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Né le 2 Novembre 1951 à Shantytown, Orlando West (actuel Soweto), à Johannesburg ( Afrique du Sud), Sipho Mabuse aka Sipho “Hotstix” Mabuse est un auteur, compositeur, arrangeur, producteur et muli-instrumentiste (batterie, flûte, piano, saxophone, kalimba (ou sanza), timbales, bongos). Avec le groupe Harari (ex The Beaters), il s’impose sur la scène sud-africaine des années 1970 avec une musique mêlant sonorités traditionnelles zulu (mbube, mbaqanga), funk, disco, jazz, rhythm’n blues (RnB), rock, soul, donnée par des instruments traditionnels et occidentaux...”

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Le respect des anciens

Dès sa tendre enfance, Sipho Mabuse est influencé par son grand-père et ses oncles, tous chanteurs traditionnels de isicathamiya ou isacathamiya (“embuscade” en zulu), une dérivée de musique chorale chantée principalement par des hommes. Ce style appelé communément mbube (“lion” en zulu) est un style musical populaire marqué par les croyances zulu, résumées dans l’expression “umuntu, ngumuntu, ngabantu” : compétition, force, pouvoir et communication avec les ancêtres.

A l’âge de 8 ans, Sipho Mabuse commence à jouer de la batterie, un instrument qu’il maîtrisera tellement, qu’il sera rapidement surnommé “Hotstix”. Avide de connaissance, celui qui était destiné à devenir un docteur ou un avocat se perfectionne auprès de ses aînés. “Nos aînés, parents et ancêtres doivent être respectés et écouter pour leur contribution et leur apport. Si nous les regardons et écoutons, nous ne pouvons que continuer à grandir”, explique Sipho.

Selby Fikilu Ntuli, guitariste et leader de Harari n’est plus

Sipho “Hotstix” Mabuse commence sa carrière de musicien à l’âge de 15 ans, alors qu’il est encore lycéen, en intégrant comme batteur le groupe The Beaters du guitariste Selby Fikilu Ntuli. Le groupe The Beaters, au look hippie, s’illustre en 1975 en sortant Harari (double disque d’or), un album révélant une fusion jive, jazz, funk, mbaqanga, marabi, et contribuant à leur popularité. Lors d’une tournée en Rhodésie (actuel Zimbabwe) en 1976, The Beaters sont rebaptisés Harari, et deviendront une des formations phares de la scène musicale des années 1970 en Afrique du Sud.

L’inclassable groupe Harari

La reconnaissance internationale de Harari a lieu en 1978 lorsqu’ils sont invités à se produire aux Eats-Unis avec Hugh Masekela, excellent trompettiste de jazz sud-africain (afro-jazz). Pendant cette tournée, le guitariste et leader du groupe, Selby Ntuli, décède, laissant Sipho Mabuse comme le nouveau leader du groupe.

Lors de leur tournée sud-africaine fin 1979, Harari est soutenu par des chanteurs de soul et rhythm’n blues (RnB) américains, comme Percy Sledge, Timmy Thomas, Brook Benton et Wilson Pickett, ainsi que leur compatriote Letta Mbula, exilée depuis 1965 aux USA avec son mari Caiphus Semenya, pour fuir l’apartheid. Leur fusion de mbube, jive, mbaqanga, marabi, funk, disco, jazz, RnB, rock, soul, donnée par des instruments traditionnels (kalimba, bongos…), et occidentaux (batterie, flûte, piano, synthé, saxophone, basse, guitare…), fait de Harari un groupe au style électrique unique, impossible à cataloguer, et que beaucoup ont tenté d’imiter… sans succès.

Considérés comme l’orchestre des “ambianceurs”, Harari comprenait, outre Sipho “Hotstix” Mabuse (batterie, timbales, flûte, piano, percussion, voix), des artistes de talents, dont Alec “Om” Khaoli (basse, voix), Monty “Saitana” Ndimande (guitare), Barney Rachabane (saxophones alto & tenor), Eddie Manda (guitare, percussion, voix), Robert “Doc” Mathilane (guitares solo & acoustique), Oupa Segwai (percussion, congas, timbales, voix), Neo Segonah (piano, synthé (Fender Rhodes), orgue, clavinet, voix) et Stompie Manana (trompette, flugelhorn). Jusqu’à sa séparation en 1982, ce légendaire groupe afro-rock / afro-funk / afro-pop accueillera d’autres musiciens comme Condry Ziqubu (guitare), Trey Stine (guitare), Mzwandile “Tashif” Kente (basse), Lionel Petersen (voix), Masike « Funky » Mohapi (guitare, lead vocal) ou encore Branny Ledwaba (congas, percussion, voix). Harari nous laisse plusieurs enregistrements discographiques, dont Genesis (1977), Manana (1978), Kala-Harari Rock (1979), Heatwave (1980), Flying Out (1981), Harari ou encore Home Brew (1982).

_ Harari connaîtra une seconde jeunesse (éphémère) avec une nouvelle génération de musiciens plus afro-dance et au style vestimentaire BCBG, ayant comme compositeur et producteur, l’incontournable Sipho « Hotstix » Mabuse.

Burn Out : Sipho “Hotstix” Mabuse en solo

A présent lancé dans une carrière solo, Sipho “Hotstix” Mabuse continue de créer une musique sud-africaine originale, aboutissant à la sortie, en 1984, de Burn Out. Ce premier album personnel vendu à plus de 500.000 exemplaires le catapulte au rang de vedette incontournable. En 1985, l’année où le président ségrégationniste PW Botha (Pieter Willem Botha) décrète l’état d’urgence et acte la répression policière dans les townships contre les révoltes de la population noire, sort le maxi 45T Burn Out. Chanson aux parfums mbube, mbaqanga, funk, disco, électro, soul, un style appelé “township jive”, Burn Out devient le premier méga tube sud-africain, avec plus d’un million de disques vendus. Au fil des ans, le titre est remixé par des disc-jokeys internationaux et repris par nombre d’artistes Sud-Africains, le qualifiant comme un des classiques les plus populaires d’Afrique du Sud.

Kululani Umandela (Free Mandela)

En 1986, Sipho « Hotstix » Mabuse enregistre Let’s Get it On, suivi de plusieurs disques au beat mbaqanga : Jive Soweto et Afrodizzia (1986), Sipho Mabuse et Shikisha (1987) ou encore Chant Of The Marching (1989). Cet opus réalisé avec Keith Matshela et Bakithi Khumalo (deux artistes ayant travaillé sur l’album Graceland du chanteur américain Paul Simon), comprend “Kululani Umandela (Free Mandela)”, une chanson anti-apartheid appelant à la libération de Nelon Mandela alors en prison. Suivent Chant (1988), Chant Of The Marching (1989), What About Tomorrow (1991)… ou encore The Best of Sipho “Hotstix” Mabuse (réédité en 2000). Dès lors, le nom de Sipho “Hotstix” Mabuse est synonyme de “township jive”, bien qu’il ne soit pas facile de lui coller une étiquette musicale.

Sipho “Hotstix” Mabuse, le philanthrope

En 1996, après dix ans de break discographique volontaire, Sipho “Hotstix” Mabuse revient avec Township Child (l’enfant du ghetto), un opus jive jazzy/kwaito (l’afro-dance des jeunes des townships), qui va le ramener sur le devant de la scène. Les albums suivants, Chant of the Marching Live Jo’burg (2005) et Sipho Hotstix Mabuse Live (2006), fidèles à son esprit musical, font de Sipho “Hotstix” Mabuse un ambassadeur incontournable de la musique d’Afrique du Sud, tournant dans de nombreux pays africains, aux Etats-Unis, en Angleterre, en France, en Allemagne, en Italie, et dans bien d’autres pays… Il a aussi produit ou enregistré avec de nombreux artistes comme Miriam Makeba, Hugh Masekela, Ray Phiri (Stimela) ou encore Sibongile Khumalo.

Au-delà de sa carrière musicale, Sipho “Hotstix” Mabuse est également connu pour ses contributions philanthropiques concernant les arts et la culture de son pays, une activité qui va l’occuper jusqu’en 2010. En effet, il est membre du National Arts Council (Conseil National des Arts) et du SAMRO (Organisation sud-africaine de la gestion des droits d’auteur). “J’ai toujours beaucoup chanté et je me suis beaucoup produit… Entre les tournées qui s’enchaînaient et mes diverses activités, je me suis activement impliqué dans l’industrie de la musique ; et c’est cela ma vision”, affirme-t-il.

En 2012, Sipho “Hotstix” Mabuse retourne, à l’âge de 60 ans, à l’université afin d’acquérir ses diplômes de musicologie et d’anthropologie. Ce qui amènera le président Jacob Zuma à louer “l’inspiration qu’il donne à tous les Sud-Africains en leur montrant qu’on n’est jamais trop vieux pour l’éducation”. La même année, il est nommé parmi les sept chefs de chœur du “Mzansi Magic reality competition Clash of the Choirs South Africa” devant avoir lieu en 2013. Il est chargé d’encadrer les Chœurs du Nord-Ouest. En 2013, Sipho lance sur le marché un CD/DVD, The Ultimate Collection, suivi en 2014, d’une compilation, 30 Years Of Burn Out, et d’un remix, Jive Soweto (Remixed by Charles Webster).

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Nago Seck

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