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“Née en 1983 à Londres (Grande-Bretagne), une des rares joueuses professionnelles de kora, auteure-compositrice, chanteuse et multi-instrumentiste (guitare, violoncelle, piano, clavecin, udu, percussions, cello, batterie), Maya Sona Jobarteh aka Sona Jobarteh (prononcer Diabaté) mêle dans ses créations son héritage africain et ses influences européennes. Devenue professionnelle, la fille de Sanjally Jobarteh explore les racines de la musique mandingue en développant de l’afro-folk plutôt que d'essayer de fusionner cette musique avec des sonorités plus contemporaines (hip hop, rock, pop ou jazz)…En avril 2023, elle a été nommée docteur honoris clausa de la prestigieuse école de musique , Berklee school of music de Boston. ”

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Une famille de musiciens

Petite-fille d’Amadu Bansang Jobarteh (Amadou Bansang Diabaté – 1915–2001), créateur du « yeyengo » (un style ouvert à des compositions plus contemporaines), fille du korafola Sanjally Jobarteh (Sandjaly Diabaté) et cousine du célèbre Toumani Diabaté, Sona Jobarteh, issue d’une grande famille de griots, commence à s’adonner à la kora à trois ans auprès de son frère Tunde Jegede, avant de se perfectionner auprès de son père. Pour la guitare, elle sera initiée par son oncle Sankung Jobarteh. A l’âge de 4 ans, elle donne déjà sa première prestation au London’s Jazz Café au Barbican, célèbre centre culturel au nord de Londres.

Collaborations

Durant cette période, Sona Jobarteh joue avec la percussionniste écossaise Evelyn Glennie, Britten Sinfonia (l’Orchestre philharmonique royal basé à Cambridge), et participe au projet « River of Sound » de l’Irish Chamber Orchestra de L’université de Limeric (Irlande). En 2002, elle est invitée par le célèbre chanteur de jazz britannique Cleveland Watkiss lors de son concert à Vienne (Autriche), avant de retourner à Londres jouer avec la chanteuse de jazz américaine Cassandra Wilson au Barbican Centre. Sona Jobarteh a aussi collaboré sur scène avec de nombreux autres artistes, dont Oumou Sangaré, Toumani Diabaté, Kassé Mady Diabaté et l’Orchestre symphonique de la BBC.

Elle participera, sous le nom de Maya Jobarteh et comme compositrice et musicienne à deux albums de son frère Tunde Jegede, « Lamentation » en 1995 et « Malian Royal Court Music » en 1996. Une de ses compositions de l’opus « Lamentation », Song of the Waterfall, sera insérée dans la compilation « Trance Planet Vol. 5 », parue en 2000. L’année 2002 la voit participer au disque « Mali Music » de Damon Albarn (compositeur, pianiste et chanteur des groupes anglais Blur et Gorillaz), réalisé avec le compositeur et pianiste britannique Hollande Jools et plusieurs autres artistes apportant chacun sa couleur : les notes de la kora avec Toumani Diabaté et Sona Jobarteh, le blues songhaï avec le guitariste Afel Bocoum, l’afro-blues mandingue avec Lobi Traoré, les sonorités sénoufo avec Neba Solo (balafon) ou encore l’afro-rap avec Les Escrocs. Quant à la joueuse de kamélé ngoni, Ko Kan Ko Sata (ou Kokanko Sata), elle fait l’objet d’un caméo.

Etudes musicales

Sona Jobarteh commence ses études de musique au Royal College of Music à Kensington.pour apprendre le violoncelle, le piano et le clavecin, puis part à Purcell School of Music à Bushey pour la composition. Après avoir obtenu son diplôme à la School of Oriental and African Studies (SOAS), une école constituante de l’université de Londres spécialisée dans les arts, humanités, langues, cultures, droit et sciences sociales, elle partage son temps entre ses activités (compositions, concerts, tournées) et ses cours en tant que professeur de kora, enseignant le répertoire et l’histoire de cet instrument complexe aux nouvelles générations.

Elle travaillera également avec son père qui a fondé en Gambie une école de musique appelée « Amadou Bansang Jobarteh School Of Music ». Une opportunité pour elle de vivre entre l’Angleterre et la Gambie, le pays de son père où elle donnera plusieurs concerts et sera sacrée « Virtuose féminine de la kora » aux World Music Winners en 2012.

Production discographie

Après avoir participé, en 2006, comme musicienne et productrice à l’album « Spoken Herbs » du rappeur et percussionniste anglais Andrew Ward aka HKB FiNN, et, en 2007, à « Nu Beginning » du chanteur afro-pop, rappeur et producteur zambien Mbangweta Mwendaweli aka Ty2, Sona Jobarteh sort, en 2008, sur son propre label Sona Soul Records « Afro Acoustic Soul ». Ce premier album personnel comprend des chansons traitant notamment de thèmes sociaux (mariage forcé, agression sexuelle, alcoolisme, drogues, jeunes en difficulté…). La même année, elle est à nouveau musicienne et productrice sur « Light in the Shade of Darkenss » de HKB FiNN. En 2011, elle sort sur le label African Guild Records « Fasiya », un album enregistré, entre autres, avec Babacar Dieng (djembé, bugarabu bugger), Sankung Jobarteh (guitare électrique), Saihou Kanuteh (balafon), Mbemba Jammeh (congas), Femi Temowo, (basse), Sura Susso (congs). Baba Gallé Kanté (flûte peule), ou encore Juldeh Camara (riti, tamani (talking drum).

L’opus laisse entendre certains airs du répertoire traditionnel de la kora mandingue, comme « Jarabi », « Mali Sadio » à travers « Mamamuso » ou « Tiramaghan Faasa » à travers « Fasiya ».

A l’occasion du Jubilé d’or de l’indépendance de la Gambie en 2015, Sona Jobarteh sort le single « Gambia », dont la vidéo est réalisée dans cette ancienne colonie britannique indépendante depuis 1965.

Sona Jobarteh et le cinéma

Outre ses diverses collaborations, ses propres concerts, tournées et albums, Sona Jobarteh a d’autres cordes à son arc. En 2006, elle est actrice dans « The Idea », une satire de la société contemporaine et notre incapacité à écouter les autres en dehors de notre propre ego, réalisée par Owen Alik Shahadah, né à Hanovre (Allemagne) et ayant vécu les Caraïbes, à New York et au Royaume-Uni. Elle apparaîtra dans d’autres films comme musicienne : bande originale de « 500 Years Later – Music of the Diaspora » (2006), un film documentaire sur l’esclavage écrit par MK Asante et réalisé par la même Owen Alik Shahadah sur l’histoire africaine, la justice sociale, l’environnement, l’éducation et la paix. On retrouve à ses côtés plusieurs artistes, dont son frère Tunde Jegede, Ocacia, Kassé Mady Diabaté, Oumou Sangaré, Abdul Tee-Jay ou encore Mamedi Kamara.
Ce documentaire vaudra à Owen Alik Shahadah plusieurs récompenses : « Unesco Breaking the Chains Award » au Festival International du Film de Zanzibar, « Meilleur documentaire » au Pan African Film And Arts Festival à Los Angeles (USA), au Bridgetown Film Festival à La Barbade, « Meilleur film documentaire » à l’International Black Cinema (Berlin – Allemagne), et « Meilleur documentaire international » au Harlem International Film Festival (New York – USA).

Elle participera aussi comme joueuse de kora à la bande sonore réalisée par Alberto Iglesias pour le film « Los Abrazos Rotos » (« Broken Embraces » ou « Étreintes brisées ») de Pedro Almodóvar, sorti en 2009. La même année, elle compose la musique de « Motherland – The Score », bande originale du film documentaire sur l’Afrique, « Motherland », réalisé par Owen Alik Shahadah qui recevra en 2010 un « African Movie Academy Award », du meilleur documentaire de la diaspora, au Nigeria.

Elle pose en 2010 ses lignes de kora sur la chanson « Maruge Digs » de la bande sonore réalisée par le compositeur de musique de film britannique Alex Heffes pour le film « The First Grader » (Le plus vieil écolier du monde), une comédie dramatique américo-kényane du réalisateur et acteur britannique Justin Chadwick. « The First Grader Soundtracks » remportera le « Prix Discovery of the Year » (Découverte de l’année) aux World Soundtrack Awards à Hollywood et « Meilleur Soundtrack » aux Image Awards 2012 (USA). Quant au film, il sera nominé 12 fois et récompensé 17 fois.

Groupe et tournées

Pour la scène, Sona Jobarteh s’entoure d’artistes d’horizons divers, comme les Ghanéens Kari Bannermann (guitare électrique) et Alexander Boateng (batterie), le Tanzanien Kyazi Lugangira (guitare acoustique), le Sénégalais Mamadou Sarr (djembé, calebasse, congas, timbales) et l’Anglais d’origine jamaïcaine Andi McLean (basse). Avec ces derniers, elle a fait entendre les notes de sa kora mandingue sur les scènes de plusieurs pays du monde : Angleterre, Irlande, Ecosse, Allemagne, Danemark, Suède, Espagne, Italie, Portugal, Lituanie, Pologne, Corée du Sud, Inde, Gambie, Mali, Zanzibar, Ghana, Sénégal, ou encore Mexique…

En 2023, elle a été nommée Docteur honoris Clausa de la prestigieuse école Berklee School of Music de Boston. Une nomination présentée par

Dr. Erica Muhl, première Présidente dans l’histoire de la vénérable institution américaine. Elle est la fondatrice de la Gambian Academy , unre institution dont l’objectif est de former les jeunes africains sur le continent.

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Nago Seck

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