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“Née le 30 mai 1964 à Bamako au Mali, l’auteure-compositrice et chanteuse, Fatoumata Touré aka Fantani Touré n’était pas destinée à une carrière artistique. Très jeune, elle est attirée par la musique et, à l’âge de 7 ans, elle commence à chanter à l’école de “l’Empire de la Sagesse Divine” malgré la réticence de ses parents. Militante des Droits de la Femme, Ambassadrice de l’Unesco pour la Paix, initiatrice du festival au féminin “Les Voix de Bamako”, Fantani Touré est aussi présidente de l’Association Kolomba. S'inspirant de la musique mandingue, Fantani Touré développe un afro-folk donné par des instruments africains (balafon, kora, ngoni, dunun, djembé, doudoumba) et occidentaux (batterie, basse, clavier, guitare). Ses collaborations avec une Symphonie du Lycée de la ville d’Angers (France) et un groupe de techno américain contribuent à asseoir sa renommée internationale…
Diva de la chanson malienne, Fantani Touré, épouse du célèbre comédien Habib Dembélé surnommé "Guimba National", décède le mercredi 03 décembre 2014 au petit matin, à Aubervilliers, dans la banlieue parisienne, en France, où elle vivait avec son mari, le comédien Habib Dembélé dit “Guimba National”, et ses enfants. Elle avait 50 ans.”

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Une artiste précoce

Faire de la musique ne fait pas partie des activités d’une princesse (les Touré sont de la caste des nobles). Cela ne l’empêche pas de participer aux concours organisés dans son quartier, et bientôt aux intercommunales, puis aux biennales du Mali. A l’âge de 7 ans, Fantani Touré commence la scène danseuse, chanteuse et comédienne de théâtre. À l’âge de 10 ans, elle est nommée “Meilleure soliste et danseuse” lors des biennales artistiques et culturelles du Mali. Titre qu’elle conserve de 1978 à 1986.

Formations

En 1988, Fantani Touré obtient son diplôme de technicienne à l’ECICA de Bamako (Ecole d’Industrie, de Commerce et d’Administration). Son diplôme de management en poche, elle crée des petites entreprises dans lesquelles les femmes jouent un rôle important : le textile (spécialité teinture indigo et confection) et la décoration. Sa passion pour la musique la pousse bientôt à s’inscrire à la section musique de l’INA (Institut National des Arts) : en 1992, elle obtient son diplôme d’artiste-musicienne . “Je me suis inscrite à l’INA pour développer mes talents artistiques, mieux appréhender les ficelles de ce domaine et réaliser mes choix…”.

Salif Keïta, le grand frère

Trois ans plus tard, produite par son compatriote et grand-frère Salif Keïta, Fantani Touré sort un premier album réalisé avec Ray Lema (co-compositeur, claviers), N’Tin Naari. Fantani Touré y navigue entre chanson populaire (« Sanka Nyonkon »), traditionnelle (« N’tin Naari »), d’amour (« Diyanieba »)… sans oublier de lancer un appel à l’unité des femmes africaines (“Den Nado”). Cet opus qui connaît un succès immédiat et la consécration en 1997 (“Meilleur album de l’année”, “Meilleure artiste” et “Meilleure vente”) est enregistré avec Guimba Kouyaté (guitare, ngoni, tama, chœurs), Lamine Camara (basse), Moussa Diabaté Mantio (balafon), Badj Tounkara (ngoni), Seyba Sacko (ngoni, tama), Samba Sidibé (tama) et Cati Renoir (chœurs). C’est la reconnaissance internationale entraînant de nombreuses collaborations, dont des premières parties de son aîné Ali Farka Touré (1939-2006) qui lui a présenté le compositeur, arrangeur et pianiste réalisé avec Ray Lema, et Toumani Diabaté qui aime, entre tout, se produire avec elle sur scène.

La princesse de Bozola

Il faut attendre l’année 2000 pour entendre “Bozola”, un opus arrangé parce dernier et sacré “Meilleur album de l’année”. Dès lors, la diva Fantani Touré est surnommée “la princesse de Bozola” par les médias et mélomanes maliens. “Bozola” parle de la cherté de la vie, et interpelle le président de la République Amadou Toumani Touré (ATT) sur l’augmentation des produits alimentaires de première nécessité, mais aussi sur la situation de la jeunesse malienne. Trois ans plus tard, elle enregistre “Soukabé Mali” (Notre Mali), un titre réalisé avec Ray Lemond et dédié aux Halpulaars (Peuls) maliens. Quant au clip, il est réalisé par son mari, le comédien Habib Dembélé dit “Guimba National”.

Ali Farka Touré, l’autre grand frère

En 2009, Fantani Touré rendra hommage à son aîné Ali Farka Touré. “Je rends la monnaie de la pièce à mon grand frère Ali Farka Touré. Il a été le premier à m’inviter sur une grande scène internationale. Il m’a présenté à réalisé avec Ray Lema. Trois jours avant sa disparition, j’étais avec lui et nous avons eu au téléphone réalisé avec Ray Lema à qui il a demandé de continuer à travailler avec moi”.

Festival international « Les Voix de Bamako »

Très concernée par les Droits de l’Homme et surtout les droits des femmes au Mali, Ambassadrice de l’Unesco pour la Paix, Fantani Touré est l’initiatrice du Festival international “Les Voix de Bamako”, un festival au féminin. Ce n’est pas une surprise lorsqu’elle vint au Festival du Désert près de Tombouctou en janvier 2003 pour défendre les droits de la minorité touarègue. Cependant, en 2003, Fantani Touré est nommée « Artiste de l’année » au Mali, comme l’ont été ou le seront ses compatriotes Salif Keïta, Ali Farka Touré, Nawaha Doumbia, Toumani Diabaté, Habib Koité, Oumou Sangaré, Rokia Traoré et bien d’autres encore.

Fatani Touré et Ray Lema

Après la sortie en 2007 de Awô, réalisé par Ray Lema, et parlant de la réalité urbaine, rurale ou de la tradition tamachek du désert au Nord du Mali, Fantani Touré est à l’origine de “L’Hymne de la paix”. “J’ai fait cette chanson pour une paix durable au Mali et pas seulement pour le Nord du pays. La chanson a été réalisée en une demi-heure”. “L’Hymne de la paix” sera retransmis en direct de Tombouctou sur la Télévision Nationale Malienne, avec divers artistes maliens comme Afel Bocoum, Hawa Sangho, Tialey Arby, Aira Arby, Ami Wassidi, aux côtés de Fantani Touré. Elle tournera ensuite dans plusieurs villes de France (Paris, Angers, Amiens, Beaugency, Langon…), en Belgique et en Allemagne.

Ambassadrice de l’Unesco pour la Paix

Suite à son projet “L’Hymne de la paix”, Fantani Touré est faite “Chevalier de l’Ordre national du Mali” en 2010. La diva malienne, présidente de l’Association Kolomba, lance le festival international “Les Voix de Bamako” et milite pour les droits de la femme et le respect et l’unité de toutes les communautés du Mali, contre l’excision et pour l’éducation des filles et des enfants. En 2011, elle remporte le “Prix Unesco de l’éducation pour la paix” et est nommée “Ambassadrice de l’Unesco pour la Paix”.

Les Voix de la Paix : Ensemble pour le Mali

Naîtront par la suite d’autres initiatives en faveur de la paix, comme “Les Voix de la Paix : Ensemble pour le Mali”, une soirée organisée le 21 septembre 2014 à l’occasion de la Journée Internationale de la Paix avec divers acteurs et citoyens Maliens : Zeynabou Cissé, Fady Traoré, Diadié Hamadoun Maïga, Mahamane Baba Traoré, Aziza Mint Mohamed, Ousmane Alamine Touré, Mahamane Aliji Touré, Yeiya H Kounta, Moulaye Almeydi Ould Mohamoud, Mohamed Elhar Ag Ahmidy, Elbouhary Ben Seouty, Mama Koité, Mylmo, Ousmane Goro aka Petit Goro, Savané Boubacar Touré SBT et Penzy.

Fantani et l’orchestre symphonique Scènefonia

Le 5 avril 2014, Fantani Touré donne un concert mémorable contre l’excision au Grand Théâtre d’Angers avec l’orchestre symphonique Scènefonia (orchestre symphonique du Lycée David d’Angers), sous la direction musicale du compositeur et chef d’orchestre français Jean-Jo Roux.

Le Mali sur scène au Zénith

Le 21 octobre 2014, Fantani Touré et son association Kolomba célèbrent la musique malienne à Paris (France), lors d’un spectacle mémorable intitulé « Le Mali sur scène au Zénith », avec Tata Bambo Kouyaté, Djénéba Seck, Yoro Diallo, Sékoubani Traoré, Kôkô Dembélé, et bien d’autres encore…

La voix de la diva s’est éteinte

Diva de la chanson malienne, Fantani Touré décède le mercredi 03 décembre 2014 au petit matin, à Aubervilliers, dans la banlieue parisienne, en France. Elle avait 50 ans.
Plusieurs hommages lui seront rendus au Mali, son pays natal, et en France, à Aubervilliers, sa commune d’adoption, par les jeunes griots.

Aubervilliers – Seine-Saint-Denis

La municipalité d’Aubervilliers où elle a vécu plusieurs années donnera en 2018 son nom à une rue, « Rue Fantani Touré, près du Campus Condorcet, la Cité des Humanités et des Sciences Sociales située dans le Grand Paris, au nord de Paris.

Rue Fantani Touré 93 Aubervilliers

A propos de Fantani qui a vécu à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, deux artistes qui l’ont côtoyé témoignent :
« C’était une femme adorable, généreuse. Elle m’a écouté, elle m’a conseillé, elle m’a encouragé à continuer mon art. Paix à son âme. »
** Senny Camara – Chanteuse, joueuse de kora)

« C’était une grande artiste et une grande combattante pour la cause des femmes. »
** Abou Kouyaté – Griot, guitariste et ex-musicien de Fantani

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Nago Seck

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