L’héritier de Bah Kimintang Cissokho et Soundioulou Cissokho
Issu d’une grande famille de « djélis korafolas » (griots joueurs de kora) du Sénégal, l’auteur, compositeur, joueur de kora et chanteur, Djéour Cissokho, fait partie des « korafolas » les plus doués de sa génération. Son grand-père, Bah Kimintang Cissokho dit « Bah Djéli Cissokho » fut, avec son cousin Nago Guèye, le premier à présenter la musique de kora en Europe dans les années 1930.
Son père, Kémokho Kandara Cissokho dit Soundioulou Cissokho (1921-1994), fut dès 1948 la première véritable star de la kora mandingue en Afrique de l’Ouest. Chevalier de l’ordre du mérite sénégalais, il reçoit, en 1972, pour ses 58 compositions déposées, la médaille de la SACEM en France (la Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique en France).
Dans la famille du « Roi de la kora », plusieurs enfants perpétuent l’héritage familial, comme Ablaye, Prince, Djéour bien sûr, ou encore les nombreux héritiers de la lignée mandingue de ce maestro de la kora » hors norme, dont ses petits-enfants Ali Boulo, Ameth Sissokho aka Metsing ou encore Fanta Cissokho aka Fanta Style.
Contrairement à ses frères, Chérif Cissokho, père de Fanta Cissokho aka Fanta Style, est architecte mais aussi facteur de koras, gardant ainsi le lien avec l’héritage familial.
Djéour Cissokho & Allalaké
Formé à la kora par son père et au solfège par deux de ses frères (ex de l’Ecole des Arts de Dakar), Djéour Cissokho a toujours respecté un des préceptes de son regretté papa Soundioulou Cissokho: « Mon père qui était un puriste était contre les koras à clés et j’ai suivi son conseil. Régler les notes avec une lanière est beaucoup plus difficile mais ouvre des possibilités. La kora ne se joue pas avec des gammes mais des modes. Parfois, à cause des lanières, la kora se désaccorde et d’autres notes surgissent. Les lanières laissent une forme de liberté et de créativité ».
Plus tard, Djéour Cissokho se perfectionne à son tour à l’Ecole des Arts de Dakar. C’est à lui que reviendra le rôle d’amener la pure tradition familiale vers la modernité en croisant le répertoire de la musique mandingue de kora au mbalax wolof, au reggae, à la salsa, au jazz et à l’afro zouk. Auteur de plusieurs cassettes et CD dont Unité (1999), Guisna (2003), Au fond de l’inconnu (2006) et La nuit nous voit (2009), des albums réalisés avec l’excellente chanteuse Banta Cissoko et produits par le label Zoum-Zoum de Josée Lapeyrère, Djéour Cissokho et son groupe Allalaké (la main de Dieu) sont l’objet d’un film documentaire réalisé en 2002 par INA (l’Institut National de l’Audiovisuel). Initiateur du Mémorial Soundioulou Cissokho à Dakar, Djéour Cissokho a réuni en mai 2001 des vedettes de la musique mandingue comme Amy Koïta, Djéliba Kouyaté et Djéli Mory. Sa fusion subtile et mélodieuse donnée, entre autres par sa kora et les percussions (sabar, djembé d’Ousseynou Diouf, et soutenant des textes sur l’Afrique, l’exil, la corruption ou l’immigration, chantés en « socé » (sa langue), en « malinké », en « wolof » ou en français, sont diffusés dans divers pays du monde : Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Guinée, France, Angleterre, Allemagne, Suisse, Chine, Japon et Etats-Unis (où il est invité par la Columbia University de New York pour des conférences).
* Crédits photos: Josée Lapeyrère & Djéour Cissokho
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