Kouyaté père et fils
Très jeune, Soriba Kouyaté tape déjà sur le (tamani (talking drum). C’est en se blessant au visage avec la baguette de cette percussion qu’il décide de changer d’instrument et de jouer celui de son père : la kora. Mamadou Kouyaté l’initie pour que dans l’avenir, il l’accompagne dans ses représentations à travers le monde. A l’âge de 13 ans, ce dernier lui remet son passeport en lui disant : « Soriba, tu es désormais prêt à jouer devant le monde. A partir d’aujourd’hui, tu m’accompagneras ». Ils jouèrent donc ensemble cette musique de tradition griotte et originaire de l’Empire du Mandingue. Mais Soriba voulut rapidement aller plus loin, ailleurs, vers d’autres horizons. Ses nombreux voyages lui donnèrent l’occasion de découvrir d’autres musiques dont certaines l’ont profondément interpellé. Notamment celles de John Coltrane, Miles Davis, Duke Ellington, Charles Mingus…
Collaborations multiples et diverses
Durant toute son adolescence, Soriba Kouyaté chercha, expérimenta et trouva de nouvelles sonorités mettant au point avec rigueur une technique hors du commun et unique en son genre. En 1989, Soriba obtient le premier « Prix du Festival Ouest Africain de la Kora » en Guinée. Soriba a accompagné et/ou enregistré avec de grands noms du monde musical aux styles divers : Pierre Van Dormael, Peter Gabriel, Youssou Ndour, Dizzy Gillespie, Salif Keïta, Jean-Philippe Rykiel, Linley Marthe, Kora Jazz Band… De retour d’une tournée aux États-Unis, il reçoit des courriers de Diana Ross et du cinéaste Spike Lee le félicitant et l’invitant à revenir rapidement aux USA pour s’y faire connaître. Harry Belafonte lui proposera également de venir travailler avec lui.
Carrière solo
Lors de sa participation au Festival de Jazz de Saint-Louis, au Sénégal en 1994, Soriba Kouyaté fait la connaissance du Français Philippe Gaillot, auteur-compositeur, pianiste, guitariste et ingénieur de son du festival, avec qui il se lie d’amitié. Trois ans plus tard, Soriba est en Belgique où il forme un trio avec Pierre Van Dormael (guitare) et Otti Van der Werf (basse) avec lesquels il enregistre « Djigui », un album afro-jazz de 8 titres bien accueilli par la critique, dont cinq composés par ses soins : « Djigui I & II », « Mansané Cissé », « Sakha Dougou » et « Kanaa Kassi ». Invité par en 2000 au Festival d’Avignon, en France, Soriba retrouve Philippe Gaillot qu’il avait connu six ans auparavant à Saint-Louis, au Sénégal. Ces retrouvailles, en présence de la productrice Joëlle Merlier, aboutiront à un projet d’enregistrement d’un album. Ainsi naît son opus solo « Kanakasi » (Ne pleure pas en bambara). Suivront « Bamana » (Bambara) en 2003 et « Live in Montreux » en 2003. Coproduits par Joëlle Merlier et Philippe Gaillot, fondateur du label TS Music et du Studio Recall à Pompignan, ces trois albums révèlent au grand public sa démarche personnelle, les secrets de sa parfaite et éblouissante alchimie musicale, sa dextérité, sa technique de jeu de kora très aboutie, ses improvisations et ses compositions savantes mêlant avec finesse musique mandingue et jazz, du jazz-fusion ou de l’afro-jazz chanté en bamana (bambara)… Ray Lema dira de lui : « Soriba a sorti la kora de sa prison ».
Adieu l’artiste
Ce virtuose qui a réussi cette notable prouesse s’en est allé sur la pointe des pieds le mercredi 13 octobre 2010 , des suites d’une crise cardiaque, à Jouarre (Seine-et-Marne), en région parisienne, en France. Très discret, Soriba Kouyaté n’a jamais voulu occuper le devant de la scène et la discrétion qui entoure son décès ne doit pas surprendre car il est parti comme il a vécu, c’est-à-dire en rasant les murs sans déranger personne. Adieu l’Artiste !
* Source : https://www.lemessagersn.info
Laissez un commentaire
Vous devez être logged in pour poster un commentaire.