Une famille d’artistes
Doura Barry tire sa sensibilité artistique de ses parents : sa mère fut comédienne et chanteuse dans la troupe théâtrale de sa ville et son père musicien joueur de banjo et de guitare dans l’Ecole Coloniale Française où sont formés à l’époque les futurs administrateurs de l’Afrique francophone. Un jour, de retour d’un voyage en Roumanie, son père lui rapporte un harmonica. Quelques années plus tard, après de bons résultats scolaires pour son entrée au collège, il lui offre une guitare, lui apprend les premiers accords et sort de sa vieille armoire un cahier poussiéreux pour lui faire découvrir les rudiments du solfège.
Bientôt, le jeune Doura Barry rejoint la troupe de son école comme comédien, chanteur et joueur d’’harmonica. Il est aussi danseur dans le ballet de son quartier, une expérience qui lui permet de développer son sens des rythmes et des percussions. Lors d’un spectacle à Mamou, une ville de la région du Fouta-Djalon, Doura Barry eut l’idée de jouer simultanément de sa guitare et de son harmonica, pour accompagner sa dynamique voix. Le succès est immédiat. Depuis, il continue à jouer des deux instruments. Après avoir intégré pour la première fois un orchestre, le Bafing Jazz de Mamou, il jouera en solo en suite dans des restaurants, hôtels, cérémonies de quartier ou chez des amis. Par la suite, Doura Barry collabore avec divers groupes, comme Camayenne Sofa de Papa Kouyaté, Tabaro Orchestra (groupe formé par Tabas Baro et managé par le fulgurant journaliste Justin Morel JR), Atlantique Mélodie, Diagba Beat de Papa Kouyaté, Syli Authentic ou encore Les Messagers…
La reconnaissance continentale
En 1986, Doura Barry est lauréat du Concours International de Musique organisé par la Banque Internationale pour l’Afrique de l’Ouest (BIAO), avec “Les filles de mon pays”. Le succès de ce titre atteint toute la Guinée et lui ouvre les portes des scènes internationales. La même année, il est N°1 au hit-parade de l’ORTM, l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali où il se produit triomphalement à Bamako et à Ségou (Stade Omnisport et Maison de la Culture Bazoumana Cissoko). A la sortie en 1988 de sa première cassette Lauréat de Guinée, il multiplie les concerts dans la sous-région, consolidant ainsi sa notoriété dans le paysage musical guinéen, et de s’équiper de son propre home-studio. A la même période, Doura Barry, ayant acquis une grande expérience d’ingénieur du son et son propre matériel, devient le technicien préféré de nombreux spectacles dans son pays. En 1990, il participe à la remise des prix découverte RFI à Conakry, et un an plus tard, il donne un concert mémorable au Stade Siaka Stevens (Sierra Leone) et représente son pays à Afrovision, le concours panafricain de la chanson à Abidjan (Côte d’Ivoire). Suivent, en 1992, deux concerts à Dakar, au Sénégal, au Stade Iba Mar Diop et à L’hôtel Ngor où il fera connaissance, entre autres, de Youssou Ndour, Ismaël Lo et Baaba Maal avec qui il jouera plus tard à la Cigale à Paris (France).
Collaborations diverses
L’année 1993 le voit collaborer, à Paris (France), avec le maestro Boncana Maïga pour un enregistrement au studio Harrison pour le compte de Gris-Gris Production ; un enregistrement resté dans les tiroirs à ce jour. L’année suivante, Doura Barry réalise une tournée de 15 dates dans les préfectures de la Guinée, puis réalise plusieurs tournées internationales. Deux ans plus tard, il supervise, en Guinée, le projet “Loi Fondamentale”, une tournée englobant des artistes de toutes les composantes du pays et destinée à sensibiliser la population aux devoirs et responsabilités civiques dans la jeune démocratie guinéenne. Parallèlement à sa propre carrière musicale, Doura Barry encadre, forme ou arrange les œuvres de nombreux artistes : Binta Laaly Sow, Nianga Löramou, Prince Théo, Mouctar Paraya Baldé, Amadou Barry Dougaya, Fodé Conté, Djéli Sayon Kouyaté, El Hadj Mottyhère Bah, Aïcha Kamaldine, Prince Diabaté, Alpha Yaya Diallo, Diaby Mohamed, Ibro Diabaté, Fodé Kouyatéou encore Bill De Sam et Facc Alliance (artiste ey groupe de rap africain). Il travaillera aussi avec le grand conteur mauritanien Siré Camara et participera aux débuts du célèbre trio Ba Cissoko. Durant cette même période, Doura Barry collabore étroitement avec Sékouba Bambino, Kerfala Kanté, Kélitigui Traoré et ses Tambourinis, Boule Diallo, Maître Aliou Barry de Kaloum Star, Jean-Baptiste « Jeannot » Williams (devenu journaliste culturel), Ansoumane Camara (Petit Condé), Jean Paul Milimono (fils de Raïs)…
L’envol international
Cette année 1995 voit Doura Barry partir pour Abidjan et le studio Néfertiti pour l’enregistrement de Allah Diarama (Dieu merci), un album produit par Sonia Store et vendu à plus de 60.000 exemplaires en Guinée à sa sortie en 1996. Un an plus tard, lors du 10eme anniversaire de la RTG (Radio Télévision Guinéenne) au cours duquel feu le journaliste Ali Badara Diakité le surnomme « le pasteur peul », son groupe est baptisé Love System par feue Mpongo Love (1956-1990), grande diva de la rumba congolaise. A cette occasion, il reçoit des mains du Président de la République, Lansana Conté, une guitare pour l’encourager à persévérer dans son noble choix d’artiste musicien. La même année, Youssou Ndour l’invite, en compagnie de Cheikh Lô (Sénégal) et de Dimi Mint Abba (Mauritanie), sur « Jololi Review », une tournée européenne de 15 dates (Espagne, Allemagne, Hollande, France (Womex de Marseille), Belgique, Irlande du Nord, Angleterre). L’année 1998 le voit se produire avec l’Orchestre ASRI de Rabat à Fès et à Agadir, au Maroc. Invité ensuite par la première dame du Mali, Madame Adama Bah Konaré, au Festival Tabital Poulaakou à Bamako où il représente le folklore peul du Fouta-Djalon (Guinée), il partagera la scène avec l’excellent bluesman, Ali Farka Touré. En 1999, Doura Barry se consacre à l’enseignement et donne des cours de solfège et de technique vocale au Centre Culturel Franco-Guinéen de Conakry. Un an après son élection, en 2000, comme Secrétaire général adjoint du SNAMUG, le premier Syndicat National des Artistes Musiciens de Guinée, il réalise une grande tournée guinéenne le menant à Boké, Kindia, Mamou, Kankan, Labé, Friguiabé et Conakry (Palais du Peuple).
Doura Barry et la sécurité l’alimentaire
En collaboration avec l’ONG américaine Africare – Guinée, Doura Barry réalise en 2002 Sécurité Alimentaire, un album destiné aux populations rurales, à savoir : « comment élever leur niveau de vie par l’accroissement de leur productivité, l’augmentation des rendements agricoles, l’organisation sociale, la préparation des aliments de qualité à partir des produits locaux, le respect de l’hygiène médicale pour la femme enceinte… »
En 2003, Doura Barry est sélectionné pour représenter son pays au MASA (Marché Africain des Arts et du Spectacle Africain) à Abidjan, puis effectue une tournée européenne dont le XIIème Festival Francophonie Métissée à Paris et Bruxelles avec la maison de disques Contre-Jour. Il est ensuite invité en Suisse pour un concert à Brasseur les Grottes par la maison Fouta-Djalon de Genève. A cette occasion, il participe à l’enregistrement de l’album Massa de Maciré Sylla. En 2004, suite à une invitation du label Bolibana, il donne une série de concerts en France, en Suisse et en Hollande. L’année suivante, il est avec le chanteur helvète Nicolas Saul à la 3ème édition du concert « Couleurs francophones » parrainé par le chanteur québécois Garou.
Après plusieurs concerts et tournées, Doura Barry, désirant réaliser des autoproductions discographiques, enregistre 20 titres avec l’ingénieur du son Lucas Chandelier de Urban Trip de Montélimar 5france) et Cédric Asséo à la programmation rythmique. Soutenu par les maisons Fouta-Djalon et Des Sept de Lisbonne au Portugal, il sortira en 2006 chez Touppou Sééssé Productions Relations, Safaari et Nina Nina, trois opus arrangés par ses soins et qui parlent de justice sociale, de démocratie, d’unité, de respect, d’éducation, de solidarité, de travail ou de son peuple, les Foulbés (Halpulaars ou Peuls) du Fouta-Djalon.
Laissez un commentaire
Vous devez être logged in pour poster un commentaire.