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“Né le 13 novembre 1940 à Banningville (actuel Bandundu) au Congo Kinshasa (RDC), Pascal-Emmanuel Sinamoyi Tabu Ley aka Tabu Ley (ou Rochereau ou Seigneur Rochereau) est une des plus grandes vedettes de la rumba et du soukouss congolais. Il excelle aussi dans l'afro-cubain ou salsa africaine. Il est le premier artiste congolais à se produire à l'Olympia de Paris, en France, en 1970. En 2011, son fils Youssoupha, grande voix du rap français lui rend à travers le titre "Les disques de mon père" de l’album "Noir désir". Tabu Ley décède le 30 novembre 2013 à Bruxelles (Belgique), des suites d'une longue maladie...”

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Grand Kallé Jeff et L’African Jazz

Adolescent timide, Pascal Ley (devenu Tabu Ley en 1973) se voit surnommé « Rochereau » à l’âge de 15 ans par ses camarades de classe, parce qu’il est le seul à répondre à une question posée par son professeur d’histoire au sujet du colonel Denfert-Rochereau. En 1955, il fait sa première apparition sur scène au stade du 20 mai à Léopoldville (devenue Kinshasa en 1960) et est sacré « Lauréat de la chanson congolaise ». Rochereau reste pourtant amateur jusqu’en 1959, date à laquelle il est engagé dans l’African Jazz de Joseph Kabasélé alias « Grand Kallé« , un des plus prestigieux orchestres congolais des années 1960. Il doit son premier contrat au guitariste Kassanda Dr Nico, impressionné par la puissance de sa voix en si majeur. Joseph Kabasélé, auteur du fameux « Indépendance cha cha », profite de sa popularité pour propulser Les Bantous de la Capitale, Manu Dibango et Franco qui joueront avec Rochereau. En 1963, ce dernier abandonne le cœur gros Joseph Kabasélé pour lequel il nourrit une profonde amitié.

L’Afrisa International

Aussitôt, Rochereau fonde alors l’orchestre African Fiesta National, avec Roger Izeidi et Dr Nico et lance en 1964 l’Afrisa International. Contrairement à la tradition qui privilégie les chœurs sur fond de rumba cha cha, Rochereau innove en introduisant dans les orchestrations de l’époque la chanson en solo et le couplet introductif suivi d’une longue exécution instrumentale, le « sébéné », au cours de laquelle la prestation du Lead Guitar entièrement improvisée est mise en exergue. C’est la naissance du soukouss.

Très fortement influencé par les musiciens noirs américains, en particulier par James Brown, il va beaucoup travailler son jeu de scène. Il engage des danseuses, les Rocherettes et reprend les techniques des shows à l’américaine. Il s’adjoint les services d’une seconde vocaliste, Mbilia Bel, dont les coups de hanche et la belle voix androgyne constituent une véritable attraction. La même année, l’artiste zaïrois joue à Hambourg en compagnie d’un groupe anglais alors inconnu, The Beatles.

Business et honneurs

Outre ses multiples concerts en Afrique et en Europe, Tabu Ley Rochereau fonde sa première maison de disques, ISA, et sort en 1966 « Mokolo Nakokufa », son premier disque d’or. Pourtant les galères ne manquent pas et Rochereau traversera des périodes très dures avant de connaître la consécration. A plusieurs reprises, il imposera à sa famille et à ses musiciens des conditions de vie très difficiles. Mais ses sacrifices ne seront pas vain et le groupe devient populaire dans toute l’Afrique imposant la domination de la rumba sur les autres musiques continentales. En 1970, il est l’un des premiers artistes africains à se produire à l’Olympia à Paris. Ce show prestigieux lui ouvre les portes du monde. En 1984, Tabu Ley sillonnera 27 états des USA et se produira à New York devant 1200 personnes. Auréolé de son succès, l’artiste devient businessman, ouvre à Kinshasa sa propre boîte de nuit, le Type K, où il se produit tous les soirs lorsqu’il n’est pas à l’étranger. Formateur de nombreuses vocalistes dont Mbilia Bel et Faya Tess, il accumule les disques d’or et décroche en 1985 un Maracas d’Or pour ses 25 ans de carrière succédant à Miriam Makeba, Manu Dibango et Francis Bebey.

Tabu Ley l’Exilé

En 1988, Tabu Ley Rochereau s’envole pour Los Angeles où il demeurera un an et fréquentera plusieurs stars américaines comme Eddie Murphy, Jim Brown et Rebbie Jackson, la sœur de Michael. Pressentant des problèmes politiques au Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo), pas très en phase avec le pouvoir (contrairement à Franco, l’idole du Président Mobutu) et au creux de sa carrière après le départ de Mbilia Bel en 1988, Tabu Ley décide de s’installer à Paris pour quelques mois puis en Afrique du Sud. Le 21 avril 1990, il est invité à la célébration de l’indépendance de la Namibie en compagnie de Ziggy Marley et de Thomas Mapfumo, puis sort, en 1993, à l’issue de sa tournée scandinave et américaine, l’album « Feu d’artifice » (feat. Papa Wemba). La même année, il enregistre l’opus « Exil Ley », un pamphlet contre le Président Mobutu, dont la chanson « Le glas a sonné » est censurée par le pouvoir.

Tabu Ley et Africando

En 1994, Tabu Ley participe avec sa magnifique célèbre version de « Paquita », écrit en 1965, à l’album « Gombo Salsa » du groupe de salsa africaine Africando qui décroche un disque d’or aux Etats-Unis en 1996. « Africa World Wide » sorti chez Rounder Records célèbre ses trente-cinq ans de carrière.

Tabu Ley et la politique

A la chute, en 1997, du président Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga, Tabu Ley rentre au Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo), participe à la création de la CCCA (Chambre Congolaise de Culture et des Arts) destinée à offrir une couverture sociale aux musiciens et se lance dans la politique, devenant cofondateur du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie). Bientôt, il devient ministre de la Culture, puis député, avant d’être nommé député à l’Assemblée consultative et législative de transition. Durant cette période, l’artiste multiplie les enregistrements, signe « Jubiley » en 2000 puis « Tempelo » au beat rumbafunk en 2003, et en 2005, il est nommé vice-gouverneur de la ville de Kinshasa, chargé des questions politiques et administratives.

Un compositeur prolifique

En quarante ans de carrière, Tabu Ley Rochereau a composé plus de 1500 titres dont beaucoup évoquent l’amour (bolingo), les problèmes sociaux ou politiques du Zaïre (actuel Congo Kinshasa (RDC)). Il chante en lingala, une langue qu’il considère comme la symbiose de plusieurs langues africaines et qu’il a baptisée le « créole africain ». Ses fils, Youssoupha et Philémon, tous deux rappeurs, Pegguy Tabu (chant) et Abel Tabu (électro rumba, hip hop, R&B, soul). Auteurs, compositeurs, chanteurs ou rappeurs, ils ont tous quatre fait leur trou dans la musique. D’ailleurs, Youssoupha lui rendra hommage dans le titre “Les disques de mon père” de son album rap « Noir désir » paru en 2011.

La grande voix de la rumba s’est éteinte

Tabu Ley décède le 30 novembre 2013 à Bruxelles (Belgique), des suites d’une longue maladie. En juillet 2008, il est victime d’un AVC (accident vasculaire cérébral) et les rumeurs l’annonçaient pour mort. Depuis, on état de santé s’est sérieusement détérioré. Tabu Ley est inhumé lundi 9 décembre à Kinshasa (République Démocratique du Congo)…

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Nago Seck

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