Exil
Ntate Jonas a commencé à jouer du trombone dans les années 1960 avec les légendaires Jazz Epistles qui réunit Hugh Masekela, Kippie Moeketsi et Dollar Brand. En 1961, le jazzman participe à la tournée en Angleterre d’African Jazz and Variety qui joue la légendaire comédie musicale « King Kong » créée en 1959 par Todd Matshikiza. Jonas profite de l’occasion pour s’exiler à Londres puis rejoint les Etats-Unis pour des études de musique. A la prestigieuse Manhattan School of Music de New York, il retrouve ses amis de la comédie musicale « King Kong » : Hugh Masekela, Miriam Makeba, Caiphus Semenya et Letta Mbulu. A leurs côtés, en 1965 , il réalise sa première grande scène américaine au Carnegie Hall à l’occasion du concert « Sound of Africa » . Compositeur, arrangeur ou instrumentiste, il participe à plusieurs enregistrements discographiques de ses compatriotes. Dans les années 70, Jonas Gwangwa part vivre au Botswana voisin. Pendant dix ans, entre 1980 et 1990, il dirige le groupe Amandla, l’ensemble culturel de l’ANC.
Cry Freedom
En 1987, son chemin croise celui du cinéma : Jonas Gwangwa réalise en effet avec George Fenton, la bande originale du film de Richard Attenborough, «~Cry Freedom~» . Le film obtiendra l’année suivante le Grammy Award de la meilleure musique de film . Après cette consécration internationale, le jazzman sud-africain vit un moment historique : il est invité au méga concert au Stade de Wembley à Londres pour célébrer les 70 ans de Nelson Mandela alors en prison. A cette occasion, il partage la scène avec de grandes vedettes internationales (Whitney Houston, Miriam Makeba, Sting, Peter Gabriel, Youssou Ndour, Stevie Wonder, Jessie Norman, Harry Belafonte, The Farafina Drummers, George Michael, Tracy Chapman, Hugh Masekela, Dire Straits, Mahlathini & Mahotella Queens, Salif Keïta, Bee Gees, Paul Young, Natalie Cole, Joe Cocker, Phil Collins, Paul Carrack, Eurythmics, Amampondo, UB40) ou encore la comédienne Whoopi Goldberg…
Retour au pays natal
En 1991, après 30 années d’exil, Jonas Gwangwa décide de retourner en Afrique du Sud où il compose, six ans plus tard, «~South African Olympic Bid~» qui lui vaut des nominations aux Oscars, Grammy Awards et Golden Globe Awards et des récompenses aux Ivor Novello et Black Emmy Awards. Il lui faudra pourtant attendre 1994 pour assister à l’élection de Nelson Rolihlahla Mandela dit «~Madiba~» (son nom clanique), le premier président noir d’une nouvelle Afrique du Sud démocratique.
L’Ordre d’Ikhamanga
Jonas Gwangwa a également travaillé en qualité de directeur musical sur de nombreuses musiques de films .
Tout au long de sa carrière, il a également servi de mentor à de nombreux jeunes artistes, les soutenant dans leur carrière. Jusqu’à sa mort, il n’a cessé de composer et a sorti dans les années 2000 plusieurs oeuvres dont A Temporary Inconvenience (2000) , Flowers of the nation et Sounds from exile (2001), ou encore Kukude (2008).
Père et grand-père, Jonas Gwangwa a été l’homme d’une seule femme, Violet, rencontrée durant son enfance et décédée le 12 janvier 2021, tout juste deux semaines avant lui, . A l’occasion de sa disparition le 23 janvier 2021, le président Cyril Ramaphosa a salué cet artiste de légende et son engagement contre l’apartheid. En 2010, Ntate Jonas Gwangwa avait reçu l’Ordre d’Ikhamanga, la plus haute distinction d’Afrique du Sud pour sa contribution exceptionnelle aux arts et à la culture.
Laissez un commentaire
Vous devez être logged in pour poster un commentaire.