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“ Groupe mythique et atypique de la scène congolaise, Mbamina (“la foudre” en lingala) combine rumba congolaise, pop, jazz, rhythm’n blues, soul, funk, afro-cubain, rock et même reggae. Avec Bobongo Star, Mbamina fut dans les années 1970/1980 un des premiers groupes de fusion du Congo Brazzaville, dans la même lignée que les Ghanéens d'Osibisa et les Sénégalais de Xalam. Mbamina a assuré en 1977 les premières parties de Claude François, Manu Dibango et James Brown... Ce groupe de fusion avant l'heure combinait rumba congolaise / afro-cubaine et rhytm'n blues. Il fit la première partie de James Brown à Paris en 1977.”

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Les Echos Noirs

L’histoire de Mbamina remonte à 1964, année où Martin Samba Ngo (guitare, voix), né au Congo Kinshasa (RDC) et rentré au Congo Brazza pour cause d’expulsion avec ses parents, Antoine Nkouka Batenda (guitare rythmique) et Bernard Bifuanibo (basse) intègrent, à Brazzaville, le groupe vocal Les Echos Noirs, appelé ainsi par le Père Christian, leur premier manager. Ils n’ont que 14/15 ans. A la même période, Jean-Marie Bolangassa (percussions) et Anselme Tambakassa (congas), alors membres du Ballet national Congolais, et Ligali Ali Amidou (percussions, voix), d’origine béninoise et jouant dans divers orchestres locaux, rejoignent les trois premiers. Bien vite Les Echos Noirs s’imposent avec une musique mêlant rythmes congolais et influences sud-africaines, un style qu’ils nomment “mudgéku”.

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Mbamina : l’autre visage du Congo

“En 1964, Miriam Makeba est venue chanter à Brazzaville. Durant huit jours, toutes les radios de la ville ont retransmis à plein volume sa voix superbe. Les Echos Noirs étaient en transe. Le mois suivant, ils se sont déchaînés. Ils connaissaient toutes les chansons de Miriam Makeba, et les interprétaient, toujours en dansant. Sur scène, ils explosaient. C’était la mode des groupes vocaux à cette époque à Brazzaville. Mais Les Echos Noirs avaient quelque chose de différent que j’avais voulu faire éclore. Voilà le début de l’histoire. 1968, c’est le départ en tournée en France… Avec eux, je suis devenu un émigré dans mon propre pays. Nous avons découvert ce milieu très particulier du show business auquel je n’ai jamais pu m’acclimater. En 1972, Les Echos Noirs sont devenus Mbamina. Ils sont passés d’une musique principalement vocale à une recherche instrumentale qui s’organisait autour de la guitare de Samba Ngo, le leader artistique du groupe”, se souvient Père Christian, leur premier manager.

Ainsi naît le 1° juillet 1972 le groupe M’Bamina qui signifie “la foudre” en lingala. Après 12 ans passés ensemble, Père Christian décide de retourner à Brazzaville où il créera une nouvelle communauté monastique, les frères paysans de la “Thébaide”, laissant le groupe suivre son chemin.

D’une cave parisienne à un club milanais

La même année, les six membres fondateurs débarquent à Paris et commencent à répéter dans une cave du Marais, un quartier du 3ème arrondissement de Paris, pour peaufiner leur afro-jazzrumbafunkrock expérimental. Rapidement, ils animent les nuits chaudes de Saint-Michel à Paris, côtoient les stars françaises de l’époque (Michel Polnareff, Marcel Amont, Mitch Michel), font du cinéma avec le réalisateur Med Hondo, du théâtre avec Littlewood et apprennent la danse avec Victor Upshaw. Dès 1973, Mbamina sort chez Fonit Cetra International son premier 45t Wendo / WatchiWara produit par Christian Carbaza Michel, suivi du second N’Zoumba / Bakoko, paru en 1974 chez Barclay.

Séduit par leur musique, un ami italien leur offre l’hospitalité de son club à Milan (Italie) pour tout l’été. C’est de là que commence la vraie aventure de Mbamina, avec la constitution d’un vrai répertoire et d’un matériel technique digne de ce nom. Leur séjour italien les amène à jouer en 1973 aux Deux Rotondes de Garlasco, une discothèque très prisée de Lombardie. Un an plus tard, ils animent si fort le “Covo” de Santa Margarita en Ligurie, sur la riviera, que les Caves de Roy de Saint Tropez, en France, en entendent parler et viennent les chercher pour clôturer la saison.

Le style Mbamina

En 1974, Mbamina passe l’hiver à la montagne pour préparer leur premier album. Là, ils animent un club à Madona du Cappilio, où ils font la connaissance du batteur Sergio Gabanni. Jusque-là, le groupe n’utilisait que des percussions. Ce qui a très profondément et heureusement marqué la naissance du “son” Mbamina. Durant le mois d’août 1975, ils sont la vedette américaine des grands spectacles de la Bussola de Bernardini, le plus grand music hall italien, et par deux fois, les hôtes de la RAI (la télévision italienne). La même année, sort leur premier album, African Roll, produit par Christian Carbaza Michel et Ivo Lunardi de Voom Music et distribué en par Barclay. Le grand public découvre alors le style Mbamina, fusion de musiques congolaises, dont la rumba, d’afro-cubain et de pulsions rhythm’n blues, soul, funk, rock et même reggae. Le tout soutenu par une solide rythmique basse-batterie et relevé par des riffs de guitare rock et des cuivres flamboyants jazzy. En 1976, année où Bernard Bifuanibo et Sergio Gabanni quittent le groupe et sont remplacés par Sika Toroma (basse) et Jean-Luc Lefèvre (batterie), Mbamina enregistre son troisième 45T, Héléna / Sakala, paru chez EMI Italie et Philips France.

Claude François, Manu Dibango et James Brown

En 1977, Mbamina tourne au Cameroun, en première partie du spectacle de Claude François et Manu Dibango. Ils se rendent ensuite aux Antilles (Guadeloupe, Martinique), au Mali, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Niger et au Gabon. La même année au Pavillon de Paris, Mbamina passe en première partie du Godfather of Soul, James Brown. La grâce absolue lorsque celui-ci est venu les féliciter chaleureusement dans leurs loges et leur dire qu’il a assisté à tout leur concert. Fin 1977 à Dakar, Mbamina crée pour le gala officiel du Sommet Franco-Africain un spectacle “musichorégraphique”, avec la chorégraphe sénégalaise Germaine Acogny et son Ballet Moderne. L’année suivante, ils enregistrent Expérimental, un opus paru chez Fiesta Records. En 1980, Mbamina sort Réflexion, dont « Tchiula », et Experimental (Nouvelle Version), deux albums produits par Paco Rabanne Musique, et voit l’arrivée de Boffi Banengola comme nouveau batteur et le Martiniquais Luther Péreau comme pianiste.

Tam-Tam pour l’Ethiopie

L’année 1984 voit Mbamina sortir Energie, un opus réalisé avec le guitariste et claviériste Camerounais Yves Ndjock, auteur du titre “Ando”. En décembre de la même année à Paris (France), Mbamina est du projet Tam-Tam pour l’Ethiopie, un maxi 45 tours réunissant une trentaine de musiciens et de chanteurs africains, sous l’impulsion de Manu Dibango. A la sortie du disque en 1985, Manu Dibango et Mory Kanté se rendent sur place pour remettre la totalité de la somme récoltée. L’Ethiopie est alors frappée par une terrible famine.

Jusqu’à sa séparation en 1985, Mbamina a enchanté les mélomanes avec avec des titres chocs, dont “Watchiwara”, “Wendo”, “Héléna”, ou « Mamy », des compositions plus intimistes (« Nlongui ») ou des chants de la tradition congolaise et sud-africaine revisités (« Benguela » et « Zizi Koumbélé »). Groupe légendaire de la scène congolaise, Mbamina a signé en 2001 un Best of vol.1 de ses meilleurs titres des années 1975/1980. Mbamina : l’autre visage du Congo

Groupe mythique et atypique de la scène congolaise, Mbamina a signé en 2001 un Best of de ses meilleurs titres des années 1975/80. Avec Bobongo Star, Mbamina fut dans les années 1970/80 un des premiers groupes de fusion du Congo Brazzaville, dans la même lignée que les ghanéens Osibisa et les sénégalais Xalam . Créé en 1968 au Congo, en plein mouvement hippie, le groupe tranchait avec la vague rumba qui dominait la scène nationale. Sous leur premier nom  » les Echos noirs « , Samba Ngô, Nkouka Batenda et Bifuanido Bernard, Jean Marie Bolangassa et Tambakassa Anseline débarquèrent à Paris et côtoyèrent rapidement les stars françaises de l’époque (Michel Polnareff, Marcel Amont), firent du cinéma avec Med Hondo et enregistrèrent quatre 45 tours avec Manu Dibango. Cuivres flamboyants jazzy, rythmes afrocubains et congolais, pulsions R&B, soul, et reggae, les six garçons (ils ont été rejoints par le béninois Amidou), le groupe rebaptisé en 1972 (la foudre) animent les nuits de St Michel, des clubs de Milan et font danser St Tropez . En 1977, ils se produiront même en première partie de Claude François puis de James Brown. La grâce absolue. Un titre choc  » Mamy « , des compositions plus intimistes ( » Nlongui « ), des chants de la tradition congolaise et sud-africaine revisités ( » Benguela  » et  » Zizi Koumbele « ) sans oublier le tube  » Tchula « , le talent de Mbamina se redécouvre avec le plus grand plaisir.

Sylvie Clerfeuille.

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Nago Seck

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