Tito Puente et le Brésil
Fils d’un fonctionnaire qui le balade aux quatre coins du pays, Ramiro Naka Gomes Dias aka Ramiro Naka glane sans le savoir tout ce qui influencera sa future vocation musicale : musique peule, malinkée et mandjak sans oublier les accents chantants du créole portugais. Dans tout le pays scotché aux émissions de Radio Angola, Aragon (Cuba), Voz de Cabo Verde (Cap-Vert) et tous les « salseros » font un tabac. La musique brésilienne (samba, bossa nova) est également très populaire, suivie du jazz et des musiques africaines. Naka affirme sa préférence pour Martinho de Villar, Roberto Carlos et Tito Puente, spécialiste de latin jazz et de mambo.
Formation
Formé à plusieurs disciplines dont le chant initiatique, le jeune artiste délaisse les études et rejoint à 17 ans le Cobiana Jazz, premier groupe du pays à chanter en créole portugais. Au désespoir de son père qui l’exile à Mbilamou, une ville de l’intérieur. Peine perdue : Naka retrouve très vite Nkassa Cobra, groupe phare du pays et spécialiste de gumbé et de reprises de musiques africaines (sénégalaise, angolaise…), brésiliennes et cubaines.
Une passion chevillée au corps
Le bras de fer père-fils n’est pourtant pas terminé. L’artiste en herbe est envoyé à Lisbonne (Portugal) sous le contrôle d’un oncle pour poursuivre ses études. Depuis 1974, date de l’indépendance des colonies portugaises, une ouverture culturelle s’amorce alors au Portugal. Ramiro Naka retrouve très vite sa voie dans les ruelles de Lisbonne et forme bientôt le groupe Sama Myniendo, nom d’un lieu de culte animiste de Guinée Bissau. La formation est populaire au Portugal mais l’artiste rêve de la France et de Paris où il entame bientôt une carrière solo.
Galères parisiennes et producteur suisse
Sa première scène parisienne sera le métro bien vite remplacé par les clubs de jazz. En 1988, Naka rencontre son premier producteur, le suisse Fred Laser et grave deux ans plus tard en compagnie de son compatriote Joao Motta (guitare) et du Sénégalais Kebson (batterie) l’album « Salvador ». Cet opus est marqué par le gumbé, un rythme joué par les « lambats », les griots de Guinée Bissau. Tantôt aérienne, montant dans les aigus, tantôt basse et profonde, sa voix sert des chansons abordant des thèmes comme la justice, le respect, la faim, l’amour. Ses qualités de showman et son style mêlant rythmiques mandingues, lusophones et latines constituent ses principaux atouts.
CComédien, compositeur de musiques de film et écrivain
Naka débute alors une carrière de comédien dans le long métrage « Les yeux bleus de Zombra ». Acteur principal du film « Po di Sangui » (l’arbre aux âmes) de Flora Gomes et compositeur de la bande originale (compétition officielle Cannes 1996), Ramiro Naka tourne et compose bientôt pour Bruno Nuytten (« Passionnément »), Marianne Lamour (« Une qui promet »), Claude Lelouch (« Une pour tous »), Karim Driri (« Hors Jeu ») et joue dans la pièce de théâtre « Harcèlement normal ». L’année 2007 le voit écrire et illustrer « Kali et la calebasse » (Ed. Nouiga – Maroc), un livre de conte pour enfant adaptée par Sylvie Daussin.
Collaborations
Sa carrière musicale se poursuit à travers notamment des collaborations : Paulino Vieira, Jovino dos Santos, Carlos Nascimento, Princess Erika….
Nakasadarte : un homme à la lusophonie
Kasadarte (notre maison de l’art) :
C’est comme une maison de bambous,
Il suffit d’un grand tourbillon de vent,
Et l’art s’envole dans l’air,
L’art est ami,
L’art est culture,
Racines et terre,
Drapeaux du peuple.
En 2008 sort l’album « Gumbe blues Kreol », synthèse de toutes ses influences musicales. Artiste fédérateur et promoteur du monde lusophone, l’artiste bissau-guinéen lance au milieu des années 2000,« Nakasadarte », un projet réunissant sur une même scène des artistes brésiliens, capverdiens, angolais (Anna Guanabara, Tony Gama, Bonga, Teofilo Chantre, Paulino Vieira, Dulce Neia, Jovino Dos Santos, Nana Matias, Estevao Djibson, Tony Reis, Patche Derima). En 2010, sort de ces rencontres un double album, « Rencontre Nakasadarte Lusofona » réunissant les diverses couleurs du monde lusophone (coladeira, morna, gumbe, kizomba, afro-blues).
Nduro Tene Po Gros (Atensao Sida)
2016 voit le retour de sa carrière solo avec le clip « Nduro Tene Po Gros (Atensao Sida) », réalisé en Guinée Bissau par Jimastic Production. Destinée à la prévention contre le Sida, cette oeuvre allie gumbé et mbalax, jetant ainsi un pont culturel entre la Guinée Bissau et le Sénégal.
Brazil for ever
Les années suivantes seront marquées par des allers retours à Salvador de Bahia où Naka Ramiro enregistre avec Carlinhos Brown, le fondateur du samba–reggae, Giba Gonçalves, un des musiciens clés de la lambada et le groupe Olodum, « bloco organisme » et pilier de la communauté noire. Des collaborations passionnantes qui aboutissent à un album à paraître en 2022 et à la sortie en 2001 de trois singles, « Yemanja & Orixa », « Salvador » et « Africa N’Deu ».
Montreuil – Seine-Saint-Denis
Vivant depuis plusieurs années à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, Ramiro Naka livre son regard sur sa commune : « Montreuil, j’y vis depuis trente ans. C’est une ville de rencontres à l’ancienne, autour du marché. Le quartier du Midi, c’est un quartier de solidarité, plein de gens perdus dans leur art. On y rencontrait mes aînés, Salif Keïta, les Touré Kunda, Clément Masdongar… Mon fils allait à l’école avec la fille de Princess Erika, ça nous a rapproché et on a fait tout naturellement un titre ensemble. »
** Retrouvez l’aventure brésilienne de Ramiro Naka sur Afrisson
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