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“Né en 1956 au Mali, Toumany Malan Diakité aka Tom Diakité est un auteur-compositeur, arrangeur, interprète et poly-instrumentiste virtuose (donzo ngoni, ngoni, kora, guitare, calebasse, djembé, sanza). Adepte des rencontres musicales les plus insolites, fondateur des groupes Super Wassoulou et Tama ("marcher" en bambara), Tom propose de la musique mandingue (afro-fusion, acoustique, ballades) marquée par des mélodies, rythmes et chants wassoulou, peul, bambara ou malinké. ”

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Une famille royale

Originaire de Filadougou Barkaya (le village des Peuls) dans la région de Kita au sud du Mali, rien ne prédestinait cet enfant issu d’une famille royale peule à faire de la musique – chez les nobles, la musique est du ressort des djélis (griots). Très jeune, Tom Diakité est séduit par ces derniers qui défilent dans le foyer familial pour chanter les louanges de ses parents. Il est aussi marqué par ses frères qui ont transgressé les tabous pour faire de la musique : Djigui est au djembé, Kémokho, au balafon, et Souleymane aka Solo, à la flûte (flé mbala) et la sanza.

Enfant doté de très grandes qualités physiques, Tom Diakité joue les acrobates et à 8 ans, il commence à chanter et à explorer des instruments comme la calebasse et le djembé). Dès lors, il est sollicité pour animer, avec des copains de son âge, les premières parties des fêtes de son village (baptêmes, mariages…), alternant instrumennts/voix et acrobaties. Mais il lui faudra attendre plusieurs années pour avoir la bénédiction de la famille.

La période ivoirienne

A 13 ans, son père l’envoie chez sa tante en Côte d’Ivoire pour poursuivre ses études. Mais le virus de la musique est plus fort. Tom Diakité fonde en 1975, avec des amis de son quartier Marcory, le groupe Sama (« l’éléphant » en malinké). Ce n’est qu’en 1976 qu’il est initié par son oncle paternel au donzo ngoni qui deviendra son instrument de prédilection à partir de 1988. Entretemps, il apprend plusieurs autres instruments comme la guitare, la kora et le ngoni… En 1977, il décide de faire de la musique son métier en créant Le Super Wassoulou, un groupe au style wassoulou qui va connaître un immense succès. Cette popularité naissante arrive aux oreilles de son compatriote, l’auteur-compositeur et guitariste, Léon Keïta, qui l’invite comme lead vocal sur son deuxième album, « Dakan ». Celui-ci avait déjà réalisé un premier opus, « Papa Disco » (1978), dont deux titres, « Koma kouma » et « Wousse » sont chantés par Salif Keïta.

A Abidjan, justement, Tom Diakité fait la connaissance du korafola Mory Kanté et des membres des Ambassadeurs Internationaux dont Salif Keïta et les compositeurs, arrangeurs et guitaristes guinéens, Kanté Manfila et Ousmane Kouyaté. En 1982, ce dernier lui propose de participer comme choriste à son premier disque solo, « Beni Haminanko » (Sacodisc). Trois ans plus tard, alors que certains musiciens des Ambassadeurs du Motel de Bamako, profitant d’une tournée européenne, se sont installés en France, Ousmane Kouyaté le fait venir à Paris (France) pour assurer les voix lead de ses propres concerts.

Tom Diakité à Paris

Arrivé dans la capitale française en 1985, Tom Diakité commence à collaborer avec plusieurs groupes et artistes aux styles musicaux divers dont Gypsy Kings et Johnny Hallyday… Parallèlement, il enregistre des démos en vue d’un contrat discographique et contacte des labels… en vain. Il faut attendre 1994 et la sortie de « Prévention Sida » (Salsa Center) pour qu’il commence à se faire un nom en métropole. A la même période, il fait la connaissance de Sotigui Kouyaté (comédien et metteur en scène burkinabé), et de Peter Brook (comédien, metteur en scène, cinéaste anglais) et entame ses premiers pas dans le théâtre, mais en musique.
La même année, il est avec Nina Morato, représentante de la France à l’Eurovision, avec la chanson « Je suis un vrai garçon ». En 1995, Tom Diakité compose la bande originale du film, « Keïta! l’héritage du griot », du réalisateur burkinabé Dani Kouyaté, le fils de Sotigui.

Tama (Marcher)

Artiste éclectique, Tom Diakité participe à « Sarala » (« je me confie » en malinké), un disque mandinka-jazz réalisé en 1995 par le duo Cheick Tidiane Seck / Hank Jones. Quatre ans plus tard, il est à l’origine du groupe Tama (« marcher » en bambara), avec le percussionniste Djanuno Dabo (Guinée Bissau) et le guitariste/producteur Sam Mills (Angleterre). Repéré par le label de la pop star Peter Gabriel, Tama enregistre aux studios Realworld à Bath, « Nostalgie » (1999). Les compositions de cette première réalisation acoustique aux ballades épurées s’inspirent des mélodies, rythmes et chants peuls, malinkés et bambaras (Tom) ou socés (Djanuno). « Espace » (2002), fidèle à leur style dépouillé, brille par sa qualité acoustique et les voix féminines de la Malienne Mamani Keïta (nouveau membre du groupe qui apporte la couleur malinkée) et de la vedette anglaise d’origine indienne Susheela Raman (ses colorations tamoules).

Fala

Après de multiples rencontres musicales avec des artistes d’horizons divers, Tom Diakité décide de faire son premier album solo. Paru en 2008, « Fala (orphelin) » est dédié aux enfants qui souffrent comme les enfants des rues, les enfants soldats, les enfants maltraités, les orphelins. Quelques mois plus tard, Tom Diakité réalise son rêve en allant construire une école à Bamako pour ces enfants livrés à eux-mêmes.

Collaborations

Ouvert à divers courants musicaux, Tom Diakité a collaboré avec divers grands noms de la musique comme son compatriote Salif Keïta, les Guinéens Mory Kanté et Ousmane Kouyaté, le Camerounais Manu Dibango, les Sénégalais de Touré Kunda les Français de Gypsy Kings, Susheela Raman et Paban Das Baul (UK/Inde), l’Américain Joe Driscoll, et bien d’autres…

Tom Diakité compose et interprète également des chansons pour d’autres artistes : le batteur et percussionniste sénégalo-marocain Moktar Samba (« Dounia »), la chanteuse malienne Matou Diabaté (« Bara kagni »), le groupe français Les Zut (« Blabla Bus »), ou encore le compositeur de jazz américain Vince Mendoza (« Night on Hearth »).

Clichy-sous-Bois – Seine-Saint-Denis

Vivant depuis plusieurs années à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, Tom Diakité livre son regard sur sa commune : « Quand je suis arrivé à Clichy-sous-Bois, il y avait des moments difficiles, beaucoup de petits voyous. Avec le maire, les jeunes, on a fait un travail de sensibilisation, on n’a pas laissé tomber et le quartier a changé. Les gens sont aujourd’hui sereins, je prends plaisir à être dans le 93. Dans le parc régional, je fais des footings, des exercices de voix, des échauffements avant d’aller faire une séance de studio à Paris. »

*Crédit photo: Dou Matar

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Nago Seck

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