 2004, Kaïssa Doumbé sort Looking There (Sony Music), son premier opus dédié à la mémoire de ses ancêtres et entièrement enregistré avec entourée des musiciens fabuleux chez elle, dans le studio qu’elle a monté avec son mari. La chanson « Essimo”, inspirée par le film « Camp de Thiaroye” du Sénégalais d’Ousmane Sembène sur les soldats français d’origine africaine dits « tirailleurs », dénonce les abus coloniaux, les massacres des hommes de bonne volonté et des héros africains. “Senga” est un appel à l’écoute des autres et à l’ouverture d’esprit tandis que “Joy” est un hommage à sa mère. “Sangwam” est dédiée à son feu frère Eyoum Jean Georges Doumbé Moulongo, “Ombwa”, une incitation à la confiance en soi pour réaliser ses rêves, et “Aléa So”, un hymne à la joie de chanter.

La même année, Kaïssa Doumbé participe à deux compilations réalisées par Putumayo : World Reggae avec “O Si Keka” et Women Of Africa avec “To Ndje”. Suite à son concert mémorable 16ème Africa Festival de Würzburg, en Allemagne, en mai 2004, les critiques, subjugués par la puissance de son timbre vocal, diront qu’elle est « Une des futures grandes voix de l’Afrique ». En 2007, elle est fait partie d’une nouvelle compilation Putumayo, Women Of The World Acoustic avec “Wa”.

Paul Simon et David Byrne : la reconnaissance internationale

En avril 2008, le récapitulatif de la carrière de Paul Simon à la Brooklyn Academy Of Music à New York offre à Kaïssa Doumbé une reconnaissance américaine et une large audience. En effet, elle est invitée par la pop star américaine à interpréter, aux côtés du Britannique David Byrne, de la Brésilienne Luciana Souza et des Sud-Africains Ladysmith Black Mambazo et Vusi Mahlasela, plusieurs de ses chansons, lors de la série de concerts “Under The African Skies”, une célébration de ses albums Graceland et The Rhythm Of The Saints.

Il m’accompagnait à la guitare, lui complètement au fond de la scène, moi en avant. J’ai chanté cinq de ses chansons ! Quelle leçon d’humilité et de grandeur de la part de cette légende! C’est à cette occasion que j’ai rencontré David Byrne. Deux semaines après la fin de cette série de concerts, j’ai reçu un e-mail de David, me demandant: « Serais-tu intéressée de faire une tournée avec moi ? J’ai cru à un canular…. Nous avons fait le tour du monde pendant un an !”, confie Kaïssa Doumbe qui poursuit : “D’avoir eu le privilège de travailler avec eux est une expérience formidable. J’ai beaucoup appris, non seulement musicalement mais aussi humainement. Je me suis véritablement sentie validée à New York City lorsque Paul Simon m’a invitée à chanter ses chansons alors que lui m’accompagnait à la guitare, lui complètement au fond de la scène et moi en avant sur cinq de ses chansons ! Quelle leçon d’humilité et de grandeur de la part de cette légende !”

A la même période, elle participe avec son titre avec “Lonon” à African Dreamland, une compilation de Putumayo dédiée aux enfants.

Suite à cette tournée internationale de David Byrne, dont son compatriote Brian Eno (musicien, arrangeur, producteur), le public camerounais découvre pour la première fois, le 19 décembre 2008 à la 7ème édition du FENAC (Festival National des Arts et de la Culture) à Maroua, Kaïssa Doumbé en live, elle qui est plus connue en France, aux Etats-Unis, en Pologne, au Pérou, en Nouvelle Zélande, au Brésil ou au Japon qu’au Cameroun. Par exemple, lors de ses concerts aux Etats Unis, son titre “Né musango”, chanté en douala, est repris en chœur par le public : “Cela démontre combien la musique est universelle. Je peux vous l’assurer, mon audience ne comprend pas mes mots, mais elle les ressent. Je ne pense donc pas que la langue soit un obstacle, un frein, peut-être ?

I’m So Happy

En 2010, Kaïssa Doumbé sort I’m So Happy, son deuxième opus, un hommage au Monde Noir, dans ses joies et ses turpitudes. Brisant les barrières de la langue (elle y chante en douala, baka, xhosa, malinké, français ou anglais), Kaïssa Doumbé explore divers rythmes africains (makossa, mangambeu, bolobo et assiko camerounais, mbaqanga sud-africain, afro-beat nigérian, musique mandingue…), qu’elle mêle au jazz, au blues, funk, à la pop, au folk ou au reggaeI’m So Happy est aussi un hommage à ses aînés Miriam Makeba, Charles Ewanje Epée, Fela Anikulapo Kuti, Salif Keïta, et bien d’autres… Réalisé entre autres, avec son frère Fred Doumbé (basse), Gregg Fine (guitare, keyboards), Maciek Schejbal (batterie), Gregg Fine et Maria Nocera (auteurs), I’m So Happy dénonce les injustices, le mensonge, l’infidélité, les conflits, les réalités socio-économiques, la pauvreté, le manque d’éducation et de soins médicaux de base, l’isolement social et l’exclusion, et prône l’amour et la solidarité.

En introduction à ce magnifique album, Kaïssa Doumbé rend hommage aux Baka, à travers « Baka », un chant polyphonique pygmée. Les Baka (Bebayaka, Bebayaga, Bibaya ou Babinga), sont un groupe ethnique appelé pygmée, que l’on retrouve au Cameroun, en Congo Kinshasa (RDC), au Gabon et en Centrafrique. « Eyala » est un hommage aux Babambe, ces ancêtres qui transmettent la tradition, enseignent et montrent la voie de par leur sagesse et leurs sacrifices. « Lonon » conseille aux enfants d’être patients pour, un jour, participer à la solidarité communautaire et familiale, par le fruit de leur travail. « Nengue Dipita » parle des challenges et vicissitudes de la vie, l’assurance qu’il y a suffisamment de magie et de force intérieure chez chaque humain, des d’éléments nécessaires à la création d’un monde meilleur. « Mandjou », un chant a capella, est une reprise de la fameuse chanson mandingue de Salif Keïta à la voix extraordinaire. « Afro Beat » est une dénonciation des « accapareurs assoiffés du pouvoir », un hommage à Fela Anikulapo Kuti, un homme qui n’a jamais eu peur de dire la vérité. « Fanta » est une introspection. C’est une chanson afro-folk, avec guitare et kora. « A Ghetto In The Sahara », comprenant un passage en anglais, est le récit d’une femme africaine tentant d’emmigrer au Nord (Europe ou Amérique du Nord). Forcée sur les bateaux hier, aujourd’hui indésirables… rejetées. « Myango” parle des blessures d’une femme trompée par l’homme aimé. Quant à « Mamelodie », une chanson afro-folk, c’est une déclaration d’amour pleine de vie et d’espoir.

*Sources :
https://www.kaissa.com/
https://www.bonaberi.com/
https://www.peuplesawa.com/

*Crédits photo :
https://m.flickr.com/
Cosmos Visual / Phamton Producciones

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Nago Seck

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