Ses débuts
À l’âge de 13 ans, Jimmy Dludlu commence à jouer sur la guitare faite maison de son cousin, et petit à petit, il se met à imiter les artistes de jazz et de musiques africaines en reprenant leurs morceaux diffusés à la radio. Bientôt, il accompagne son cousin, invité à animer les mariages dans divers quartiers de Maputo.
Mais c’est en 1986 que sa carrière prend forme, lorqu’il commence à travailler avec divers groupes de son pays, le Mozambique, et d’Afrique australe (Botswana, Namibie, et Afrique du Sud). C’est ainsu qu’il intègre Impandze du Swaziland, une formation chantant en siSwati (ou swazi), la langue nationale du pays. Il collabore aussi avec le chanteur jamaïcain Trevor Hall, puis Kalahari Band du jazzman Aubrei Woki, l’orchestre Satari de Botswana, ou encore le saxophoniste ghanéen George Lee. Cette année 1986 est marquée par sa participation, avec Anansi, à la célébration de l’indépendance du Botswana, aux côtés de nombreuses vedettes, comme Thomas Mapfumo. Représentant du chimurenga, musique de résistance très populaire au Zimbabwe, Thomas Mapfumo est surnommé “le lion du Zimbabwe” ou “Mukanya” pour sa contribution à la lutte pour l’indépendance de son pays.
McCoy Mrubata
En 1989, Jimmy Dludlu s’installe en Afrique du Sud, commence à travailler comme musicien de studio avec de nombreux artistes. Parallèlement, il est guitariste de Brotherhood, un groupe jive (kwela) créé par le saxophoniste-flûtiste McCoy Mrubata. Comprenant également le pianiste Nhlanhla Magagula et le bassiste Lucas Khumalo, Brotherhood remporte le prix “Gilbey’s Music for Africa 1990”. Première récompense pour Jimmy en terre sud-africaine. La même année, il participe à “Conversation”, une production théâtrale dirigée par Bruce Cassidy, compositeur de jazz originaire de Toronto (Canada), et Barney Rachabane, saxophoniste afro-jazz sud-africain. Ce spectacle est présenté en septembre au Market Theatre, à Newtown, le quartier culturel et artistique de Johannesburg.
Collaborations
En 1991, Jimmy Dludlu est membre fondateur du célèbre groupe Loading Zone qui a accompagné à travers tout le continent des vedettes sud-africaines, comme la diva Miriam Makeba dite « Mama Africa », Hugh Masekela, Brenda Fassie, Chicco et Sipho Mabuse. Durant cette période, il participe à l’enregistrement de Eyes on Tomorrow, un album marabi/jive de Miriam Makeba, réalisé avec Hugh Masekela et Victor Masondo, puis à « Sax Appeal », une production Sun City où apparaissent des artistes tels que Rene McLean, Winston Mankunku, Robbie Jansen, Victor Ntoni et Duke Makasi. L’opus comprend « Thulasizwe / I Shall Be Released », une magnifique chanson interprétée avec la pianiste, compositrice et chanteuse américaine Nina Simone.
Mais l’un des faits marquants de cette période de Loading Zone aura lieu lors de leur tournée 1992 en Namibie, avec la rencontre du chanteur congolais Papa Wemba qui sollicite le groupe pour l’accompagner sur plusieurs autres dates en Namibie.
University of Cape Town’s College of Music
En juillet 1993, Morris Goldberg, compositeur-saxophoniste et leader du groupe sud-africain Ojoyo, invite Jimmy Dludlu à se produire au Smirnoff Jazz Festival à Grahamstown, dans la province du Cap-Oriental. Cette expérience en entraînera plusieurs autres, dont une inoubliable avec l’Américain Herb Ellis. Légende du jazz, le guitariste virtuose Mitchell Herbert Ellis aka Herb Ellis est un membre incontournable des divers ensembles d’Oscar Emmanuel Peterson aka Oscar Peterson, célèbre pianiste et compositeur canadien de jazz.
Aux contacts de ces grands noms du jazz, Jimmy Dludlu décide de pousuivre des études de musique et part au Cap pour s’incrire au Programme Jazz de l’École Supérieure de Musique de l’Université de Cap Town (UCT). Imperturbable par la couverture médiatique intensive suscitée par son inscription, Jimmy Dludlu est déterminé à se concentrer sur ses études à UCT et à l’évolution de sa musique.
Afrique du Sud à la Villette : Musiques de Liberté
A partir de 1994, Jimmy Dludlu commence à imposer son propre style musical : un afro-jazz aux parfums marrabenta mozambicain, jive et marabi sud-africains ou reggae jamaïcain, attirant ainsi l’attention de l’industrie sud-africaine du disque. En septembre, il se produit, en tant que bandleader, aux festivals Arts Alive et Guinness Jazz à Johannesburg, avec un groupe composé de Vusi Khumalo (batterie), Fana Zulu (basse), Moses Molelekwa (piano), McCoy Mrubata (sax) et John Hassan (percussions). En avril 1995, il participe à soirée de bienfaisance « 100 Stars at Cape Town’s Nico Malan Opera House”, dont les recettes sont entièrement destinées à des associations comme Centre for Battered Women (Centre des femmes battues) et Street Children (Les enfants de la rue). En mai, il fait partie des 30 musiciens – dont Hugh Masekela, Busi Mhlongo, Dolly Rathebe, Dorothy Masuka, Mara Louw et Joans Gwangwa – invités à participer à « Afrique du Sud à la Villette : Musiques de Liberté”, une célébration de la culture sud-africaine à la Grande Halle de La Villette à Paris (France). L’une des soirées marquantes de cette quinzaine sera celle dédiée par tous les artistes à Nelson Mandela, interprétant « Nkosi Sikelel’ iAfrika » (Dieu sauve l’Afrique), l’hymne national d’Afrique du Sud composé par leur compatriote Enoch Sontonga.
La vidéo de ce spectacle a été réalisée et produite par Rina Sherman, ethnographe, cinéaste et photographe née en 1984 en Afrique du Sud.
Echoes from the Past
En octobre 1995, Jimmy Dludlu et son propre groupe C-Base Collective partage la scène avec l’auteur-compositeur, guitariste, harmoniciste et chanteur sénégalais Ismaël Lo, lors de la tournée « African Reconnection” à Cape Town, en Afrique du Sud. En 1996, Jimmy Dludlu & C-Base Collective donnent deux concerts mémorables aux côtés du jazzman anglais Courtney Pine, au festival Arts Alive à Johannesburg. A la fin de l’année, Jimmy signe avec la maison de disques Polygram qui sortira, en partenariat avec Gallo Records, son premier album solo. Paraît en septembre 1997, Echoes from the Past, un opus très bien accueilli par la critique, le milieu du showbiz et le public, avec 2 Grammys aux South African Music Awards (SAMA) 1998 : « Best Newcomer » (Meilleur nouveau venu) et « Best Male Artist » (Meilleur artiste masculin). Vendu à plus de 25.000 exemplaires en janvier 1999, en Afrique du Sud, Echoes from the Past sortira dans neuf pays, dont les États-Unis, l’Italie, la Suisse, la Suède et la Hongrie.
Essence of Rhythm
La même année 1999, Jimmy Dludlu enregistre pour Universal Essence of Rhythm, dont le magnifique « Point Of View » aux arrangements très recherchés. Dans cet album combinant des sonorités africaines (marrabenta mozambicain, jive et marabi sud-africains) et occidentales (jazz), il s’inspire d’artistes de renom tels que Miriam Makeba, Letta Mbulu, Hugh Masekela, Themba Mokwena, Allen Kwela, Wes Montgomery, George Benson et Pat Metheny.
Opus afro-jazz fidèle à sa vision musicale, Essence of Rhythm lui vaudra en 2000 les prix de « Meilleur Artiste Masculin » et « Meilleur album jazz contemporain » aux South African Music Awards (SAMA).
En 2002, Jimmy Dludlu sort Afrocentric, réédité en 2008, avec une version d’“Africa Africa”, en featuring avec le chanteur de gospel/ R&B américain Bebe Winans. Suit en 2005 Corners of My Soul qui lui vaut 2 récompenses nommé aux SAMA 2006 : « Meilleur album jazz » et « Meilleur Artiste Masculin ». Paraît en 2008 Best Of Jimmy Dludlu, Sound And Vision, un coffret de 2CD+DVD réunissant certains de ses compositions les plus populaires. La même année, sort l’opus Portraits, dont le hit “Tote”, un titre remixé en 2010 dans une version afro-pop/jazz (Tote Remix), en featuring avec la diva mozambicaine Lizha James. Un an plus tard, il enregistre Tonato, dont “How About The Ones In The Village” ou “Blues For Haiti”.
Compositeur de talent reconnu par ses pairs, Jimmy Dludlu a fait vibrer ses lignes de guitariste afro-jazz / jazz sur diverses scènes du monde : Afrique, Europe, Etats-Unis, Canada, Australie…
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