Saikou Suso et Falimada Suso
Issu d’une grande lignée de djélis (griots), facteurs et maîtres de la kora, Foday Musa Suso (prononcer Fodé Moussa Sousso) passe son enfance à Banjul, la capitale. A l’âge de 9 ans, son père l’envoie dans le village de Pasamasi, à Wuli, où il perfectionne sa technique de jeu de kora auprès de ses oncles Sékou Suso et Falimada Suso, deux grands maîtres de cet instrument mandingue complexe. Après 9 ans de formation théorique rigoureuse, Foday Musa Suso acquiert une riche expérience et devient un joueur accompli de la kora, mais aussi du balafon (xylophone) et du tama (talking drum). En 1976, il enregistre à Accra, au Ghana, son premier album « Kora Music from the Gambia », laissant entendre des chansons tirées du répertoire de musique mandingue de kora, harpe-luth à 21 cordes d’Afrique de l’Ouest. Les titres présents dans cet opus font partie des archives de Smithsonian Center for Folklife and Cultural Heritage. On y entend des airs les plus connus et les plus joués dans la pure tradition de récits sur les grands leaders mandingues comme « Kelefaba », une chanson louant Kelefa Sanneh (Sané), un prince de la noblesse de l’ancien royaume du Gabu (Gabou) ou Kaabu devenu un intrépide hussard. Mais aussi « Sunjata », une chanson à la gloire de Soundiata Keïta, fondateur au XIII° siècle de l’Empire mandingue.
American Songs et Mandingo Griot Society
Émigré en 1977 à Chicago, aux Etats-Unis, Foday Musa Suso fréquente le milieu jazz, commence à jouer et à composer avec de nombreux artistes comme Bill Laswell (basse), Herbie Hancock (piano, claviers), Jack De Johnette (batterie, piano), Pharoah Sanders (saxophone) et bien d’autres. Quelques mois plus tard, Foday Musa Suso est cofondateur du groupe de jazz-fusion Mandingo Griot Society, avec le percussionniste Adam Rudolph, le batteur et percussionniste Hank Drake, le bassiste Joseph “Joe” Thomas, le guitariste John Markiss et le percussionniste Hamid Drake. Ensemble, ils enregistrent en 1978 un album éponyme, « Mandingo Griot Society », en featuring avec le trompettiste de jazz américain Don Cherry. Trois ans plus tard, le groupe sort « Mighty Rhythm », réalisé avec le saxophoniste Maulawi Nururdin, le trompettiste Billy Brimfield et les choristes Isatou Walker et Ka T’ Etta Aton.
Collaborations
En 1984, pour la réalisation de l’album « Watto Sitta », le groupe, devenu Mandingo, s’adjoint les services de Bill Laswell (basse), Herbie Hancock (piano, claviers), Ayib Dieng (percussions), Manu Washington (djembé), Reymond Sillah (dundun) et des choristes Nora Harris et Robin Robinson, en plus de la fidèle Isatou Walker. La même année, Foday Musa Suso sort sous son propre nom Hand Power, un album de musique mandingue acoustique donnée par des kora, tama (talking drum), dundun, harmonica, balafon et guitare acoustique. L’année 1985 le voit enregistrer en duo avec Herbie Hancock l’opus « Village Life » et le maxi 45 tours « Harima », deux disques mêlant musique mandingue et électro, un dialogue entre la kora et les synthétiseurs.
En 1986, Foday Musa Suso produit « Mansa Bendung : Welcome The King », un album de musique mandingue réalisé avec le joueur de kora Jarju Kuyateh et l’excellent chanteur Tamba Suso. Un an plus tard, Foday Musa Suso et Herbie Hancock rentrent à nouveau en studio pour l’enregistrement de « Jazz Africa ». En 1990, il sort en solo « The Dreamtime », puis réalise avec Bill Laswell à la basse et Jeff Bova aux synthétiseurs, « New World Power », un opus fidèle à l’esprit électro–mandingue. Suivront « Music From The Screens » (1992), en duo avec le compositeur, flûtiste et pianiste américain Philip Glass, « Music From The Hearts Of the Masters » (2005), avec le célèbre batteur Jack De Johnette, « The Two Worlds » (un opus personnel), « Angelitos Negros », avec la guitariste et chanteuse américaine de latin jazz Nacha Mendez et « The Music of Philip Glass and Foday Musa Suso », tiré des archives sonores de Philip Glass : Volume VI.
Paul Simon et Susan Cohn Rockefeller
En 2008, Foday Musa Suso est invité par Paul Simon pour son spectacle “American Songs”, une rétrospective musicale présentée pendant une semaine au Brooklyn Academy of Music. La même année, il compose la musique de “Making the Crooked Straight”, un film documentaire de 30mn de Susan Cohn Rockefeller relatant l’histoire du docteur Rick Hodes qui a consacré 20 ans de sa vie à soigner les malades et les pauvres en Ethiopie. Diffusé par la chaîne de télévision payante américaine HBO en 2010, “Making the Crooked Straight” est nommé “Meilleur documentaire” aux Christopher Awards 2011 aux Etats Unis.
* Crédit photo: http://downtownmusic.net/
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