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“Fille d'un ancien officier de l'Armée Nationale Congolaise, Elizabeth Tshala Muana Muidikayi aka Tshala Muana, est née à Lubumbashi au Kasaï (Congo Kinshasa (RDC)) le 13 mai 1958. Auteure, compositrice, danseuse et chanteuse, celle qu'on surnomme "la reine du mutuashi", "la danseuse aux reins de roseau" ou "mamu nationale" ("la maman nationale"), s'est imposée sur la scène internationale grâce au mutuashi, rythme et danse de la province du Kasaï.”

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Tshala Muana débute comme danseuse/choriste en 1977 dans le groupe Tsheke Tsheke Love de Mpongo Love puis rejoint en 1978 Abeti Masikini. Mais, Tshala Muana s’imposera sur la scène internationale grâce au mutuashi, rythme et danse de la province du Kasaï.

Lorsque son père, Amadeus Muidikayi, est exécuté par les maquisards Mulelistes, en 1964, à Watsha pendant la guerre du Kantaga, la petite Elizabeth Tshala Muana Muidikay, deuxième d’une famille de 10 enfants, a tout juste six ans. Sa mère, Alphonsine Bambiwa Tumba, décide de gagner sa vie en interprétant des chants traditionnels dans les fêtes de la région. Tshala Muana se met donc tout naturellement à chanter et à danser dès l’âge de quatorze ans dans les troupes folkloriques régionales.

Orchestre Tsheke Tsheke de Mpongo Love

C’est à cette période qu’elle commence à réadapter le mutuashi traditionnel, une danse et un rythme de l’ancien royaume de Luba dans le Kasaï, sa région natale au centre de la République Démocratique du Congo (RDC). Plus tard, elle part à Kinshasa et intègre comme danseuse/choriste, l’Orchestre Tsheke Tsheke de la vedette du moment, Mpongo Love. Nous sommes en 1977. Bientôt Tshala Muana tente d’imposer le mutuashi dans la capitale congolaise en enregistrant deux 45 tours. La même année, elle rejoint le groupe Minzoto Wela Wela mais n’est toujours pas considérée comme chanteuse. Elle participe ensuite aux ensembles chorégraphiques de Tabu Ley Rochereau et Franco, deux grands noms de la rumba congolaise.

Tantine Abeti Masikini

En 1978, elle rencontre Abeti Masikini qu’elle appelle affectueusement tantine. Cette diva de la chanson congolaise l’engage comme danseuse-choriste dans son groupe Les Tigresses. C’est ainsi qu’elle sort pour la première fois de son pays pour une tournée européenne qui lui donne l’occasion de faire découvrir au grand public ses danses aux déhanchements suggestifs.

Tshala en solo

Décidée à se faire un nom dans la chanson congolaise après plusieurs 45T sans succès, Tshala Muana part s’installer en Côte d’Ivoire), alors métropole et grand carrefour artistique africain. Dans la capitale ivoirienne, Abidjan, elle est repérée par l’agence artistique, Ivoire Hit Parade, qui va l’aider à enregistrer en 1982 son maxi 45T, Amina, composé par Souzy Kasseya. Le succès est immédiat… Amina sera inclus dans son album éponyme (dont le hit « Munanga ») produit en 1988 par Syllart Productions.

Pendant trois ans, Tshala Muana va parcourir divers pays d’Afrique (Congo Kinshasa (RDC), Congo Brazzaville, Centrafrique, Nigeria, Togo, Niger, Mali, Burkina Faso, Sénégal, Bénin, Cameroun, Kenya, Zambie, Guinée, Mauritanie, Gabon…), la France, l’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas. Ce long périple se terminera en 1985 à Atlanta aux Etats Unis. Dès lors, elle impose au grand public sa voix sensuelle, ses rythmiques endiablées et le mutuashi (danse de séduction aux déhanchements suggestifs). Tshala Muna sera d’ailleurs sacrée « Meilleure Artiste de l’Afrique Centrale » et faite Chevalier de l’Ordre National du Léopard par feu le président Mobutu Séssé Séko.

La Tshalamania et « Mpokolo »

En 1984, après des tournées en Afrique et en l’Allemagne, Tshala Muana s’installe à Paris (France) où elle sort Koumba, un album arrangé et mixé par Souzy Kasseya, un guitariste originaire de sa région, le Kasaï. Ses mélodies reposent sur une forte rythmique basse soutenue par des cuivres funky, des percussions et des guitares tournoyantes propres au soukouss congolais. Mais Tshala Muana s’impose surtout par son look qui fait fureur dans les revues africaines et antillaises : les commerçantes vendent des kilomètres de tissu en lamé semblables à ceux qu’elle porte sur scène. Après une tournée qui la mène en Europe et aux Etats-Unis, la nouvelle star sort Mpokolo, fidèle à son style. En 1987, elle est sollicitée comme actrice dans le film « Falato » du Malien Mamo Cissé.

Le mutuashi et l’Europe

Installée à Paris en 1988, Tshala Muana surnommée « la danseuse aux reins de roseau » propose dans ses albums suivants, Munanga et Biduaya, un compromis entre mutuashi, rumba et soukouss. Son succès lui ouvrira les portes de la Turquie et de la France. Après la Cigale à Paris, elle est invitée par la Fondation Danielle Mitterrand puis tourne dans la province française en compagnie de Gloria Lazlo et Patricia Kaas.

Considérée comme un sex-symbol dans toute l’Afrique, Tshala Muana a été à plusieurs reprises l’artiste quasi officielle du Congo. En 1991, elle est nommée « Ambassadrice de l’Art et de la Culture du Kasaï’ par les chefs coutumiers du Grand Kasaï (sa région).

Madame la députée Tshala Muana

En 1997, Tshala Muana décide de rentrer au bercail où elle fonde l’association REFECO (Regroupement des Femmes Congolaises). A l’arrivée au pouvoir de Laurent Désiré Kabila, celle que l’on nomme « la reine du mutuashi » entre en politique et est élue en 2000 députée au sein de l’ACL-PT (l’Assemblée Constituante et Législative – Parlement de Transition).

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Récompenses, Awards

Trois ans plus tard, elle renoue avec la scène et sort Dinanga (Amour), obtenant en 2002 la Palme de Meilleure Vedette Féminine de la R. D. du Congo décernée par l’ACMCO (l’Association des Chroniqueurs de Musique Congolais). Malu (problème), réalisé un an plus tard à Paris par JPS, connaît un immense succès : 526.000 exemplaires vendus, double disque de platine… Cet opus qui la remet sur le devant de la scène avec des tournées en Afrique, en Europe et aux Etats Unis lui vaut d’être nommer « Meilleure Artiste féminine » aux Kora Awards 2003. Après ses concerts à Brazzaville et à Pointe-Noire au Congo en 2004, elle est sacrée « Meilleure Artiste Féminine » au Bénin en 2005.

Mamu Nationale

Longtemps taxée à tort ou à raison d’aguicheuse à cause de ses déhanchements sexy sur scène, la reine du mutuashi est à présent considérée comme la « mamu nationale » (« la maman nationale »), un signe de respect au Congo Kinshasa (RDC)… En 2006, Tshala Muana sort deux albums pour cette nouvelle reconnaissance nationale, Mamu Nationale vol1 & 2. Deux ans plus tard, elle réalise Enkor et Toujours, un album qui marque les trente ans de sa carrière. En 2009, son CD/DVD, Sikila, est réalisé avec la nouvelle coqueluche du mutuashi, la provocatrice chanteuse/danseuse Meje 30.

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Nago Seck

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