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“Malicieuse petite femme surnommée "l'enfant des djinns", Nahawa Doumbia a contribué à faire connaître le style didadi, donné par des guitare, ngoni, bala, kamele ngoni, djembé, calebasse (calebasse tambour d’eau ou calebasse à cauris)... Née en 1959 à Mafélé, un village de la région de Sikasso, une des grandes cantatrices du style wassoulou, Nahawa a largement contribué à la diffusion de ce courant musical du sud malien sur la scène internationale. Elle est la femme du compositeur Ngou Bagayoko, son directeur artistique et guitariste avec qui elle a une fille, la chanteuse Doussou Bagayoko.”

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La guerre des fétiches

La vocation de chanteuse de Nahawa Doumbia a fait naître à Sikasso la légende de « l’enfant des djinns ». Juste avant de mourir, quelques mois après sa naissance, sa mère a prédit que Nahawa chanterait. Stupeur dans la famille maternelle dont le fétiche familial « Komo », l’un des plus anciens de l’empire mandingue, est un « fétiche chanteur ».

Dangereux rival, il risque de voler la voix de Nahawa. Pendant plusieurs années, le clan maternel multipliera ainsi les rites pour contrarier cette vocation tandis que son père fera appel à un féticheur pour contrer le pouvoir de « Komo ». Elle devra dès lors toujours tendre une calebasse, offrir des colas pour protéger sa belle voix et chanter « Djina Mousso », son chant protecteur.

Le didadi

D’abord infirmière pendant plusieurs années, elle participe en 1974 à la Biennale de Bamako et impressionne le jury par son style innovant. Contrairement aux griottes traditionnelles posant leurs voix sur les rythmes du balafon ou les cordes de la kora, elle chante d’une voix nasale et râpeuse, accompagnée à la guitare acoustique de son mari Ngou Bagayoko jouant des compositions personnelles inspirées du « didadi », un rythme où s’entrecroisent les claquements secs des djembés et les battements sourds du dundunba (doundounba). Elle orchestre bientôt le rythme, mêlant percussions, cuivres, guitares et batterie et s’entourant de choristes.

Rencontres

Elle sort plusieurs cassettes au pays, « Nâ Hawa Doumbia » (comprenant « Kourouni ») en 1981, suivie de « Na Hawa Doubia Vol 2 » (« Sakoro Mery ») en 1982, « La grande cantatrice malienne Vol. 3 » (« Koro Dia ») en 1983, parues toujours chez As Records, et chante à l’occasion la 10ème conférence des chefs d’État de France et d’Afrique à Vittel, en France.
Nahawa continue à tourner hors des frontières maliennes, rencontre au Festival de Ouagadougou en 1986 Miriam Makeba, Manu Dibango et Thomas Sankara à qui elle dédiera une chanson. Son style se construit au fil des albums : « Djina mousso » en 1987, « Nyama toutou » en 1988, « Didadi » en 1989 et « Mangoni » en 1990.

La danse des esprits

Dans ses divers albums où son mari l’accompagne à la guitare, elle s’avoue profondément marquée par les esprits (djinns) qui l’inspirent et qu’elle appelle dans ses spectacles par ses danses tournoyantes et ses bras qui se balancent comme des ailes, suggérant ainsi leur présence.

Autres projets

Pionnière d’une nouvelle génération de chanteuses qui s’émancipent de l’image traditionnelle de la griotte mandingue, elle a été suivie par des chanteuses comme Oumou Sangaré, Diaou Kouyaté, Coumba Sidibé, Bintou Sidibé, Kagbé Sidibé, Saran & Tata, et bien d’autres. Par la suite, elle a renouvelé ce style wassoulou en s’entourant de musiciens plus jeunes comme le bassiste Dany’o Madioko à la basse, Isaac aux percussions samplées, deux guitaristes, un joueur de kamélé ngoni et un joueur de djembé sans oublier sa fille Doussou Bagayoko (ou Ramata Doussou) au chant.

Galliano And The African Divas

Elle a participé, ainsi que sa fille Doussou Bagayoko, à l’aventure Frikyiwa, le label de Frédéric Galliano qui voit l’enregistrement de « Galliano And The African divas », un projet au beat afro-house, afro-techno, afro-électro soutenant des voix féminines mandingues, et tourne en Europe et en Asie. Y sont aussi présentes Cissé Diamba Kanouté, Koko Ouadjah, Astou N’Diaye, Aïssata Baldé, Fatou Sène, Sira Cissoko, Hadja Kouyaté, Naffi Diédhou

Suivront « Bougouni » en 2000 et « Djiby » en 2004, marquant le tournant musical d’une artiste qui s’est nourri de ses diverses rencontres musicales. En 2009, sort au pays Kabako, une œuvre remerciant les habitants de sa terre natale et la première dame du pays, un retour en sorte au griottiste traditionnel.

« Je crée mes morceaux quand l’inspiration vient en rêve et surtout dans les moments où rien ne va. Les jeunes adorent ce que je fais et les autres chanteuses maliennes commencent à m’imiter. . Seuls les vieux tardent à réagir mais, comme j’ai révolutionné la chanson malienne, je finirai par les faire bouger ».

*Source : Itw Sylvie Clerfeuille en 1987 (Magazine « Amina »)
*Source : Harmony Ridge Music

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

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