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“Né en 1955 à Douala, au Cameroun, Raymond Doumbé-Moulongo aka Raymond Doumbé est auteur-compositeur, arrangeur, interprète et bassiste expert basé à Paris, en France, depuis 1976, navigue entre jazz, free jazz, afro-jazz, latin jazz, jazz-fusion… Outre ses propres compositions, Raymond a posé ses lignes de basse sur diverses autres sonorités : makossa, bend skin, mangambeu, tchamassi, assiko, bikutsi, musique mandingue, des styles qu’il greffe par endroits dans ses compositions. Il a aussi collaboré avec de grands noms de la scène musicale : Salif Keïta, Mory Kanté, Ray Lema, Booby Few, Miriam Makeba, Hugh Masekela, Francesco Di Gregori, Archie Shepp, Pee Wee Ellis, Manu Dibango, et bien d’autres.”

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Un frère bassiste et une sœur chanteuse

Raymond Doumbé grandit aux sons de diverses musiques camerounaises, africaines et occidentales dans une famille nombreuse, dont un frère bassiste, Frédéric Doumbé aka Fred Doumbé installé à Los Angeles (Etats-Unis) et une sœur chanteuse basée à New York, Kaïssa Doumbé.

L’oncle Eboa Lotin

Son oncle, Eboa Lotin, est un auteur-compositeur, percussionniste, guitariste et chanteur très célèbre au Cameroun est l’un des premiers à intégrer la musique bafia et le folk dans le makossa.

Ses débuts

C’est au collège Alfred Saker à Douala que Raymond Doumbé commence à s’intéresser sérieusement à la musique. Lors d’une audition pour former un orchestre, il se présente et est engagé comme bassiste du groupe du collège. C’est ainsi qu’il participe à des battles entre collèges et lycées de la ville. Des expériences qui lui ont donné confiance en son jeu et permis d’aller se frotter à des musiciens professionnels dans les clubs afin de se perfectionner. Mais c’est auprès de son compatriote et excellent bassiste qu’il va apprendre les subtilités de la basse avant de débuter dans de petits groupes de rock.

Le jazz à Paris

Arrivé en 1976 à Paris, en France, pour des études d’histoire, Raymond commence à fréquenter le soir les clubs de la capitale française, notamment le Théâtre Dunois fréquenté par des musiciens de jazz, free jazz, afro-jazz, et toutes autres formes de jazz« Je préfère bien me placer dans ce que je joue, travailler les accords, les harmonies, bien groover, avoir un gros son, donner des couleurs et des phrasés plutôt que de faire des solos. »
Dans ce lieu alternatif, il fait la connaissance de nombreux musiciens qui, à la suite d’un jam session, l’encouragent et lui proposent de rejoindre comme bassiste Dominique Gaumont, ex-guitariste de Miles Davis, est en train de monter une formation. Une fois le groupe formé, ils investissent dans les années 1980 plusieurs lieux et clubs de Paris comme le Studio 105 de Radio France et le New Morning. En 2014, Raymond Doumbé glisse avec doigté ses lignes de basse dans l’album « Energy » de Dominique Gaumont.

Salif Keïta, Mory Kanté, Ray Lema

Après la disparition du leader Dominique Gaumont, Raymond Doumbé accompagne Salif Keïta, l’excellent et très populaire chanteur malien avec qui il tourne en France, en Allemagne, en Hollande, en Suisse… A la même période, il joue aussi dans le groupe de Mory Kanté, le joueur de kora électrique. Il travaille également Ray Lema, le musicien congolais auprès duquel il restera deux ans. Il posera aussi sa griffe sur les albums « Nâo » de la Sénégalaise Aminata Nar Fall, « Eyaye » du duo camerounais ESA (Stéphane Dayas et Martin Socko Moukoko) ou encore « Réunir » de l’Angolais Teta Lando qu’il accompagnera également sur scène.

Bobby Few : une expérience déterminante

Puis vient sa période Bobby Few, auteur-compositeur et pianiste américain de jazz et de blues vivant à Paris avec qui il collaborera durant dix ans. Une expérience déterminante pour la suite de sa carrière. Avec ce dernier, il joue donne de nombreux concerts dans plusieurs clubs parisiens, dont le Duc des Lombards qu’ils investissent pendant à plusieurs reprises. C’est en travaillant avec Bobby qu’il décide d’apprendre à lire la musique, ce qu’il n’avait pas pensé à faire jusque-là. « Le jazz est une musique qui demande une certaine rigueur en même temps qu’une liberté de jeu », confie l’artiste.
Raymond s’inscrit alors à l’American School Of Music de Paris où il apprend une autre façon d’aborder la musique. Il participera à l’enregistrement de deux albums de l’Américain : « Few And Far Between » en 1991 et « Let It Rain » en 2002.

Miriam Makeba

Alors que Raymond jouait un soir au Duc des Lombards, on lui propose d’accompagner à la basse Miriam Makeba, à l’époque exilée à Bruxelles, en Belgique, pour cause d’apartheid en Afrique du Sud. Après audition à Paris, il est engagé. Auprès de la diva sud-africaine, il s’enrichit professionnellement et sillonne le monde : Afrique, Europe, Japon, Australie, Canada… L’année 1994 les voit faire, avec le trompettiste Hugh Masekela comme directeur musical, une tournée de trois mois aux Etats-Unis, juste avant les élections présidentielles en Afrique du Sud qui allaient porter Nelson Mandela au pouvoir. A l’occasion de cette tournée dont il garde de merveilleux souvenirs (notamment le festival de jazz Hollywood Ball), Raymond rencontre de nombreux amis de Miriam Makeba lors de son séjour aux Etats-Unis dans les années 1960 : Dizzy Gillespie, Nina Simone, David Bowie. « J’ai beaucoup travaillé avec Hugh Masekela et j’ai participé à l’enregistrement de l’album « Homeland » de Miriam Makeba« .

Francesco Di Gregori

Au début des années 2000, Raymond et Mokhtar Samba (batterie) sont avec Francesco Di Gregori, un chanteur italien avec lequel ils ont tourné pendant trois mois dans toutes les grandes villes italiennes. Une expérience intéressante pour le bassiste camerounais, lui permettant d’apprendre la langue et la cuisine italiennes.

Cheikh Tidiane Fall Trio

En 2006, Raymond Doumbé est, avec la compositrice et pianiste française Carine Bonnefoy, de l’aventure du trio initié par l’auteur-compositeur, batteur, joueur de berimbau et percussionniste sénégalais Cheikh Tidiane Fall. Ce projet aboutit à l’enregistrement de l’album « Cheikh Tidiane Fall Trio », un mélange de jazz et rythmiques africaines.

Melting Point

Dans ces mêmes années, Raymond est du collectif afro-jazz Melting Point avec Philippe Monange au piano, Jon Handelsman au saxophone, David Lewis à la trompette, Rémy Kaprielan ou Etienne Brachet à la batterie, Pierre Chabrèle au trombone et Kania au chant. Le groupe donnera plusieurs concerts jusqu’en 2006 et sortira en 2009 un album éponyme, « Melting Point » comprenant « Hidden Paradise » et « Fela », un hommage à Fela Anikulapo Kuti. Pour cause de frictions entre certains membres, l’aventure de la formation sera éphémère. De cette expérience lui vient l’idée de faire sa propre musique.

Archie Shepp

En 2008, l’auteur-compositeur, interprète, saxophoniste, clarinettiste, pianiste de jazz et dramaturge américain, Archie Shepp, appelle Raymond Doumbé pour la formation d’un groupe rapjazz. Ils jouent alors en Allemagne, au Festival des Glace d’Ivry, dans la banlieue parisienne, à la Fondation Cartier à Paris et au Sibiu Jazz Festival en Roumanie. Il est ensuite sollicité par Pee Wee Ellis, saxophoniste, compositeur, arrangeur américain et ancien musicien de James Brown, alors installé en Angleterre.

Manu Dibango

En juin 2008, Raymond Doumbé reçoit un coup de fil d’un membre de l’orchestre Soul Makossa Gang de Manu Dibango qui lui propose de rejoindre en urgence le groupe. La tournée internationale, une cinquantaine de dates, devait commencer 5 jours plus tard. C’est ainsi qu’il intègre le groupe, participe au projet « Past Present Future » (2011) et y restera jusqu’à la disparition de Manu Dibango le 24 mars 2020 des suites du coronavirus (covid 19) à l’hôpital de Melun, en France.
« Pendant des années au Cameroun, j’avais appris à jouer de la basse sur la musique de Manu Dibango. Il y avait de très bons bassistes. Plus jeune, je m’imaginais à leur place. Avec Manu, j’ai beaucoup appris, surtout comment faire sonner et organiser la musique pour que ceux qui sont en face puissent l’apprécier. Il y avait un grand souci de précision et de cohérence. Avant sa disparition, Manu avait créé le concept de « Safari symphonique », une rencontre musicale entre l’Afrique et l’Europe, entre son orchestre et des orchestres philharmoniques. On a joué au Grand Rex à Paris, avec l’Orchestre Lamoureux en Normandie, avec l’Orchestre philharmonique de Lyon au Festival Jazz à Vienne (sud-est de la France) et à Montpellier avec l’Orchestre philharmonique de la ville. Ce fut le dernier concert qu’on a donné. Il aurait dû y en avoir d’autres… « Manu Dibango et Miriam Makeba m’ont beaucoup marqué. Ils ont pour moi emmené la musique africaine dans les sommets. »

Professeur de musique au CIM

Depuis le début des années 2000, Raymond Doumbé donne, parallèlement à sa carrière, des cours de « musiques afro-latines » au CIM (Centre d’Informations Musicales), première école de Jazz et Musiques Actuelles en France. Créée en 1976 dans le 18ème arrondissement de Paris (83 bis, rue Doudeauville), elle est actuellement située au 19 rue des Frigos (75013 Paris). Depuis sa création, le CIM a formé des milliers de musiciens professionnels français et étrangers tels que : M (Matthieu Chédid), Youn Sun Nah, Angélique Kidjo, Patrick Bruel, Emile Parisien, Magic Malik…

Hidden Paradise

Début 2021, Raymond Doumbé sort son premier album solo, « Hidden Paradise », un hymne à l’Afrique écrit, composé, arrangé et produit par ses soins, sauf le titre « To Aladji Ba Konté » (traditionnel). Cet opus est le fruit de son parcours, de ses diverses rencontres et de toutes ses influences, dont le jazz, le makossa et la salsa. « Entre les clubs de jazz et les tournées mondiales, le point commun reste la musique : comment on la travaille, comment on la compose, comment on la propose, comment on la joue avec les autres », dit en substance l’artiste.

Le premier titre « Africa Groovy » sur la solidarité, parlent de l’entraide des habitants d’un village africain dans les moments difficiles tout en gardant leurs secrets. « In The South » est une histoire d’amour qui n’aboutit pas parce que l’homme amoureux n’a pas de moyens financiers : de l’amour intéressé. « Mia » s’inspire de la musique sud-africaine évoquant la période de Nelson Mandela : « Ensemble, Blancs, Noirs, Indiens pourrons créer une nouvelle Afrique en paix ». « Song For Makeba » est un hommage à Mama Africa, Hugh Masekela avec qui l’artiste a joué pendant des années et qui l’a beaucoup marqué. « Rêveries » relate l’histoire d’un adolescent qui rêve d’un amour improbable. « Hidden Paradise » est un hymne à l’Afrique, à ses merveilleux paysages ; un rappel aux Africains qu’ils vivent dans un endroit merveilleux et qu’ils ignorent peut-être… un paradis volé.

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À propos de l'auteur

Nago Seck

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