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“Née le 25 décembre 1958 à Tidjikdja, en Mauritanie, dans une famille d'iggawins ("griots" en maure), Loula Bent Siddaty Ould Abba aka Dimi Mint Abba apprend très tôt à chanter et s'initie à 10 ans à l'ardine. Plus tard, elle joue avec son époux Khalifa Oul Eide, virtuose du tidinit et guitariste, avant de faire une carrière solo. Comme tous les iggawins électriques, elle a introduit des instruments occidentaux dans la musique maure et a créé de nouvelles techniques de chant. Dimi Mint Abba dite "la diva du désert" décède le 4 juin 2011 à Rabat, au Maroc. Mais son art continue d'être diffusé par sa fille Fayrouz Mint Seymali, sa sœur Garmi Mint Abba et sa belle-fille Noura Mint Seymali.”

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Les débuts

Son père, Sidaty Ould Abba, lui-même chanteur et compositeur, est l’auteur de l’hymne national mauritanien et le président de la Société des auteurs-compositeurs de Mauritanie. Quant à sa mère, Mounina Mint Eida, elle était une excellente joueuse d’ardine (harpe maure), initiée dès l’âge de 10 ans à l’art subtil de cette harpe maure dont la pratique est réservée aux femmes. Dimi Mint Abba est comme sa mère une joueuse de ardine. Dès sa jeunesse, elle a appris à jouer des percussions et à dix ans, elle commence l’apprentissage de l’instrument. C’est en 1975 que débute sa carrière professionnelle.

Festival Oum Kalsoumb et YoussouNdour

En 1976, Dimi Mint Abba obtient le premier Prix du Concours de chant organisé par la radio nationale. L’année suivante, elle est choisie pour représenter son pays au Festival Oum Kalsoum en Tunisie. L’interprétation de ses compositions à la télévision tunisienne lui ouvre les portes de tout le Maghreb et de dix pays d’Afrique subsaharienne tant sa musique représente un pont culturel entre les deux parties du continent. Dimi Mint Abba partagera la scène ou fera des projets avec de nombreux artistes de pays voisin de la Mauritanie : Youssou Ndour, Baaba Maal, Fodé Kouyaté, Mah Kouyaté, Abdou Guité Seck

Une carrière internationale

À la fin des années 1980 et au début des années 1990, Dimi Mint Abba chante beaucoup en Europe et aux États-Unis, accompagnée de son mari et virtuose du tidinit (équivalent du ngoni ou xalam), Khalifa Oul Eide. C’est ainsi qu’ils donnent en 1989 un concert au Théâtre de l’Alliance française à Paris, en France, accompagnés de Garmi Mint Abba au tbal et de la danseuse Fayrouz Mint Seymali, dans le cadre du projet « Mauritanie – Chants et danses des cours d’Amour ». Ce passage dans la capitale française est l’occasion d’enregistrer des titres qui aboutiront à la réalisation de « Moorish Music from Mauritania », un premier album paru en 1990 chez World Ciruit. Sort deux ans plus tard chez Auvidis un album personnel « Musiques et chants de Mauritanie » enregistré lors de son passage en France l’année précédente.

Cette même année 1992, elle se produit au Théâtre de la Ville à Paris et deux ans plus tard à l’Institut du Mon Arabe. Elle développe depuis cette période une carrière internationale, participant en 1994 à l’enregistrement de l’album « International Times » et à la tournée du groupe Transglobal Underground, au festival d’Essouira au Maroc en 2002 ou au Womad Rivermaid en Angleterre en 2006. Elle sera aussi, aux côtés de Jean-Philippe Rykiel aux claviers, du projet « Migrants Music Manifesto » financé avec le soutien de la Commission Européenne.

Dimi Mint Abba et Jack DeJohnette

En mars 2009, dans le cadre de l’exposition « Le Siècle du Jazz » au Musée du Quai Branly à Paris, en France, Dimi Mint Abba se produit aux côtés du célèbre batteur américain Jack DeJohnette qui explore ses racines africaines depuis les années 1970. Un moment émouvant pour la « diva du désert ». « Cela me fait énormément plaisir », a-t-elle déclaré à RFI. « Je suis ravie d’avoir cette opportunité et d’être la première Mauritanienne à jouer avec Jack DeJohnette. Il est tout simplement extraordinaire. Cela prouve que la musique n’a pas de frontières. » Abba a insisté sur le fait qu’il y avait un héritage commun reliant les deux cultures musicales.
« Dans notre musique, nous progressons à travers cinq modes », insiste-t-elle. « Le premier s’appelle le « karr ». Cela ressemble à un mode jazz, qui nous aide à échanger avec Jack. J’espère que notre travail ensemble ne s’arrêtera pas là. Nous devons continuer à travailler ensemble. Nous nous sommes dit cela l’un à l’autre. Et j’espère que cela fonctionnera, inch’Allah. »

La voix de la diva du désert s’est éteinte

Dimi Mint Abba, surnommée « la diva du désert », décède le 4 juin 2011 dans un hôpital à Rabat, au Maroc, à la suite d’un accident cérébral, alors qu’elle chantait dans une cérémonie de mariage à Lâayoune (Sahara occidental). Mais ses genres musicaux, azâwân, bedja, medeh (ou medh), musique maure en général, continuent d’être diffusés par sa fille Fayrouz Mint Seymali, sa sœur Garmi Mint Abba et sa belle-fille Noura Mint Seymali.

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Nago Seck

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