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“Né le 23 août 1959 à Bonandjo, un quartier de Douala, au Cameroun, Joseph Kuo aka Jojo Kuo est un auteur-compositeur, arrangeur, interprète, programmeur, producteur et batteur virtuose. Très éclectique, il navigue entre afro-beat, Jazz-rock/Jazz-fusion, afro-jazz, afro-funk, afro-blues, latin jazz ou encore musique acoustique. Il développe aussi de l’afro-fusion, un style tiré des musiques populaires de son pays natal, dont le makossa, l'esséwé, le bolobo, le bikutsi ou les sonorités du peuple Sawa des régions du Littoral (francophone) et du Sud-Ouest (anglophone)...
Fondateur du groupe The Afrobeat Collective, cet artiste vit aux Etats-Unis depuis 1994 et a collaboré en studio ou sur scène avec de nombreux artistes, dont Fela Anikulapo Kuti, Manu Dibango, Pierre Akendengué, Xalam, Egypt 80, Mory Kanté, Papa Wemba, Peter Gabriel, Harry Belafonte, Diane Dufresne, Richard Bona, Antibalas Afrobeat Orchestra, Bela Fleck, Kokolo Afrobeat Orchestra… ”

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Eboa Lotin

Issu d’une famille de huit enfants, Jojo Kuo est né d’un père ophtalmologiste à l’hôpital Laquintinie, Benjamin (1922-2007), joueur de sanza à ses heures, et d’une mère couturière, Émilienne. Ses oncles paternels sont des percussionnistes traditionnels très réputés au pays. Après un CAP en dessin/bâtiment,  Jojo Kuo décide, contre la volonté de son père, d’abandonner à l’âge de 15 ans ses études et de quitter le domicile familial pour se consacrer à la musique avec des potes. Au milieu des années 1970, l’auteur-compositeur Eboa Lotin,  inspirateur de nombreux artistes camerounais,  (1942-1997), lui offre la possibilité, lors d’un spectacle au club Négresco, de Yaoundé,  de se produire pour la première fois en public. Ainsi débute la carrière de ce batteur et rythmicien exceptionnel.

Jojo au Nigeria

Encouragé par son frère aîné Michel qui prend très vite la mesure du potentiel artistique de son jeune frère, à 17 ans, Jojo fugue au Nigeria en compagnie de plusieurs amis.  Cette aventure verra le décès tragique de Foumi,  provoqué par une anémie chronique à cellules falciformes. Jojo  procèdera  aux formalités d’inhumation de ce jeune guitariste surdoué au Nigeria. Lors de ce séjour nigérian, Jojo rencontre Mr Afro-beat, Fela Anikulapo Kuti qui l’engage malgré son impudence. A l’étonnement de tous, il a osé demander le montant du cachet à la star nigériane. À la fin des années 1970, Jojo Kuo rentre au Cameroun avec le Kaston Fire, un orchestre devenu très célèbre au Cameroun :  l’un des membres est l’excellent bassiste Noël Assolo (futur bassiste de Patricia Kaas, Rita Mistsouko, etc).

La scène parisienne 

Après une deuxième aventure nigériane avec son acolyte Noël Assolo et Jimmy Takoube, Assolo et Jojo Kuo partent ensuite pour la France en 1981, pour y étudier la musique et exploiter leurs talents. Chacun fera ensuite sa carrière de son côté.  Ses talents sont rapidement reconnus par de nombreux musiciens de la scène parisienne. Le surprenant Jojo est aussi probablement le premier musicien africain « comme il aime le dire » à utiliser une batterie électronique comme outil de travail et à utiliser en même temps au milieu des années 1980/1990 l’ordinateur au service de la programmation musicale, après que son frère aîné Michel alors étudiant à Paris l’eut initié très rapidement à l’informatique en quelques jours… Il joue avec Pierre Akendengué (« Silence »), Manu Dibango (« Electric Africa », « Polysonik »), Mory Kanté (« Akwaba Beach », « Yéké Yéké », « 10 Cola Nuts », « Bankero »).

Installé à New-York en 1994, Joseph « JoJo » Kuo  s’impose rapidement. Musicien prolifique, batteur extraordinaire, arrangeur et producteur, il sera d’ailleurs beaucoup plus connu à New-York et à l’étranger en général que dans son pays d’origine, le Cameroun. Il   introduit bvientôt l’afro-beat  dans les endroits branchés de New York, au Joe’s Pub, au Zinc Bar, au Zébulon sans oublier le célèbre St. Nick’s Pub du St Nicholas Avenue (Corner of 149th Street à Harlem).

Découvrez l’interview de Jojo Kuo réalisé à Time Square dans le studio Funkadelik par Nago Seck en juin 2022

Formidable batteur et réalisateur, Jojo Kuo, par son génie, sa créativité et son originalité a beaucoupapporté à de nombreuses  réalisations musicales.  Il a collaboré avec de nombreux artistes de renommée internationale tels que Papa Wemba, Peter Gabriel, Harry Belafonte, Antibalas Afrobeat Orchestra (« Liberation Afrobeat Vol. 1 », sur les titres « Uprising » et « El Machete ») ou encore Richard Bona ( « The Ten Shades Of Blues »).

Ses talents de créateur ont largement et directement contribué au succès de nombreux artistes africains qui ont occupé le haut du hit-parade, notamment Mory Kanté avec le fulgurant succès de « Yéké Yéké », réenregistré dans une version plus concise, rapide, électrique et dansante pour l’album « Akwaba Beach » (1987). Les ventes se sont envolées (plusieurs millions de singles et d’albums jusqu’aujourd’hui), les classements dans les hit-parades se sont alors multipliés tout autour de la terre. À ce titre, quand en juillet 1988 « Yéké Yéké » atteint la première place du classement paneuropéen du Billboard (revue de référence du show-business américain), le griot de Kissidougou a réussi son défi : donner à la musique africaine la place qui lui revient de droit. Ce que confirment les Victoires de la Musique 88 en couronnant « Akwaba Beach » « Meilleur album francophone ».

Ses projets

Sorti en 2007, « No Kelen Kelen » (terme camerounais pour dire « pas d’entourloupe »),  a été conçu tout au début de l’ouverture du parc d’attractions Disney Animal Kingdom, où Jojo a été le leader du groupe africain résident,  chargé de la création d’événements spéciaux, en 1999. Cette compilation a été mise en valeur  la diversité et la richesse culturelle africaine, forme de tapisserie musicale.

La touche afro-beat

Outre ses propres projets, Jojo Kuo a posé sa griffe sur les musiques de nombreux artistes aux styles divers, en studio comme sur scène : Kotti Francois, Sallé John, Misse Ngoh Francois, Ali Baba, Ekambi Brillant, Toto Guillaume, Diane Dufresne, Emile Nkangué, Marthe Zambo, Koko Atéba (« Taxi »), Ndédi Dibango, Ndédi Eyango, Sam Fan Thomas (« Noa » du « The Best of »), Lapiro de Mbanga, Moni Bilé, Mama Owandja, Tom Yoms. Jack Djeyim, Pierre Claver Zeng, Vicky Edimo (« Thank U Mamma »), Nyboma, Grand Zaïko Bayaka, Petit Pays, Guy Lobé, Charlotte Mbango, Djanka Diabaté, Oumou Diabaté, Grace Decca, Bandi Booth, et bien d’autres…

En 2009, Jojo Kuo est en featuring sur le projet « Afrika Man » écrit et produit par Ray Lugo du groupe Kokolo. Kokolo Afrobeat Orchestra est un groupe afrobeat américain du Lower East Side de New York City, formé en 2001 par Ray Lugo, auteur-compositeur, guitariste, chanteur et producteur américain. Avec The Daktaris et Antibalas, ils font partie de la première scène afrobeat de New York contribuant à populariser ce genre musical aux Etats-Unis.  Leur style punk infusé d’afro-beat, de salsa, de jazz et de funk leur a permis de tourner dans le monde entier.

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Nago Seck

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