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“Né en 1949 à à Malika, dans la banlieue de Dakar, au Sénégal, Idrissa Diop aka Idy s’est fait un nom par son jeu de percussions très personnel (sabars, buggers, djembés), une carrière solo qui l’a mené sur diverses scènes du monde et ses nombreuses collaborations : Le Sahel de Dakar, Seydina Insa Wade, Sixun, Ray Lema, Chris Hinze, Carlos Santana, Claude Nougaro, Jacques Higelin, Bernard Lavilliers ou encore Yannick Noah, etc.”

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Influences

Ses origines ethniques (Sérère, Wolof, Peul), les divers artistes nationaux et internationaux écoutés (Aminata Fall, Star Band de Dakar, Pape Seck, Laba Sosseh, Super Eagles (actuel Ifang Bondi), Ndiaga Mbaye, Laye Mboup, Yandé Codou Sène, Hugh Masekela, Fela Anikulapo Kuti, Rail Band, Bembeya Jazz, Miriam Makeba, Abdullah Ibrahim, James Brown, Otis Redding, Stevie Wonder, Carlos Santana…) et la collection de disques de jazz de sa sœur, hôtesse de l’air, constituent une influence non négligeable pour sa future démarche musicale.

Rio Orchestra

A l’adolescence, il monte son premier groupe avec des amis d’enfance, Rio Orchestra, du nom du cinéma « Rio » à la Médina. Cette formation comportait des artistes comme Laye Mboup, Moussa Kane, Michel, Charlys Dieng, Charly D. Ndiaye. Certains, dont l’immense vocaliste Laye Mboup, formeront le célèbre Orchestra Baobab.

Xalam 1 et Le Sahel

En 1965, il est, avec Cheikh Tidiane Tall (arrangeur, guitare, claviers) et Seydina Insa Wade (guitare acoustique, voix), de l’aventure de Xalam 1, fondé par Sakhir Thiam, futur mathématicien renommé, professeur d’université, pionnier de la promotion des langues nationales et ministre de l’Enseignement supérieur du Sénégal. En 1972, Idrissa est membre fondateur du célèbre orchestre Le Sahel de Dakar, participant à l’enregistrement de l’unique opus de cette formation, « Bamba » (1975), comprenant « Hommage à Mbaye Fall », leur excellent chanteur décédé (surnommé Otis, du nom Otis Redding), ou encore « Khandiou », une magnifique chanson sur les orphelins composée et interprétée par Seydina Insa Wade et devenue un énorme tube au Sénégal. Mais ce groupe éphémère n’aura vécu que trois ans, et en 1978, c’est la scission.

Orchestre Cheikh Tall et Idrissa Diope

Deux ans plus tard, Idrissa Diop et Cheikh Tidiane Tall sont emmenés aux Etats-Unis par Jules Sagna de Radio Sénégal pour enregistrer avec des musiciens cubains des titres dont certains feront partie de l’album « Orchestre Cheikh Tall et Idrissa Diope » (Soumbouya Musique / Sonodisc – 1980). On y entend aussi une version mbalax/jazz/pop de « Massani Cissé » (folklore sénégalais) et « Balba », un morceau de Seydina Insa Wade.

Idy & Sidy

Quelques années plus tard, Idrissa débarque à Paris (France) pour une tournée européenne, et enregistre l’album « Gorgui » (Idy & Sidy) en duo avec son vieux compagnon du groupe Sahel et père de l’afro-folk sénégalais Seydina Insa Wade. De retour au Sénégal en 1983, il forme avec ce dernier et le guitariste Omar Sow, Tabala, un trio afro-folk sénégalais où les guitares acoustiques, les percussions et la voix offrent une musique mélodique puisée dans les traditions du pays.

Sixun, le sextet de jazz-fusion

Revenu en France en 1984, Idrissa Diop accompagne aux buggers (percussions de la basse Casamance) Ray Lema puis participe à la tournée australienne du Hollandais Chris Hinze, un flûtiste de jazz ouvert aux rythmes africains. Il rejoint ensuite la bande Jéricho avec laquelle il tourne dans plusieurs pays d’Europe pour la libération de Fela Anikulapo Kuti alors en prison. La même année, Idrissa fonde avec Jean-Pierre Como (claviers – France), Paco Séry (batterie – Côte d’Ivoire), Louis Winsberg (guitare, synthé – France), Michel Alibo (basse – Antilles) et Alain Debiossat (sax – France), Sixun, un sextet qui s’illustre par son jazz-fusion, croisements de rythmes et mélodies afro-antillais, de jazz, de rock et de funk. Idrissa sera en 1986 du projet « Pygmées », intitulé de l’album qu’il a co-écrit avec Alain Debiossat, Jean-Pierre Como, Louis Winsberg, Michel Alibo et Paco Séry.

Misaal

En septembre 1985, Idrissa Diop fonde le groupe Gaïendé (« Lion » en wolof), en référence à l’emblème du Sénégal. La parution de son album « Misaal » est l’occasion pour le grand public de découvrir sa musique afro-jazz ou jazz-rock chanté en wolof (sa langue), en français ou en anglais et intégrant des rythmiques mbalax, funk ou salsa.

Couleurs, Color

Après une participation à la soirée de solidarité organisée par la ville de Montreuil en faveur de Yélimané (village déshérité du Mali), Idrissa Diop donne un concert avec son groupe au New Morning, à Paris, en févier 1986. Il réinvestit cette mythique salle française début 1987, avec un trio acoustique. Quelques mois plus tard, il participe avec son groupe Gaïendé au célèbre festival de Châteauvallon dans le Sud-Est de la France. L’année 1988 voit la sortie de son opus « Femme noire » dédié aux femmes en général. Artiste éclectique, Idrissa Diop affirme des tendances afro-cubain, afro-jazz et afro-funk dans son opus « Couleurs » où il dénonce le « xessal » (khessal), « la dépigmentation de la peau et de « l’âme » de certains Africains qui utilisent des produits cancérigènes pour éclaircir leur derme », comme il le définit. Idrissa Diop remixera en 2000 ce morceau sous l’intitulé « Color ».
Parallèlement à sa carrière solo, Idrissa Diop collabore avec divers artistes dans la capitale française, dont Claude Nougaro, Jacques Higelin, Bernard Lavilliers ou encore Yannick Noah.

Amoney, le virage électro

Refusant de se cantonner dans un créneau typiquement sénégalais, il s’entoure de musiciens d’horizons divers (français, antillais, mauricien, sud-africain…) pour l’enregistrement de « Rebelle » (1990), un disque afro-jazz /afro-funk dédié à « tous les hommes et toutes les femmes de cette terre qui n’ont plus envie de subir », confie-t-il. L’année 1992 voit la sortie de « Amoney », un maxi single signant un virage musical, décliné en trois versions électrodance (radio, wolof-beat-dub, club-mix), réalisés avec la complicité de Nicolas Skorsky (compositions, claviers). Suit en 1994, le disque éponyme, « Idrissa Diop », paru chez Musidisc.

Idrissa et Santana

Il faut attendre 1999 et la sortie de « Conscience collective », un opus plus ancré dans la tradition pour revoir Idrissa Diop sur scène. En 2003, Carlos Santana, l’une de ses idoles, le découvre en écoutant « Yakar » (“L’espoir” en wolof), un album qui mêle avec finesse rythmiques mbalax, sérères ou pulaar (peules) du Sénégal, ainsi que des sonorités latines et du funk. Quelques mois plus tard, le percussionniste sénégalais est aux côtés du célèbre guitariste américain au POPB, le Palais Omnisport de Paris Bercy, en France. En 2004, ils participent au Festival de Jazz de Montreux (Suisse), entourés d’artistes de renom, comme Angélique Kidjo, Chick Corea, Herbie Hancock, Barbara Morrisson, John McLaughlin, Salvador Santana, Patti Austin, Ravi Coltrane, Dennis Chambers, Andy Vargas, Myron Dove, Jeff Cressman, Bill Ortiz, Karl Perazzo, Raul Rekow, Benny Rietveld, Chester Thompson, Sylver Sharp, Sam Totah ou encore Steve Winwood… La même année, Idrissa et Santana sont au Concert pour la Paix aux côtés de grandes pointures de la scène américaine comme Wayne Shorter, Steve Winwood, Herbie Hancock, Chick Corea, Ravi Coltrane, John McLaughlin…

Cette collaboration avec les artistes américains et un séjour à Gorée au Sénégal (l’île d’où partirent des millions d’esclaves vers les Amériques et les Caraïbes), donnent à Idrissa Diop l’idée d’aller croiser ses mélodies et rythmes à ceux des musiciens africains-américains dont les sensibilités culturelles lui sont proches. C’est ainsi qu’il se rend la même année à Philadelphie (USA) pour enregistrer « Experience », un opus aux beats soul, funk, R&B, rap, salsa et reggae. On y retrouve les frères Tucker, Handel qui a collaboré avec The Fugees, Diana King, Nuttea (réalisation, arrangements, claviers, programmation) et Richard (guitare), Tracy Nelson et Don E. Beatbrokerz (prise de son) ou encore Yashar, El Feco B, Lady Ru aka Baobab Girl. Extrait du disque « Experience », le single « Universal » (sur le langage universel qu’est la musique et l’unité des peuples) est composé par Idrissa Diop, Maurice Wilcher, Joseph Stonestreet et Handel Tucker. C’est un croisement de « galayabé », rap traditionnel des Wolofs du Sénégal (Idrissa Diop), de rap espagnol (Vanessa Acosta) et de rap américain (Kufie The MC), avec des influences funk et africaines données par les sahouroubas et les buggers de Casamance. En mai 2008, Idrissa Diop est avec Carlos Santana et Narada Michael Walden pour l’enregistrement de « Historia (Fly High Be Free) », un album afro-cubainfunk de 16 titres, chanté en wolof, français, anglais et espagnol.

L’Empire des enfants

Très sensible aux problèmes des enfants des rues et des souffrances des Noirs qu’il a beaucoup chanté, comme dans “So ghetto” (sur la ségrégation en Afrique du Sud) ou “Océan” (sur l’immigration des jeunes Africains et les périls en mer), Idrissa Diop s’investit pleinement depuis plusieurs années en parrainant “L’Empire des enfants”, une association sénégalaise fondée en 2000 par Anta Mbow (récompensée à de multiples reprises pour son engagement) et Valérie Schlumberger. Leur siège est basée dans l’ex salle de cinéma Empire de la Gueule Tapée, un quartier de Dakar.

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Nago Seck

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