Véritable bête de scène, Duggy Tee est un MC adulé par les publics de Dakar dès l’adolescence. Son groupe, les King’s MC’s, quelques années après le Didier Awadi’s Syndicate, déferle dans les discothèques à un moment où le hip hop est encore souterrain en Afrique.
PBS & MC Solaar
En 1992, Positive Black Soul assure la première partie du concert de MC Solaar à Dakar puis de sa tournée française. Dès lors, leur carrière est lancée. PBS tourne en Europe et participe à la compilation Dakar 92 (Revue Noire / CCF – Centre Culturel Français de Dakar) réunissant des talents de la scène dakaroise comme Pape Niang, Aby Ndour (sœur de Youssou Ndour), Alioune Kassé & Kassé Star, Aminata Fall et Keur Gui. Mais leur popularité s’affirme vraiment à la sortie, en 1994, de leur première casette Boul Falé (“T’occupe pas” en wolof), dénonçant la corruption et les trafics et comportant des featurings avec de grands noms du mbalax sénégalais, tels que Omar Pène, Alioune Kassé et Baaba Maal qui les invite sur le titre « Swing Yéla » de son disque Firin’ In Fouta. La même année, PBS lance la cassette Boul falé bou bess qui veut dire « le nouveau Boul falé » en wolof.
Boul Falé, t’occupe pas, don’t worry
En 1995, Positive Black Soul est signé par le label Island Records de Chris Blackwell (Bob Marley, Jimmy Cliff, Skatalites, U2, Baaba Maal, Salif Keïta, Angélique Kidjo, Charlélie Couture…) et sort un opus de 6 remix du titre “Boul Falé”. La même année, ils font une tournée européenne puis enregistrent leur premier album international, Salaam (la paix), dont “Rats de villes, rats des champs” produit par MC Solaar et “Boul Falé” (Don’t worry). Leurs textes engagés chantés en wolof, français et anglais et leur rap teinté de sonorités sénégalaises (mbalax) et mandingues données par des sabars, tama (talking drum), kora, balafon et djembé, font aussitôt de PBS le premier groupe phare du rap africain. Un an plus tard, le groupe enregistre Daw thiow et tourne en Europe, partageant la scène avec Phill Colins en 1996 au festival de Jazz de Montreuil en Suisse.
New York, Paris, Dakar
En 1997, PBS réalise l’un de ses albums les plus aboutis enregistré aux Etats Unis, New York / Paris / Dakar, dont plusieurs invités : l’intitulé de l’opus avec Djinji Brown, K-Mal, Manu Key, Supernatural, « PBS » (feat. Krs-One), « Why? » (feat. Vinia Mojica), « Iou Jot Yomb » (feat. Bugs Bunny) et « Nubian Mic Squad » (feat. Djinji Brown, Mc Corain, Supernatural). S’ensuit une tournée internationale qui les mène dans plusieurs pays d’Afrique, d’Europe et des Etats Unis. Après la sortie de Revolution en 2000, ils enregistrent à New York Run Cool, l’intitulé du disque réalisé avec Ky Mani Marley, le fils de Bob Marley. On découvre dans cet opus paru en 2001 plusieurs autres guests : Edley Shine (« Redemption »), Princess Erika, Ntombikhona Dlamini et Lindiwe Dlamini (« Gold and Diamonds »), Snowcone (« Comment allez-vous ? « ) et Red Rat (« Xoyma Oh No !!! « ).
Les 20 ans de PBS
En décembre 2001, Didier Awadi sort son premier album solo Parole d’honneur – Kaddu Gor, dont un featuring avec Omar Pène (“Soweto Tey”). C’est la fin officielle de Positive Black Soul. Didier Awadi annonce alors la formation de son nouveau groupe PBS-Radikal avec Baye Sooley, Carlou D et Elage Noumoukunda Cissoko (kora, balafon). Quant à Duggy Tee, il enregistre lui-aussi sa première cassette en solo, A Free Ka. Restés toujours très proches, ils reformeront le PBS uniquement le temps de faire des albums. Et le vendredi 14 août 2009 marque les retrouvailles des deux rappeurs : Duggy Tee et Didier Awadi fêtent au Cices à Dakar, au Sénégal, les 20 ans de Positive Black Soul, groupe pionnier du rap africain, avec de nombreux guests tels que Sefyu, rappeur franco-sénégalais, La Fouine, Daara-J, Pee Froiss, Idrissa Diop ou encore Youssou Ndour…
Duggy Tee en solo
En 2002, Duggy Tee repense sa carrière professionnelle et s’attarde sur ses projets personnels. De nouvelles ambitions naissent. Retour aux bases de ses inspirations, les richesses et les valeurs de l’Afrique. Les instruments traditionnels (sabars, tama (talking drum), kora, balafon, djembé…), et le reggae prennent une place importante dans sa création. Il continue à écrire, décrire le quotidien, mais ne s’oriente que quelques années plus tard vers les studios. A travers sa structure, Nubian Entreprises (clin d’œil à la civilisation égyptienne), Duggy Tee accompagne la promotion des musiques africaines. Trois ans plus tard, il sort Ngëm au Sénégal, le premier acte d’une trilogie qu’il promet à son public. Avec maturité, Duggy Tee revient sur la scène musicale, et ses performances scéniques restent intactes.
Wadiour
En 2006, Ngëm est consacré “Meilleur album hip hop” au Sénégal et le hit “Wadiour” (“Nos parents” en wolof) est encore adulé à chacun de ses concerts. Et les nostalgiques de PBS et ses fans des premières heures scandent “The King Is Back”. Avril 2009 voit la sortie de l’opus Fit au Sénégal. Dans le coffret Fit, deuxième acte de la trilogie Ngëm (“La foi” en wolof), Fit (“Le courage” en wolof) et Jom (“L’honneur” en wolof), Duggy Tee dénonce les injustices sociales, la misère, le chômage, les maladies, l’égocentrisme, l’hypocrisie, l’émigration clandestine… et prône les valeurs, l’amitié et le panafricanisme. Cet album de 25 titres comporte plusieurs featurings, dont des vedettes de la scène musicale sénégalaise tels que Baaba Maal (“Fulani”), Coumba Gawlo Seck (“Sey”), Omar Pène (“Beug Sunuy Yaye” / “Wadiour”), Thione Seck (“Yeremko”), Youssou Ndour (“Pitch mi”) sans oublier son vieux complice Didier Awadi (“Le bateau coule”)…
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