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Fondé en 1966 à Cotonou par le professeur Creppy Wallace sous le nom de Sunny Black, le groupe devient en 1967, sous l'impulsion de son leader Clément Mélomé aka Mélo, Orchestre Poly-Rythmo (ou Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, ou Le Tout Puissant Orchestre Poly-Rythmo). Cette formation phare du Bénin, a tourné dans toute l'Afrique et le monde avec ses deux chanteurs vedettes, Eskil Lobento et Clément Mélomé. Leur musique aux parfums afro-funk, afro-beat, afro-pop, afro-soul, rumba et soukouss congolais, highlife ghanéen, afro-cubain ou afro-reggae, chantée en mina, fon, yoruba ou français, est donnée par des instruments comme la batterie, la basse, la guitare solo, la guitare rythmique, le saxophone, le trombone, la trompette, les claviers, les congas et les shékérés. Né sous l'appellation Sunny Black fondé en 1967 par le professeur Creppy Wallace, le Poly Rythmo, orchestre phare du Bénin, a tourné dans toute l'Afrique avec ses deux chateurs vedettes, Eskil Lobento et Clément Mélomé alias "Mélo".”

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Formation multi-styles

Le Tout Puissant Orchestre Poly-Rythmo marie, depuis les années 1960/1970, funk, soul, pop, afro-beat et même rumba et soukouss congolais, highlife ghanéen, salsa (afro-cubain) ou afro-reggae, avec les rythmiques vaudoues issues de cette petite langue de terre chargée d’esprits, comme le « sakpata », dédié à la divinité de la terre, ou le “sato”, rythme joué en hommage aux morts (comme le laisse entendre le 45T « Aholoye / Idavi » – 1974). Cette faculté à adapter divers styles musicaux à leur répertoire symbolise bien le nom du groupe : Poly-Rythmo.

Après avoir accompagné les plus grands (Eboa Lotin, Manu Dibango, Bembeya Jazz, Tidiani Koné, Gnonnas Pedro), l’orchestre goûte aujourd’hui aux délices d’un buzz occidental, qui rend hommage à sa pléthorique discographie, qui avait jadis tapé dans l’oreille de Fela Anikulapo Kuti lui-même. La perspicacité de quelques collectionneurs de vinyles et autres aficionados de soul africaine (afro-soul) a suffit à redonner une aura internationale à une infime partie de leur patrimoine.

Soundway / Analog Africa

Il y eut d’abord le label anglais Soundway, puis le label allemand Analog, pour cet orchestre magique au son distordu qui joue pourtant toujours au Bénin ! Véritable gloire nationale entre 1972 et 1990 sous le règne du président Mathieu Kérékou (1933-2015), dont la politique fut taxée de « laxisme-béninisme », Poly-Rythmo s’exportait alors dans toute la région. Et si aujourd’hui, les vinyles collectors de ces papis afro-funky s’arrachent sur internet, ces vétérans firent la renommée des nuits béninoises au Canne à Sucre, au Zénith, sur la scène du cinéma Vogue et dans bien d’autres lieux. Car en ces jeunes années du Bénin indépendant, le groupe donnait de la voix pour soutenir le « patriotisme tout cru » du régime marxiste, en admettant toutefois fréquenter plus les œuvres de James Brown, de Dalida ou de Johnny Hallyday que celles de Marx et Lénine.

Un groupe multi styles

Trente-cinq ans plus tard, malgré la mort de deux membres (un chanteur et un guitariste), les anciens font revivre avec la même verve les plus belles mélodies du groupe qui animait jadis les cabarets dans toutes les langues nationales (mina, fon, yoruba, français). « On écoutait de tout, variété française, rumba congolaise, rumba cubaine, du funk, de la soul, et même de la musique arabophone puisque, lorsqu’il y avait une visite officielle d’un pays arabe au Bénin, il fallait jouait le répertoire de leur terroir. Même Sékou Touré, le président guinéen, avait été surpris de voir comment on reprenait les tubes de son Bembeya Jazz National !« , rappelle Bentho Gustave, le bassiste.

« On adorait ce mélange de rythmes africains bien dansants qu’on connaît puisque le Bénin est à un carrefour culturel« , poursuit Clément Mélomé, l’éternel leader du groupe. Même si le chef de l’Orchestre Poly Rythmo préfère l’église aux cérémonies occultes, il concède tout de même un emprunt aux rythmiques ancestrales vaudoues, pour des bienfaits musicaux : « Si notre musique marie des rythmes comme le “sato”, qui est le nom d’un grand tambour et aussi d’un rythme joué en hommage aux morts, c’est parce que mélangé avec des guitares, des cuivres et un clavier, il s’accorde bien avec le funk« .

En bon pratiquant qui chante de la chorale, Clément Mélomé préfère éviter de trop détailler les relations du groupe avec le monde des invisibles, dont les relations rythmiques interdites par les missionnaires européens puis par le régime marxiste de Kérékou, ont pourtant survécu dans l’ombre des « couvents ». Serait-ce ce secret bien gardé qui donne sa toute puissance à l’Orchestre Poly-Rythmo, capable de transformer un rythme sakpata dédié à la divinité de la terre, de la variole et des maladies contagieuses, en un groove aussi infectieux qu’il donnerait des maux de tête au Pape James Brown? Alors, bénie soit la fièvre de ce mariage vaudou-funk béninois.

Auteur-compositeur, accordéoniste, guitariste, saxophoniste alto, chanteur et légendaire chef d’orchestre de la formation, Clément Mélomé décède dans la nuit du 17 au 18 décembre 2012 à Cotonou des suites d’une crise cardiaque. Il avait 67 ans.

Une formation pépinière

Formation pépinière, l’Orchestre Poly-Rythmo a reçu en son sein de nombreux artistes : Clément “Mélo” Mélomé (accordéoniste, guitare, saxophoniste alto), Gustave Bentho (basse), Vincent Ahéhéhinnou (lead vocal), Paul “Gabo Agbémadon (guitare rythmique), Eskill Lohento (voix), Léopold Yéhouessi (batterie), Bernard “Papillon” Zoundégnon (guitare), Joseph “Vicky” Aménoudji (batterie), Sagbohan Danialou (percussions, voix), Théo Blaise Kounkou (voix), Samuel Gnonlonfoun (trompette), Léon Hounnonkpé (piano), Mathurin D’Almeida (percussions), Moïse Loko (piano), Pierre Loko (percussions), Lucien Alladé (percussions), Nestor Somassou (percussions), Anago Cosme (voix), Bayo Agonglu (percussions), Honoré Avolonto (voix), Philibert Agbahounhba (guitare rythmique), Maximus-Unitas Adjanohun (guitare rythmique), Fifi Leprince (guitare), Mike Sharp (trompette), Koutouan Théodore Ossey « Théo » (trompette), Cakpo Cosme (trompette), Vital Assaba (clavier), Gbetognon Bonaventure Didolanvi (batterie), Mado Martino (guitare rythmique), Célestin Honfo (percussions), ou encore le Malien Tidiani Koné (guitare, flûte, clarinette, saxophone).

Discographie

Digne représentant de l’afro-funkafro-beat-vaudou béninois, l’Orchestre Poly-Rythmo a tourné dans plusieurs villes d’Afrique, d’Europe, des Etats-Unis, du Canada ou du Brésil, et a enregistré une pléthore de 45 tours et d’albums, dont : « Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou – Dahomey » (1972), « Ahehehinnou Vincent, Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou Dahomey » et « The 1st Album »(1973), « Le Sato » et « Orchestre Poly-Rythmo de L’Atlantique Cotonou – Dahomey » (1974), « Poly-Rythmo’ 76 – Vol. 1 » et « Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou – R.P.B. » et « Ehouzou Dandan A et B » (1976), « T.P. Orchestre Poly-Rhythmo de Cotonou – Bénin (avec Zoundégnon Bernard « Papillon » Guitariste », « Tidiani Koné et Le T.P. Orchestre Poly Rythmo de Cotonou – Benin », « Mélomé Clément Chef d’Orchestre », « Spécial Festac 77 In Nigeria – Vol. 2 » et « Betti Betti & T.P. Orchestre Poly-Rythmo » (1977), « Singer Nahounou & T.P Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou – Bénin », « Yéhouessi Léopold Batteur Vol. 4 », « T.P. Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou – Bénin et Loko Pierre Saxophoniste », « Spécial 30 Novembre », « Bentho Gustave Titiou & L’International Poly-Rythmo – Le Disque D’Or », « Trop parler c’est maladie » et « Lohento Eskill Chanteur principal Vol. 5 » (1978), « T.P. Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou – Bénin Vol. 7 (avec Zoundégnon Bernard « Papillon » Guitariste Principal » et « T.P. Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou – Bénin Vol. 8 » ‘1979, « Spécial 80 Vol. 1 » et « 152 Kg de voix » (Eskill & Vicky accompagnées par Le T.P. Poly-Rythmo » (1980), « T.P. Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou – Bénin », « Vol. 10 », « Réconciliation Vol. 9 », « Carte Postale de Côte D’Ivoire », « Vol. 10 » et « T.P. Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou – Bénin » (1983), « Reminiscin’ in Tempo: African Dancefloor Classis » (2003), « The Kings Of Benin Urban Groove 1972-80 » (2004), « Nouvelle Formule » (2007), « The Vodoun Effect: Funk and Sato from Benin’s Obscure Labels 1972-1975 » (2008), « Echos Hypnotiques Vol. 2 » (2009), « Cotonou Club » (2011), « The Skeletal Essences of Afro Funk 1969-1980 » (2013) ou encore « Madjafalao » (2016)…

Source : http://www.polyrythmo.com

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Nago Seck

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