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“Née le 20 octobre 1965 à Bamako (Mali) dans une famille de la noblesse bamana (bambara), Assitan Keïta aka Mamani Keïta (grand-mère en bamana) allie vocalises mandingues, inflexions wassoulou, electro, jazz, blues et pop... Manani Keïta à la voix haute et claire propose dans "Electro Bamako" un duo avec Marc Minelli. Son électro-pop-jazz malinké est donné par une orchestration originale avec piano, sax, ngoni, violon, violoncelle, balafon et guitare.”

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L’opposition familiale

Dès l’âge de 6 ans, Mamani Keïta est confiée par ses parents à sa grand-mère maternelle et homonyme, Assitan Traoré, spécialisée dans les chants de possession. Cette dernière, l’entendant chantonner un jour, l’encourage à poursuivre dans cette voix. Elle a alors pour idoles: Syra Mory Diabaté (mère du balafongiste malien Lassina Kouyaté), Bazoumana Sissoko (1890-1987), poète, virtuose du ngoni et figure emblématique de la musique malienne, Tata Bambo, grande cantatrice malienne, Kouyaté Sory Kandia (1933-1977), immense voix guinéenne, et Salif Keïta, vedette internationale de la chanson mandingue. A la disparition de sa grand-mère, Mamani Keïta rejoint le domicile familial mais sa maman s’oppose à ce qu’elle chante. Mais son obsession l’amène, alors qu’elle n’a pas encore 12 ans, à rejoindre en cachette, comme danseuse / chanteuse, la troupe de Wolofobougou (son quartier) où sa voix séduit le responsable culturel. Ce dernier la surnomme « Douze ans » du fait qu’elle se fait passer pour une adolescente de cet âge. Il faudra toute l’abnégation de son grand frère pour convaincre sa mère de la laisser chanter. Un vœu qui sera exhaussé par cette dernière peu avant sa mort. Mamani Keïta est alors confiée à sa tante qui ne souhaite pas qu’elle monte sur scène.

Salif Keïta, le grand frère

Subjugué par les talents de cette chanteuse précoce, le directeur artistique de la troupe de la Commune 3 de Bamako, Sambali Traoré, va personnellement demander l’autorisation à la petite sœur maternelle qui lui donne son aval mais lui intime de la ramener quotidiennement après les répétitions. En 1982, ce dernier l’intègre dans l’Orchestre du district de Bamako où elle reste jusqu’en 1984, participant à la 8ème Biennale Artistique et Culturelle du Mali. Révélée nationalement par ce grand événement, Mamani Keïta rejoint, un an plus tard, le Badema National, prestigieux groupe né des cendres de Las Maravillas de Boncana Maïga et où chante un certain Kassé Mady Diabaté. Il faut attendre 1987 et sa rencontre avec l’un de ses idoles, Salif Keïta qu’elle appelle affectueusement “grand frère”, pour que sa carrière prenne un nouveau tournant. Devenue la choriste de l’albinos le plus célèbre d’Afrique, Mamani Keïta participe à plusieurs de ses disques (Soro, Ko-Yan, Amen..) et tournées. En 1991, elle s’installe à Paris mais faute de titre de séjour, elle ne peut quitter la France et se contente donc d’assurer les concerts de son mentor en métropole.

Rencontres et consécration

En attendant d’être régularisée, elle collabore comme chanteuse ou choriste, sur disque et sur scène, avec le compositeur / claviériste Cheick Tidiane Seck et le pianiste de jazz Hank Jones (Sarala – 1995) ou encore le Super Rail Band de Bamako (Mansa – 1996). Il lui faudra attendre 1997 et la naissance de sa fille à Paris pour “ne plus se cacher et pouvoir bouger librement”, comme elle aime à le dire. En 2001, c’est la consécration. Associée au Français Marc Minelli pour une rencontre electro/jazz/pop/mandingue (bambara, malinké) sur l’album Electro Bamako, Mamani Keïta laisse entendre toute sa virtuosité vocale. Elle intègre ensuite le groupe Tama de Tom Diakité, Sam Mills et Djanuno Dabo (Espace – 2002) et collabore à Sigui (2003) de Djélimady Tounkara, Sebe de Djéli Moussa Kouyaté et MandinGroove (2004) de Cheick Tidiane Seck.

Paru en 2006, son deuxième album aux sonorités electro moins marquées, Yelema (le changement en bamana), est aussi un duo avec l’auteur, compositeur, arrangeur et multi-instrumentiste français Nicolas Repac. Ses inflexions vocales et ses nuances de timbre clair sont mises en relief par des arrangements d’une grande finesse et des compositions plus acoustiques, marquées par les guitares de Djéli Moussa Kouyaté et Nicolas Repac. Son album Gagner l’argent français, le plus electro et le plus rock paru en 2011 et réalisé par le guitariste, arrangeur et producteur français Nicolas Repac, parle, entre autres, de l’immigration, de la crise économique ou de la politique.

En janvier 2014, Mamani Keïta enregistre Kanou, un album à base de musique mandingue réalisé avec Marc Antoine Moreau, son fidèle guitariste Djéli Moussa Kouyaté et le virtuose du ngoni Moriba Koïta. Elle y parle des enfants (“Dougalé”), d’espoir (“Djigihia”), de la vie (“Deliko”) ou des politiques face à leurs responsabilités (“Dounia”, “Anisu”)…

Les Amazones d’Afrique

En 2015, Mamani Keïta, est, aux côtés de ses compatriotes Oumou Sangaré et Mariam Doumbia (Amadou & Mariam), du projet Les Amazones d’Afrique. Fondé sous l’impulsion de l’agence de production et de management 3D Family, le groupe Les Amazones d’Afrique, munies de leurs voix puissantes et complémentaires, se rallient à la lutte pour l’émancipation féminine, notamment en Afrique. Accompagnées de femmes instrumentistes comme Pamelo Badjogo (chœurs), Mouneissa Tandina (batterie) et Madina Ndiaye (kora), elles tournent en Europe pour sensibiliser le grand public, invitant à chaque spectacle, des artistes tels que Tiken Jah Fakoly, Jean-Louis Aubert, les frères Mouss et Hakim de Zebda.

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Nago Seck

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