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“Née en 1932 à Bibia, Lolodorf, dans la circonscription de Kribi, au Cameroun, Anne-Marie Nzié, est auteure-compositrice, chanteuse et première artiste féminine du pays à jouer de la guitare sur scène. Elle swingue d'abord sur l’afro-folk, le jazz, la rumba congolaise et la biguine antillaise des années 1950 avant d'explorer le bikutsi et le ngoumba (Les Ngoumba (ou Ngumba ou Soo) sont une population originaire de Kribi et Lolodorf, au sud Cameroun). Elle est redécouverte en 1998 avec ses tubes "Sarah", "Mabanze" ou encore "Beza Ba Dzo" annonçant son album du même intitulé (Label Bleu / Indigo).
Surnommée "la diva", "la reine mère du bikutsi ", "la voix d'or du Cameroun" ou "Mama Anne-Marie", Anne-Marie Nzié s’est éteinte le 24 mai 2016, des suites d'une maladie et un long séjour à l’hôpital central de Yaoundé. Elle avait 84 ans. ”

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Une famille de musiciens

Baignée dans la musique dès sa tendre enfance, Anne-Marie Nzié débute à l’âge de 8 ans dans le chant au sein de la chorale de son quartier, dont son père Simon-Pierre Nzié Nzouma, joueur de mvet, est pasteur. A l’adolescence, alors qu’elle tente de cueillir des fruits, elle tombe d’une branche de l’arbre. Ce qui la contraint à passer une partie de sa jeunesse à l’hôpital, où son frère Cromwell Nzié, guitariste, l’initie à cet instrument. Dès lors, elle commence à composer ses propres chansons et décide de « chanter jusqu’à ma mort, après sa guérison ».

Les débuts professionnels

En 1954, Anne-Marie Nzié intègre, comme choriste, le groupe de son frère Cromwell Nzié, et se marie avec un musicien. Elle connaît son premier succès avec « Ma lundi », une chanson très bien accueillie par les médias et qui fait le bonheur des night-clubs et des bars. Bien vite, celle que l’on surnomme dorénavant « la diva » ou « la voix d’or du Cameroun », investit les scènes de nombreuses villes du pays et de la sous-région.

Ma ba nze – Disques Africambiance

En 1954, Anne-Marie Nzié sort sur le label camerounais Disques Africambiance son premier album quasi afro-folk, « Ma ba nze », qui va la lancer sur la scène continentale. Trois des titres de celle qu’on surnommera « la diva », « la reine mère du bikutsi « , « la voix d’or du Cameroun » ou « Mama Anne-Marie », sont chantés en ngoumba (« Bonne année », « Ma ba nze », « Me yimbo sa malepfuo »). Elle est accompagnée par son compatriote et auteur-compositeur et chanteur Manu Ntounga sur deux titres (« Bonne année », « Me bungasa ywe »).

EMI/Pathé Marconi

Suivent d’autres disques parus EMI/Pathé Marconi, dont les 45T « O Mbina ma me / O Ndili », « Ballade en novembre / Mua Ntua Mura » et un album éponyme paru en 1975, et comprenant « Me sa nguong », « Ma ba nze », « Mbamba nlem », « kribi » ou « Mah limbole ». Ses divers morceaux révèlent sa réelle ouverture musicale : rumba congolaise, biguine antillaise, chanson française, jazz et bien sûr bikutsi camerounais.

Gilbert Bécaud et l’Olympia

En 1958, Anne-Marie Nzié réalise un duo avec Gilbert Bécaud, auteur-compositeur et pianiste français qui lui ouvre les portes de l’Olympia, la mythique salle parisienne. Elle signe alors avec Pathé Marconi un contrat puis participe à une campagne de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), et donnera de nombreux concerts. Mais cette consécration sera éphémère, « la voix d’or du Cameroun » tombe dans l’oubli plusieurs années durant.

Le Kiosque d’Orphée

En 1965, Anne-Marie Nzié sort sur le label Le Kiosque d’Orphée un album éponyme, réalisé avec Sebastien Ndi, et comprenant 10 titres, dont « Après ma mort », « Kriby », « Shui » (la mort), ou encore « Mankar ma zanle » (je suis lasse d’attendre)…

(Re) décollage

Il faudra attendre plus d’une dizaine d’année pour revoir « la diva » investir les scènes de divers pays : Gabon, l’Algérie (Festival Panafricain d’Alger 1969), Sénégal (Semaine de la culture camerounaise de Dakar 1975), Nigeria (Festac 1977 à Lagos), ou encore la Corée. En 1979, elle est choisie pour enseigner le chant aux jeunes recrues de l’Orchestre National du Cameroun. En 1999, Anne-Marie Nzié est invitée par le père de la rumba congolaise, Wendo Kolosoy , pour un duo sur « Tokutani » de l’album Marie Louise.

Liberté

En 1984, Anne-Marie Nzié revient sur le devant de la scène avec son album « Liberté » (Ebobolo Fia Production / Safari Ambiance), arrangé par son compatriote Eko Roosevelt et mixé par Jean-Luc Maurel, Jimmy Mvondo Mvele. Cette chanson appelant à la liberté au Cameroun et des Noirs en général, connaît un grand succès. Certains hommes politiques tentent de la récupérer pour leurs meetings, mais Anne-Marie Nzié s’oppose.

Anne-Marie Nzié – « Secrets d’Or »

En 1990, l’écrivain David Ndachi Tagne lui consacre une biographie, « Secrets d’Or », parue aux Editions Sopecam. Cet ouvrage de 191 pages dresse à la fois un portrait de « la grande dame de la chanson camerounaise » et de l’histoire musicale du Cameroun à laquelle elle a activement participé. Il est complété par les textes des principaux succès de la chanteuse et des photos de la star notamment en compagnie de la Sud-Africaine Miriam Makeba et de son compatriote Eboa Lotin. A la même période, les jeunes rappeurs du pays la couvrent d’éloges. A Yaoundé, en 1998, elle se produit, entourée d’un nouveau groupe dont l’ancien bassiste du groupe bikutsirock camerounais Têtes Brûlées, au cinéma Abbia, lors de la 1ère édition des RE.M.Y. (Rencontres Musicales de Yaoundé), partageant l’affiche avec Ismaël Lo et Henri Dikongué, entre autres…

Beza ba dzo

Invitée au festival Musiques Métisses d’Angoulême en 1998, Anne-Marie Nzié, signe, sous l’impulsion de Christian Mousset, avec Label Bleu / Indigo, et enregistre, sous la direction artistique de son compatriote Brice Wassy, les titres de son futur album « Beza ba dzo », très marqué par le bikutsi et à paraître en 1999. « Beza Ba Dzo – Sahra », le single annonçant cet opus et lancé sur le marché en 1998, relance la diva.

Hommage national

En 2008, le président de la République du Cameroun Paul Biya décide de rendre un hommage national à Anne-Marie Nzié, première femme vedette internationale du pays surnommée « la voix d’or du Cameroun« , avec concert et exposition de photos, sous l’égide du ministère de la Culture.

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Cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun

Le 15 mai 2010, jour anniversaire du cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun, Anne-Marie Nzié donne un de ses derniers concerts au Palais Polyvalent des Sports de Yaoundé, suscitant l’engouement des 5.000 spectateurs présents lorsqu’elle interprète sa célèbre « Liberté (Dieu Merci) ».

Anne-Marie Nzié n’est plus

Grande dame de la chanson camerounaise, « diva du bikutsi », Anne-Marie Nzié s’est éteinte le 24 mai 2016 des suites d’une maladie et après un long séjour à l’hôpital central de Yaoundé, laissant un immense répertoire musical derrière elle. Elle avait 84 ans.

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Nago Seck

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